Orangina, Renault Zoe E-Tech, céréales Kellogs, Le Slip Français... Les héroïnes et héros de notre quotidien 2.0 ont depuis cinq ans tous les cheveux roux. De minoritaires dans la population mondiale, ils sont devenus ultra majoritaires en publicité !
Voiture, vêtement, alimentation, mode, électroménager, cosmétique, boissons, sous-vêtements, loisirs, bijoux... La publicité a choisi depuis quelques années son camp. Adieu monde en technicolor. Bonjour tristesse ? En 2021, et depuis quelques années, la publicité est devenue quasi monochrome : au milieu de milliers de décors, de milliers de messages, de milliers d’histoires, demeure une constante : la rousseur flamboyante de ses héroïnes ou le roux de ses héros du quotidien. Chaque jour, la pub assume et affiche ainsi sa couleur fétiche devenue sa couleur-star ! Le roux dans toute sa splendeur : roux flamboyant, roux auburn, roux acajou, roux cuivre, roux rouge, roux vénitien... Aujourd’hui pas une marque, pas un géant de la com’, pas une enseigne, pas un produit, pas une histoire sur petit écran qui n’ait pas sa touche de chevelure rousse et son visage pour l’incarner ! Rien de péjoratif dedans, juste une interrogation : mais pourquoi cette culture pub orangée ? Pourquoi pas me direz-vous ! Voilà que la tendance qui dominait déjà dans les publicités dès 2016 et que l’on applaudissait pour son originalité est devenue un véritable diktat pour ne pas dire une dictature. Pas une pub sans rousseur... Et si les agences de casting se défendent de cette tendance dominante voire écrasante et persistante, il n’y a qu’à allumer la télé et se prendre une page de pub pour comprendre. D’Orangina ou Leclerc, Lu, Burger King, Oasis, Bosch, Yoplait, Thélem assurances, glaces Ferrero pour les dernières en date en passant par Kellog’s, AMV, Aldi, Renault Zoe E-Tech, Le Slip Français, Renault Clio, Carglass, Gerblé, Schmidt... toutes les marques y succombent : enfants, ado, adultes, filles, garçons, femmes, hommes, le petit écran nous vante, comme des tètes de gondole, ces têtes rousses chaque jour ! Alors en sachant que la population rousse ne représente que 5% de la population française, 2% de la population européenne, et encore moins au niveau de la population mondiale estimée entre 1 et 2% (source : madame.lefigaro) on peut vraiment se demander pourquoi elle représente aujourd’hui plus de 80% des personnages publicitaires ?
Publicité pour les glaces Ferrero.
Évidemment, la bonne nouvelle c’est que les stéréotypes et les préjugés ont fondu enfin comme neige au soleil. Finies les moqueries, voire les vacheries et les blagues à la Poil de carotte de Jules Renard ! La publicité a démocratisé cette chevelure orangée et lui a offerte, au 21ème siècle, ses lettres de noblesses. Consacrée par les communicants, psychologues et même sociologues de « couleur singulière » qui marque les esprits des consommateurs-téléspectateurs, les publicitaires ont bien compris l’atout du « roux-rousse à l’écran ». À la fois source de lumière, d’étincelle, de gaieté, mais aussi d’un luxe certain et d’un glamour teinté d’érotisme détrônant ainsi -sans un bruit- la sacro sainte chevelure blonde aussi mythique que mystique en publicité. Mais quid alors des autres couleurs de chevelure ? Reléguées au deuxième plan, elles se fondent dans le décor et s’inclinent devant l’ère publicitaire du roux « roi ». Ainsi, la vengeance des boucles rousses a sonné et pris définitivement sa revanche sur les brun(e)s ténébreux(ses), les châtains piquant(e)s, les blond(e)s hawaïen(ne)s, les peroxydés sexy, les noirs corbeaux en changeant enfin de statut : de pestiférés, les voici affranchis et libérés... à l’image du Prince Harry dans la vie ou d´Emma Stone au cinéma !
Mais attention à ne pas oublier ni zapper que l’univers - télé ou pas - ne se résume pas à voir la vie que d’une couleur !
Barbara Delaroche