« Route des vacances
Qui traverse la Bourgogne et la Provence
Qui fait d'Paris un petit faubourg d'Valence
Et la banlieue d'Saint-Paul-de-Vence
Le ciel d'été
Remplit nos cœurs d'sa lucidité
Chasse les aigreurs et les acidités
Qui font l'malheur des grandes cités
Tout excités
On chante, on fête
Les oliviers sont bleus ma petite Lisette
L’amour joyeux est là qui fait risette
On est heureux Nationale sept »… chantait Charles Trenet en 1955 ! Je n’étais pas née mais j’aime cette chanson qui fleurait bon la nostalgie, la joie et l’insouciance… Une Route du bonheur appelée Nationale 7 qui a marqué des générations de vacanciers.Jamais il ne m’est arrivée d’y repenser de cette façon comme aujourd’hui, à savoir avec un soupçon de désespoir ! Qu’avons-nous fait de nos routes pour ne pas avoir la chance d’éprouver à l’orée ou à l’aube de l’été un peu de cette innocence, de ces plaisirs simples et démodés ?!
Rouler sur la route des vacances en 2022 est disons-le, un calvaire. Un enfer. Tout n’était pas mieux avant mais autant dire que la claque de la nostalgie est réelle et à chaque kilomètre et partout en France. De mes pérégrinations en voiture durant l’été je ne peux hélas fredonner aucun doux air d’insouciance de la sorte !
Du sud au nord, que ce soit en passant par Paris, Bordeaux, Tours, Poitiers, Toulouse, Biarritz, Bayonne, La Baule, Saint Malo…les routes de France sont un véritable jeu de plots, vous savez ces cônes de chantiers rayés orange et blanc qui annoncent et préviennent d’un chantier. Mais JAMAIS je n’ai vu un ouvrier travailler sur ledit chantier. J’ai vu des routes d’été débordant de gaz d’échappement. J’ai vu des routes d’été rétrécies au maximum en juillet et en août, en semaine, veille de week-end et surtout en plein week-end, là où le trafic est le plus dense. Mais où se cachent les ouvriers ? Pas vu. Où sont les avancées ? Pas vu ! Pourquoi les voies sont-elles fermées ? Où sont les travailleurs de jour qui alternent avec ceux de nuit pour optimiser le chantier et la praticabilité des chaussées ? Pas vu ! Où sont les pelleteuses qui d’arrache pied travaillent à creuser le bitume ? Pas vu ! Rien, pas un ouvrier sur toutes ces autoroutes. Non, vous avez bien entendu : pas vu un seul homme sur le terrain ! Par contre j’ai vu des panneaux ubuesques « travaux d’élargissement du 11/07 au 16/09 », j’ai vu des embouteillages hallucinants : pas à cause des voitures, mais à cause de pseudos travaux qui sur de très nombreux kilomètres dégoulinent de plots posés à la queueleuleu.
J’ai vu des 33 tonnes se doubler entre eux, voie de droite; j’ai vu des caravanes faire des queues de poisson aux voitures; j’ai vu des voitures s’arrêter sur la bas côté avec le capot qui fume… j’ai vu surtout des paysages et des plots ! Des plots mais pas d’ouvriers. Des herbes sauvages pousser sur le bitume des autoroutes, le long des plots comme si ici aucune âme d’ouvrier n’y venait ni vivait.. J’ai vu des voyages devenues des croisades, des petites virées tourner au cauchemar… la faute à qui ? À nos petits plots bien sûr qui ne bougent pas de l’été. J’ai vu des péages se gorger de cartes bleues mais pas de routes en chantier avancer. J’ai vu des routes sales, j’ai vu beaucoup d’autoroutes à deux voies et beaucoup d’effets d’annonces : « bientôt ici la route sera sur 4 voies ». En attendant, que nenni. Pas d’avancée de tous ces projets de voirie qui ont ruiné les routes de l’été. Non je ne crois pas que les vacanciers aient été vraiment à l’origine de tous ce maelström. Non je crois que notre cher bison futé qui a annoncé sans cesse des chassés-croisés très denses durant l’été, des allers puis des retours classés rouge sur les routes… ont oublié une information hautement majeure : quel que soit votre trajet durant ces deux mois estivaux chargés, n’oubliez pas que quelques responsables des travaux sur nos belles étapes de France ont décidé de mettre le bon sens dans la benne, l’intelligence dans le mortier, et la réflexion au caterpillar ! Parce que d’avoir décidé pleinement de mettre partout, sur les routes de France, des plots qui condamnent des voies en vue de prochaines plus larges telles des chimères avec tous ces chantiers désespérément à l’arrêt, non seulement ça fait penser à Nationale 7 de Charles Trenet que nous ne connaîtrons jamais mais en plus ça pousse à prendre direct la prochaine fois un billet d’avion ! Alors reviens Nationale 7 ou sinon Ciao l’auto !
Barbara Delaroche