ELLE, mythique, iconique, au rendez-vous chaque semaine sous votre paillasson ou en kiosque depuis toujours… semble avoir perdu de sa superbe. Où va ELLE ? Générationnelle, ELLE l’a toujours été (notamment avec ses déclinaisons Elle green, Elle zen) avant-gardiste, souvent aussi. Mais terne, convenue, et ennuyeuse … jamais !
Flashback. Le 21 novembre 1945, c’est la première couverture de ELLE avec Yolande Bloin, la cover-girl à succès de l'époque. Celle de cette semaine, 8 avril 2024, c’est Victoria Beckham (ex Spice girls des année 90) aujourd’hui icône de la mode avec sa ligne de vêtements VB. Entre temps, que de stars en Une depuis plus de soixante dix ans ! C’est l’éternelle surprise du lundi. Qui fera la couverture ? De quoi parle-t-on en ce moment ? Qui fait parler d’ELLE(s) ?
Avec ELLE, des plumes de talent ont émergé et révolutionné la façon de parler aux femmes : direct mais toujours bienveillant, franc mais jamais sermonnant, glamour, chic mais jamais bling bling et un brin avant-gardiste !
Évidemment sa créatrice, Hélène Gordon Lazareff était une femme de trempe. Après des débuts chez Paris-Soir (titre fondé par le brillant journaliste Pierre Lazreff, qui devint son mari), puis à des passages dans des magazines américains et mythiques, comme le New-York Times ou chez Harper’s Bazar, à la rubrique mode, elle lance un magazine qui parle aux femmes et fait par des femmes. Hélène Lazareff précise qu'elle souhaite alors « faire un journal de mode, mais pas seulement. Un journal moderne. Pratique. Avec des photos. Donc des photographes. […] Un journal qui s’adresse à toutes les femmes. Et qui soit cependant sophistiqué ».
Mais pas un magazine féministe. Un magazine simplement libre où des femmes (et non des hommes) parlent enfin de sujets féminins. Qui mieux qu’ELLE pour leur parler ?! Parmi les grandes plumes, citons Simone de Beauvoir, Marguerite Duras et même Françoise Sagan. ! Un féminisme un brin caché quand même ?! Longtemps ELLE a été LA référence, LE modèle du magazine féminin, copié mais jamais égalé. « Tu as lu le dernier ELLE ? » Voilà ce que l’on se disait entre filles, entre femmes. « Tu as vu la couv’ magnifique de Emmanuelle Béart ? Le spécial été ? Le spécial maillots ? Le spécial Noël ? Le dernier resto conseillé par ELLE ? ELLE, elle, elle il n’y en a que pour elle.
Mais aujourd’hui à qui parle ELLE ? Je ne sais pas vraiment. Aux adolescentes ? Aux adulescentes ? Je ne sais plus. Il y a tout et rien. Rien et tout, ELLE semble avoir un peu perdu d’elles. Les femmes qui le lisent s’y reconnaissent elles ?
Ton condescendant , histoire récurrente sur l’homosexualité, plus de grandes plumes à lire, papier « cheap » qui se détache dès les premiers feuilletages, thèmes qui frôlent le wokisme... ELLE reveille-toi ! Où sont passés tes dossiers de l’été aux produits renversants, où sont passés tes « supers adresses » , tes chroniques et édito hilarants à lire ? Parfois tes pages Livre, ta page Style ou ta Une nous interpellent mais plus de coups de cœur, de scoops dont tu as le secret, plus de « tu me le passes !? » entre filles. Seules tes pubs n’ont jamais changé et ont toujours attiré les plus belles marques mais hélas, tu deviens un catalogue ennuyant comme une chaîne TV américaine avec une pub incessante et dévorante ?
ELLE… tu es certes une grande et belle dame mais ne crois pas que pour rester « jeune et dans le coup », il faille vendre son âme en devenant insipide, fade, ennuyante, esclave de la mode (moche), transgressive, idéologique parce que là tu frôles le ridicule en voulant être « djeune » voire « iel ». Une lectrice qui t’a toujours admirée.
Barbara Delaroche