Maminute.com : « MoMa… j’ai failli rater le musée à New-York ! »

À New-York, dans le quartier de Midtown à Manhattan, sur la 53e rue, se trouve

Le Museum of Modern Art, connu sous l'acronyme MoMA. Véritable institution ! Inauguré en 1929, ce musée est le temple dédié à l’art moderne et contemporain américain et européen. Alors comment ne pas aller le visiter quand on se trouve là-bas ? Oui mais voilà aujourd’hui qui dit musée, dit danger ! Mais aussi paranoïa. Peur. Sécurité maximale. Suspicion. Contre qui ? Les militants et activiste écolos très médiatiques depuis une dizaine d'années. Donc compréhensible... mais à quel point ? Où commencent et où s'arrêtent les précautions à prendre au préalable ? Ces illuminés peuvent se cacher en chacun de nous ! C'est-à-dire aussi chez mes enfants adorables ? Chez mon mari ? Chez moi ? Bref, de touristes curieux de l'art, nous passons d'emblée à touristes passibles de sanctions et suspects potentiels ! Car à peine passés le premier cap des contrôles devant le musée que nous sommes mis de côté : « please get out your bottle ! No food too ! ». Nous sommes nombreux dans ce cas. Encore surpris de ce refus, nous buvons d'un trait pour ne pas gâcher l’eau (oui, un musée qui s’étend sur 11 609m2, demande forcément d'avoir un peu d'eau !). Tout en buvant et en ayant le ventre qui se gonfle (car boire autant quand il fait zéro dehors, n’est pas une envie absolue) je pense avec stupéfaction que ces vigiles nous prennent donc pour de potentiels activistes ecolos. Et que dire de nos pains au chocolat achetés quelques minutes avant pour l'après musée ? Car là-bas, tout est cher (4 euros 50 la viennoiserie !), mais surtout avec plus de 8 millions de bouches à nourrir, tout part vite ! Mais de là à penser que nous pouvons potentiellement gâcher ces viennoiseries en les écrasant sur une œuvre d'art de ce musée... cela me sidère ! Quant à ma bouteille d’eau, l'idée dingue d'asperger ici et là l’autoportrait de Frida Kahlo, ou "La jeune fille qui se noie" de Roy Lichtenstein, ou "Le chant d'amour" de Giogio Chirico|, ou "La canette de soupe de Campbell" d’Andy Warhol… ? J'en perds mes mots. Au secours ! MoMA je vais rater le musée ! Jackson Pollock, Mark Rothko, Yayoi Kusama, Japer Johns, Robert Rauschenberg, Picasso, René Magritte, Joan Miró et j’en passe, attendez-moi et n'ayez pas peur ?! Voyons, moi je ressemblerai à celles et ceux qui ont sali "Les Tournesols" de Van Gogh au Royaume-Uni et "Les Meules" de Claude Monet en Allemagne ? Je ressemblerai à celles et ceux qui se sont attaqués à "La Jeune Fille à la Perle" de Vermer dans un musée néerlandais ? Mon mari pourrait être l'homme qui a comparu devant la justice pour avoir lacéré un tableau de Picasso - nommé « Buste de femme »- exposé à la galerie Tate Modern de Londres ? Moi ou les enfants pourrions être ceux et celles qui ont écrasé il y a quelques mois une tarte à la crème sur la vitre blindée de la Joconde au Musée du Louvre ? Ou encore cette visiteuse russe du Louvre qui avait été interpellée après avoir lancé une tasse de thé vide en direction de l'œuvre ?. Non, non et non, nous pratiquons le respect et le bons sens.

Et alors pourquoi ne pas avoir pris mon rouge à lèvres ? Tout est danger ! La preuve en juillet 2007, une jeune femme de nationalité cambodgienne, Rindy Sam, avait laissé volontairement la trace de son rouge à lèvres sur une toile blanche immaculée de Cy Twombly exposée à Avignon. Le peintre américain s'était dit "horrifié" par un tel acte.

Tristesse de l’art qui est réduit à se méfier de ses aficionados. Quelle expérience navrante à voir pour mes enfants dont la première expérience sensorielle avec ce musée aura été de voir leur parents se hâter de boire puis de jeter l’eau parterre (autre image forte !) pour pouvoir rentrer au musée ! Heureusement que l’humour et l’auto-dérision (autres formes majeures de l’art) hautement pratiqués sur l’instant, ont rendu le moment presque aussi drôle qu’un Charlie Chaplin vissant à l’infini ses écrous dans « les temps modernes » ! L’on dit que pour recevoir l’art, il faut être prêt émotionnellement. Nous, nous l’étions mais dans d’autres termes… plutôt déboussolés et à cran que zen.

Heureusement, dès les premiers pas à l’intérieur, notre être est imperceptiblement attiré par une musique type lounge, comme hypnotique, captivante, enivrante avec au fond sur un pan de mur entier, un écran géant qui, via un logiciel hautement dernière génération, offre à la vue une expérience unique et animée. Via un logiciel ultra performant qui a intégré toutes les couleurs des 150 000 peintures, dessins, photographies, gravures du MoMa, nous découvrons cette explosion de couleurs qui se meuvent, se mélangent et se re-mélangent à l’infini sous nos yeux ébahis. Ce qui, heureusement, absorbe d’un coup d’un seul, les tensions d’un dehors flippant, stressant, menaçant au nom du bien-être de la Terre sous embargo, pour nous inviter dans un autre monde. Celui de l’art dans toute sa magie.

Barbara Delaroche