Pas facile de renoncer à un film qui vous a transporté et qui vous laisse…sur votre faim ou fin. Surtout quand elle est inattendue ou littéralement surprenante ! En tous les cas, elle n’est pas celle que vous espériez ou dont vous rêviez. C’est ce que l’on appelle une fin contrariée. Le 7e art est ainsi fait qu’il fait son cinéma comme il l’entend : il vous happe, vous interpelle, vous effraie, vous étonne, vous fait rire, vous arrache des larmes, vous émeut, vous illumine, vous déçoit, vous laisse de marbre mais ne vous laisse jamais de marbre du début jusqu’à la fin ! Que d’émotions diverses et ressenties ! On peut détester le début et adorer la fin. On peut adorer le début et haïr la fin. On peut aimer du début jusqu’à la fin un film mais la fin… c’est ce qu’il vous reste quand vous êtes sur votre fauteuil rouge et que la lumière se rallume. C’est la dernière image que vos yeux et votre mémoire sensorielle emmènent avec vous dehors, au-delà de l’histoire. Ce n’est pas rien une fin.
Certes, l’histoire appartient toujours au réalisateur. Mais c’est le spectateur
qui décide d’y croire ou pas. Qui fait le
succès ou pas du film. Ainsi, on peut adorer un film et ne se faire à la fin… À l’image de Denys - alias Robert Redford- qui ne reviendra jamais dans la merveilleuse ferme africaine de Lord Belfied (Meryl Streep)
dans le cultissime « Out of Africa », tiré du livre de Karen Blixen et réalisé par Sydney Pollack. À l’image encore de Sebastian Wilder (interprété par Ryan Gosling) qui rate l’avant-première de Mia (Emma Stone) sur scène, et qui plonge la fin de « La La Land » de Damien Chazelle dans un débat entre les pour et les contre de « cette » fin. Et il y en a tellement de films aux fins passées à la loupe !
Pourquoi certaines fins sont plus dures que d’autres à accepter ? Pourquoi certaines films nous frustrent ?
Il est étrange ce sentiment qui vous étreint et qui vous fait dire que l’épilogue n’est pas celui que … vous attendiez ! C’est la même mécanique qu’un livre d’ailleurs. Oui après tout, tout est subjectif. L’auteur d’un livre ou le réalisateur a ses raisons que votre raison ignore.
Après tout, n’est-ce pas cela non plus un film culte ? Un épilogue inoubliable ou marquant ? A contre-courant ou inattendu ? La fin d’un film finalement c’est une vérité proposez. Une version. À nous de l’accepter ou pas.
Car certaines de nos émotions, quand elles sont ressenties trop fortement, nous poussent à ne pas vouloir sortir de notre bulle dans laquelle nous avons été happés. Pourquoi nous contraindre à une fin qui n’est pas celle que nous aurions choisie ? C’est le propre de l’art, du 7e art. Que ce soit pour une fiction ou même pour un roman, la sentence de la fin peut être parfois dure à avaler. De façon individuelle ou collective… car un film vu sur grand écran au cinéma par des centaines de personnes en même temps forcément impacte notre ressenti. C’est un spectacle où l’on ressent des émotions en grand ! D’où la nécessité d’aller au cinéma.
Car ce même film chez soi ne provoquera pas la même émotion. Magie du grand écran et de la salle sombre qui nous invite à un voyage unique .Je me rappelle ainsi avoir été saisie par la fin de « sue la route de madison » d’une intensité disons-le maximale ! Impossible de quitter mon Fauteuil rouge… je pleurais à chaudes larmes ! Clint Eastwood, acteur et égalisateur en même temps, ne laisse pas indemne… !! Une fin de film peut changer un regard que l’on porte sur la vie, ou au contraire conforte pleinement une envie cachée ou un projet secret… Une fin peut être tellement à l’origine d’émotions, de pensées, de décisions mêmes parfois et donc d’impacts … Je parle bien sûr de fins de films dignes du 7e art ! Au-dessus de tout, je me rappelle des dernières minutes éprouvantes de « million dollar baby » avec Hillary Swann alias Maggie, une boxeuse meurtrie par la vie et qui va être révélée par un coach singulier - comment pourrait-il en être autrement ? !- incarné par l’inégalable Clint Eastwood, alias Frankie. Mais on pourrait citer aussi « nos plus belles années », « N’oublie jamais » de Cassavets, « tout sur la mère » d’Almodovar, « Ma meilleure ennemie » de Colombus, « Le cercle des poètes disparus » de Peter Weir, « L’étrange histoire de Benjamin Button » de Fincher, « Gladiator » de Ridley Scott … et tant d’autres !
On a du mal tout simplement à se remettre de ces grands films aux fins grandioses, renversantes, saisissantes, éperdument belles ou au contraire violentes, brutes, à vif, crues, ou tellement tristes, déchirantes… parce que oui, oui, oui, le cinéma sert par-dessus tout à s’évader et l’on voudrait que jamais il ne nous force à se sentir mal. C’est la toute puissance du cinéma : que l’histoire soit fictive ou pas, la fin a forcément un retentissement sur notre vie ! Une réalité qui nous pousse - beaucoup ou même un peu- à ressentir l’émotion de cette fin et à regarder autrement… un instant… la vie, notre vie.
Barbara Delaroche
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