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  • barbaradelaroche

Maminute.com / « Un jour je serai… mère au foyer ? »



Mère au foyer ne connaît pas la crise. Ni la crise du chômage. Ni la crise de l’emploi. Et encore moins les 35h ou les 39h. Et ne parlons pas des heures supplémentaires ou des nuits blanches, c’est TTC. Non, Mère au foyer c’est un plein temps qui reste abscons, dont on ne parle pas, dont on ne vante pas les talents pour le faire, ni les qualités requises et encore moins les difficultés pour garder son job qui n’en est pas un puisqu’aujourd’hui mère au foyer n’a pas de statut. C’est juste une réalité classée par l’Insee dans la catégorie des « inactifs » . Et pour cause, ce statut de mère au foyer reste celui associé d’abord à la condition de la femme des années 50 dite « femme au foyer » qui n’avait d’autres choix ou aspirations que de s’occuper de la maison et de l’éducation des enfants dans le silence et sans espérer un quelconque affranchissement. Non car l’homme, lui, travaillait et s’occupait de faire vivre sa famille et de subvenir aux besoins quotidiens. Et puis économiquement cela suffisait. La femme au foyer, elle, abattait comparativement un travail silencieux mais réel avec bien souvent des heures supplémentaires et jamais rémunérés. Rappelons d’ailleurs que les machines à laver, lave-vaisselle et consors ne sont arrivés que bien plus tard, dans les années 60. Le lave-vaisselle automatique, avec projection d'eau chaude, « sauve » la maîtresse de maison avec son apparition dans les années 1960. C'est la marque Miele qui, la première, s'implante sur ce marché avec son modèle G10 à chargement frontal. Mais l'acquisition d'un tel appareil est réservée à une minorité de foyers. En attendant, certaines ont les moyens. D’autres non. Mais le résultat est le même. Femme au foyer, c’est du boulot. Puis, ce statut a évolué avec les années. En matière d'indépendance financière des femmes, s'il y a une date à retenir, c'est bien le 13 juillet 1965. Ce jour-là, le Parlement vote une loi autorisant les femmes à ouvrir un compte bancaire en leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari. Ainsi, nous y voilà, la femme s’affranchit et commence à travailler. Elle a acquis son indépendance financière, mais en travaillant se pose une question de taille toujours très discrète dans le débat public : comment fait-elle pour faire tourner la maison et s’occuper de l’éducation des enfants ? Le mari, lui, continue de travailler sur sa lancée mais pas question de réduire la voilure. La femme souhaite travailler, soit, mais il ne s’agit pas de trop déranger le train-train quotidien. Alors la femme au foyer va empiler les tâches et créer son avatar bien avant Mark Zuckerberg et sa Metaverse ! Elle va être partout dans plusieurs endroits : elle va être working girl mais gérera de loin les devoirs des enfants, la nounou qui les récupérera, la femme de ménage - ou pas- qui vient en renfort, les machines à laver qui attendent de tourner tous les soirs, le repassage qui s’amoncelle, les courses du quotidien, les repas, les menus. Et puis est venu le temps de l’homme qui est devenu aussi père au foyer. Une mini révolution ! Les joies de la paternité, la gestion de la maison et un certain sens du sacrifice en mettant sa carrière entre parenthèses pour celle de sa femme aux grandes responsabilités professionnelles. En 1975, lorsqu'un membre d'un couple mixte ne travaillait pas, il s'agissait dans 98 % des cas de la femme. En 2002, cette proportion tombe à 88 %. Certes, rien de transcendant dans les faits mais des petits pas pour l’humanité qui montreront qu’en 1989, seuls 10% des parents qui ont choisi de rester à la maison sont des hommes, contre 16% en 2012. Soit quatre fois plus (source Insee). Belle avancée. Beau sacrifice applaudi par le grand public mais avec cette sensation latente que l’homme ne se sentait pas vraiment pour autant très à l’aise avec ce statut de l’homme moderne au foyer : tâches ménagères au quotidien, couches, récurer la vaisselle, ménage, aspirateur… ça chatouille et ça gratouille du côté de la virilité qui en prend un sérieux coup dans la figure.


Alors la femme a repris discrètement son éternel costume de Wonder Woman : elle a endossé de nouveau le rôle de mère au foyer, s’est sacrifiée et s’est réinventée. Les prémices du télétravail étaient déjà là dans les années 2010. Selon l’Insee en 2013, 8 femmes sur 10 mère au foyer ont eu un emploi par le passé ! Oui ces femmes actives sont officiellement devenues des inactives aux yeux de la société parce que n’exerçant plus de métier… Et tenir une maison d’un point de vue administratif, éducatif et logistique, ce n’est pas un job ? Cette femme au foyer des temps modernes s’est reconvertie dans des métiers proches d’elle, de son univers, de son semainier. C’est l’avènement des métiers dits pratico-pratiques, nés du quotidien, avec les prémices des premiers blogs où l’on partage son expérience et ses solutions autour de thématiques très féminines comme l’enfant à tous les âges, les bobos, le baby blues, la vie de couple à préserver, entretenir son corps, le tourisme en famille, les économies intelligentes, les bons plats toujours « maison » mais rapides, les bons plans… bref, le Système D, une des premières communautés en tant que telle ! La femme a donc pris son destin en main, celui de l’indépendance avec de nouveaux codes qui donneront naissance à l’auto-entreprise tout en gérant d’une main de velours la maison et son infrastructure interne. Comme une véritable chef d’entreprise mais avec le cœur en plus. En devenant parfois des chefs d’entreprise mais mère au foyer, cette fois par conviction, par envie, par choix profond. Et ce pour cause de famille « standard » (2 adultes 2 enfants) et non plus de famille nombreuse ! Effectivement, faire des enfants pour ne pas les voir grandir, à quoi cela sert-il ? Alors la femme a osé changer son destin. Elle s’est affirmée, a claqué la porte des grosses entreprises aussi performantes que cruelles en termes de plafond de verre, qui ont mis des décennies à comprendre que la salariée performante devenue maman, n’était pas d’un coup moins « bancable ». Mieux : que sa sensibilité naturelle pouvait être exploitée et un atout pour l’entreprise… Alléluia ! Et c’est cette femme-là précisément qui s’est réinventée, qui a fait exploser le mur de verre, qui a defoncé les à priori, qui s’est organisée pour que ses enfants grandissent entre ses bras et non celles d’inconnues et qui n’a pas eu peur d’être une femme et aussi une maman libérée : être mère au foyer oui mais pas pour autant inutile à la société ! Comment ? En reprenant des études en parallèle, en faisant des formations pour apprendre un nouveau métier. Et que dire de l’explosion des divorces ces dernières années qui a souligné une évidence toujours tue dans la sphère publique : le père divorcé, KO, se retrouvant livré à lui-même et surtout à ses enfants sans aucun mode d’emploi. C’est « le bug » : comment gère-t-on les activités des enfants, les lessives, les devoirs, les rdv chez le pédiatre, les réunions de parents, etc. Un remake de « Madame Doubtfire » pour le burlesque mais sans le déguisement en Iphigenie interprété par le génial Robin Williams et l’adaptation cinématographique du roman d’Anne Fine publié en 1987 « Quand papa était femme de ménage ». Une traversée du désert ou un parcours initiatique.



La suite ? Vous la connaissez car avec la pandémie, c’est grâce aussi à ce socle naturel et cette expertise de « mère au foyer » que les familles ont pu affronter la tempête du confinement, se recentrer sur les valeurs essentielles, celles que la femme, elle, n’a jamais mis entre parenthèses à savoir l’amour d’un foyer, l’intendance d’une maison, la bienveillance quels que soient les aléas de la vie. Car disons-le sans langue de bois : la femme, même quand elle a un job intense comme l’homme - CDI, CDD ou missions - a néanmoins toujours son habit de mère au foyer sous son costume. Sous sa robe. Sous son jean-pull qui ne la quitte jamais. Tout en gardant ses dessous sexy pour rester LA femme que Monsieur a épousée. Alors si une prochaine ou un prochain Président pouvait s’intéresser à reconnaître cette réalité majeure de « mère au foyer » comme véritable job, ce serait vraiment courageux et résolument responsable. Vous vous rappelez de la série « Fais pas ci, fais pas ça » avec Valérie Bonneton alias Fabienne Lepic mère au foyer qui s’affranchit de son statut et devient une adjointe au maire culte et iconoclaste. La série française a fait des cartons d’audience. Et ça n’a pas interpellé un seul politique ? Dommage ! Aujourd’hui, nous faisons plusieurs jobs, nous menons parfois plusieurs missions en même temps tout en étant reconnues, alors autant reconnaître une fois pour toutes que « mère au foyer » est un métier qui demande une certaine maîtrise de plusieurs postes de pilotage, de la ressource sans discontinue avec un cahier des charges nécessitant autant de qualités humaines que managériales. Enfin bref, qui a tout pour être considéré par la société comme métier à part entière pour enfin ne plus être réduit par l’Insee à la triste catégorie des « inactifs » ! Hallucinant, non ? Alors plutôt qu’un revenu universel qui fait débat régulièrement, si on pensait « bon sens » avec un revenu mérité et déclaré de « mère ou père au foyer » ? Je vote pour !


Barbara Delaroche



Crédits photos : georgiafamily.com, L’ADN

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