Société / « Le présent omniprésent ? »
- barbaradelaroche
- 7 avr. 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 avr. 2020
Avant le confinement, il y avait le passé, le présent et le futur.
Depuis le confinement, le présent a pris une place prépondérante dans nos vies . La locution latine « carpe diem » n’a jamais été aussi palpable et ancré dans notre quotidien. Avant cela, lorsque nous sortions à l’envi « carpe diem », pour justifier tel acte ou telle parole, pour justifier une réaction ou pour cautionner notre position, c’était presque comme une allusion convenue, un réflexe oratoire. Une phrase « toute faite »... mais un brin abstraite ! Et très rarement une référence directe et sincère au poème d’Horace d’où est extraite la locution latine : carpe diem quam minimum credula postero (cueille le jour présent sans te soucier du lendemain), ou même encore une référence cinématographique au « Cercle des poètes disparus » où le jeune héros préfère sacrifier sa vie en restant intègre plutôt que de se soumettre à l’autorité paternelle. Bref, une référence certaine qui communément prône de vivre l’instant présent.
Mais voilà qu’à l’heure du confinement, le sens même de l’instant, de la vie, du présent, prennent une autre tournure. Une tournure beaucoup plus profonde. Plus authentique et qui retentit tellement avec ce que la France traverse depuis quelques mois... Cet arrêt du temps. Ce temps suspendu. Cette attente jour après jour de pouvoir reprendre le cours de nos vies... et d’en finir enfin avec ce virus contre qui nous livrons cette guerre.
Alors oui le présent devient omniprésent car c’est lui qui nous tient en haleine. C’est lui qui nous permet de garder la mesure du temps. C’est lui qui jour après jour nous permet de ressentir la vie, le rythme de la vie qui nous échappait parfois. C’est lui qui a repris le dessus sur le monde puisque de lui, dépend l’avenir... Il a le pouvoir unique de faire naître, à chaque jour nouveau, l’espoir ou au contraire de le défaire, le soir venu. De ce présent nous sommes dépendants. De ce que le présent nous offre, nous dépendons. De ce que le présent nous donne, nous dépendons. Ainsi, nous voilà tous aux aguets du présent : le traquant, le scrutant, espérant de lui tellement... tellement ! Espérant de vivre enfin l’instant, le moment de la fin du confinement, de la victoire humaine contre ce virus. Enfin libérés de ce présent omniprésent, peut-être même un peu trop présent ces derniers temps. Enfin libres de reprendre le cours de nos vies au présent simplement...
Mais avec au fond de nous cette conscience nouvelle d’être pour toujours tatoués par la fragilité de ce présent. Un présent qui peut, du jour au lendemain, se figer. Alors oui, l’emploi de la locution latine « carpe diem » n’aura plus jamais un sens futile... elle aura désormais tout son sens orignel pour celui ou celle qui aura connu ce confinement forcé : « profiter du temps présent ».
Oui, profiter du temps pleinement présent. Avec cette conscience inoubliable d’avoir vécu un présent à part : coincé entre le « passé récent » et « le futur proche ».

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