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  • barbaradelaroche

Maminute.com / « Qui suis-je (vraiment) ? »

Dernière mise à jour : 12 mai


Comme dit le proverbe « l’expérience est une lanterne qui n’éclaire que soi ».  Je préfère mon incompétence et ma tour d’ivoire. Je suis un homme. Je ne suis pas très grand mais dans la norme. J’ai la quarantaine rugissante. Je suis marié mais je n’ai pas d’enfants. Je n’ai pas non plus de petits enfants mais je suis beau-père de jeunes adultes. Je n’ai pas à assumer une famille au sens littéral du terme. J’ai surtout des obligations de manière générale. Beaucoup de personnes travaillent pour moi. J’ai même une cohorte d’exécutants sous mes ordres. J’en use et abuse. Ces personnes n’ont pas vocation à me faire partager leurs expériences mais elles le pourraient car je manque de bon sens et je ne suis pas un bon manager. Toujours ce parallèle avec ce Pompidou qui revient en force malgré sa disparition il y a un demi-siècle. Pourquoi dit-on de lui qu’il était visionnaire, emprunt  de bon sens ? J’aime rendre (beaucoup trop ?) hommage mais ça s’arrête là. D’ailleurs, ai-je vraiment moi aussi une patrie dont je suis fière ? Mais oui bien sûr l’Europe ! J’ai écrit un seul livre - « Révolution » drôle non ?- mais il n’a pas marqué. On me reproche de n’avoir pas non plus de cap. Est-ce parce qu’encore une fois je n’ai pas d’enfants ? Qui sait, je manque d’envergure et de projection. Avoir un enfant ça apprend, paraît-il, à prévoir, à anticiper, et ça fait beaucoup mûrir. Ca empêche d’être égoïste, et ça rend meilleur. Je préfère faire fuiter des images de moi un brin équivoques. Je ne suis toujours pas père, mais j’ai décidé de fliquer non pas les délinquants mais les jeunes qui ont déjà nombre de défis : études, avenir, job, logement, fiançailles, planète menacée … tiens, si je leur rajoutais un test de fertilité ? C’est vrai, j’ai décidé de passer au crible spermatozoides et ovules. Pas très populaire. J’aurais peut-être dû m’occuper des perturbateurs endocriniens qui pullulent dans les fast foods ?  Quant aux parents déjà parents, mais séparés, j’ai lancé l’idée dans le magazine Elle (pour faire passer la pilule ?) du « devoir de visite ». Et ce, afin d’obliger le père à avoir « non plus seulement un droit mais un devoir de visite, un devoir de suivi, d'éducation, de poursuite du projet parental au-delà du couple ». Elle est pas belle la vie ? Et que dire de l’école ?! On m’attendait sur une nomination solide. J’ai mis une abonnée absente, ça fait tâche devant les profs et les élèves ! Elle est à des années lumière de la réalité publique ou privée. Pourtant, l’éducation nationale est en désespérance, et a tellement changé. Elle a besoin d’un Hérault ! Le programme scolaire est désastreux, les niveaux et les salaires trop bas, l’incivisme légion, l’irrespect omniprésent… bref comment parler d’éducation quand on ne fait rien pour la retenir ?!! Ainsi, nous sommes sûrs de passer à côté de futures pépites, pas matheux, parfois même moyens et qui seront qui sait, les prochains Flaubert, Churchill, Malraux, même Spielberg, Walt Disney (eux, des élèves pourtant médiocres !)!! Et que dire du reste ?Plus de dictée pour éprouver le b.a.ba : maîtriser notre belle langue. Non, je préfère inventer et baptiser des lieux dédiés comme la cité internationale de la langue Française… ah l’international plutôt que le national !  Le français, le siècle des lumières, les romantiques, le naturalisme, le classicisme se meurent…. Tout est devenu secondaire, sauf les mathématiques ! Qu’importe l’oralité, l’enrichissement de vocabulaire, la réflexion, l’argumentation... cosinus, sinus, fonctions affines, Pythagore, Thalès méritent tous les ors et font mordre aux autres matières la poussière comme Don Quichotte ! Tiens, on ne l’étudie plus non plus ce Cervantes. Et que dire de l’intelligence artificielle… ne dites rien mais je crois que tous les élèves en usent et abusent et que l’on n’y voit que du feu. À part une poignée de parents qui éduquent envers et contre tout leurs enfants pour qu’ils s’élèvent par eux-mêmes, loin des écrans. Ils ne sont pas si bêtes ces parents. Il faudrait que je m’en inspire !

Vous me direz : faut-il être forcément parent pour comprendre l’éducation nationale ? Faut-il avoir des enfants pour être au fait ? Que dirait-on d’un sommelier qui conseillerait un rouge avec du poisson ? D’un patron qui ne connaîtrait rien à la boîte qu’il gère ? Accepte-t-on de recevoir une leçon d’une personne qui ne connaisse rien au job ? Accepte-on qu’un pâtissier qu’il ne sache pas faire un gâteau ni une pâtisserie ? Qu’un banquier ne sache pas compter ? Et lorsque ça arrive, tout le monde est vent debout pour dénoncer l’incurie  ! Et crier au scandale !

Moi j’enchaîne les (mauvaises) décisions. Je m’immisce partout sauf là où l’on m’attend. J’ai exhorté un temps, à ceux qui n’avaient pas de boulot, de traverser la rue pour en trouver. J’ai abandonné l’idée, pourtant peut-être que j’avais là une bonne idée ! Fichtre ! Aujourd’hui c’est la crise pour recruter, entre les congés, le télétravail et ma dernière idée de semaine de 4 jours, les patrons semblent sur les nerfs  ! Ah la crise… ils n’ont que ce mot. Crise de l’insécurité, déserts médicaux, crise sociale, crise immobilière. À ce titre, je ne suis pas non plus propriétaire. Il paraît que c’est l’enfer pour acheter avec ces taux d’intérêt. J’ai revendu mon unique appartement de 83 mètres carrés à Paris il y a quelques années J’ai un crédit immobilier mais je ne suis pas inquiet pour le rembourser moi. De ce fait, j’ai remplacé l’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) par l’IFI (impôt sur la fortune immobilière), ça touche plus de monde.

Je dis souvent que je n’augmenterais pas les impôts, que je comprends la France qui travaille et se lève tôt  mais sous ma présidence les taxes s’envolent vers le haut. On parle de crise générationnelle, civilisationnelle, d’inflation, du pouvoir d’achat en berne, et cerise sur le gâteau de dette publique (record tristement inégalé) moi je ne retiens que la start Up nation et les chèques à tout va (le cordonnier, la réparation de trous sur les vêtements… c’est la tannée pour les commerçants côté paperasse mais qu’importe, je ne connais pas non plus cette réalité de vue). Le reste, c’est-à-dire une vie meilleure, la sécurité à tout prix, la souveraineté non négociable pour un pays indépendant, l’économie de marché dopée, des diplômes qui ont une valeur, des études qui garantissent un job, des agriculteurs heureux, des patrons allégés de charges, des cerveaux qui ne fuient pas la France… bref la méritocratie  dans tous les sens du terme, je ne connais pas et j’ai tout détruit. Il paraît que pour calmer le peuple, il faut des jeux ! Même cela, je n’ai pas réussi. Les parisiens sont désabusés, et le comble, j’ai préféré donner les clefs à des figures qui divisent la France ou qui la parlent à moitié. Qu’importe, je suis comme Néron isolé devant mon pays qui brûle. Pourvu que la léthargie, la complaisance et la mauvaise discipline - qui ont participé à la chute de Rome, de son Empire - qui frappent à nos portes en France, ne me réservent pas le même sort… Qui serais-je alors !?

Barbara Delaroche

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