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  • barbaradelaroche

Maminute.com / « Ma campagne en ville »

Dernière mise à jour : 28 janv.


J’achète ma viande, mon poulet et la charcuterie chez le boucher. Mon lait toujours français. Mes œufs chez la crémière. Le fromage chez le fromager. Mes légumes chez le maraîcher. Le pain chez le boulanger. Comme la galette des rois, les viennoiseries ou la pâtisserie. J’achète de saison. J’achète bleu, blanc, rouge.J’achète même les chocolats chez le chocolatier. J'achète raisonnablement. Ce dont j'ai besoin. Pour la semaine. Et pourtant je vis en ville. J'aime les commerçants. J'aime parler avec eux. J'aime voir la fierté dans leurs yeux. J'aime les écouter me parler de leurs "beaux produits". J'imagine leur exigence. Leur contingence. Les normes ! Je sais le prix de ces choses dont on parle beaucoup en ce moment. J’adore la ville. Je vis d’ailleurs dans la plus belle ville du monde mais je n’en oublie jamais pour autant la campagne, celle qui souffre en ce moment. La belle campagne qui souffre et qui a tellement de mal à subsister et où j’ai découvert, enfant, durant les grandes vacances, toute la richesse de la terre, même sous un soleil d'été. Le pouvoir de la terre avec toutes ses interrogations quotidiennes... La crainte de la sécheresse. La peur d'une année et d'une récolte moins bonnes. Et puis la pluie d'été comme un cadeau du ciel ! Les champs de blé moissonnés, les fourrages, les meules de foin... Je me rappelle même avoir semé du maïs. Et l'avoir récolté, ces tiges énormes qu'il fallait prendre à la main. Quelle labeur ! Je me rappelle aussi de cette joie indiscible quand il fallait aller dans le poulailler et monter sur l’échelle pour voir si les poules avaient pondu. Quel goût inoubliable ces œufs cuits par ma grand-mère ! À la campagne, j’ai remarqué que tout ce que l’on plantait poussait... et que de le voir pousser rendait fier.


J'ai découvert aussi des joies indicibles comme cueillir les fruits à même les arbres, perchée dans les branches. Un goûter inoubliable. Un miracle de la nature. Je me rappelle du jambon de pays que l’on salait dans les chambres froides et que l’on laissait sécher dans les greniers. Des noix que l’on posait à même le sol à l’abri de la lumière et que l’on venait concasser pour le dessert. Des gros pains de campagne à la mie si tendre qui se gardaient sous un torchon des jours entiers. Des épis de blé que j’adorais caresser avec la main, des tournesols plus hauts que moi et vraiment toujours tournés vers le soleil. Des fermiers qui apportaient à ma grand-mère des poulets bien jaunes, avec un peu de lard et des bons pâtés de leurs confections. Je me rappelle de cette terre à perte de vue, peuplée d’arbres, de cyprès, de chênes, de cèdres, de pommiers, de figuiers, d’amandier, de noyers, de cerisiers, d’abricots, de pêchers, de framboisiers, de fraisiers sauvages et de ces champs de blé tout autour qui nous encerclaient comme des bras rassurants. Je me rappelle que l’un de mes cousins (aujourd'hui maire et avant tout agriculteur) avait déjà dans les veines cet amour pour la terre qui coulait dans ses veines comme son père qui nous emmenait sur son tracteur le temps d’une moisson. Ou encore comme cet autre agriculteur qui nous offrait un petit tour de cheval dans sa cariole. Ou encore celui-là qui nous amenait voir à pas feutrés des bébés lapins qui venaient de naître. Plus doux que des peluches ! Ou encore cette voisine qui ramenait de sa propriété à ma grand-mère des cageots entiers d’abricots, de cerises et de fraises de son jardin pour en faire des confitures maison à vous lécher les babines, Je me rappelle m’être souvent dit en rentrant de ces vacances d’été inoubliables que même si j’adorais vivre en ville, je n’oublierai jamais, jamais cette richesse rurale. Cette terre flamboyante et nourricière, cette nature comme façonnée par la main divine. Cette bonté, cette expérience des choses, ce respect de la nature, cette connaissance de la terre, de sa récolte, ce savoir… appelées aussi tout simplement le bon sens paysan. Le bon sens a fichu le camp de la ville et de la campagne depuis longtemps. La fable du Rat de ville et du Rat des champs telle que le racontait Jean de la fontaine n’existe plus : les tracas de la ville ont touché la quiétude de la campagne qui est aujourd’hui bien malmenée. Alors même si je ne peux pas faire grand chose, je me dis que mon bons sens citadin, et mes souvenirs d’enfance, « sauveront » peut-être ces agriculteurs puisque j’achète toujours la viande chez le boucher. Mes légumes chez le maraîcher. Mon fromage chez le fromager, mon pain chez le boulanger… tous ces beaux produits sur les étals des marchés ou dans les épiceries sans que cela ne ruine. Qu'on se le dise et il faut le dire ! Si soutenir les agriculteurs, c’est de mettre quelques euros de plus pour faire vivre la filière - plutôt que de sombrer dans les supermarchés- alors oui, pour eux, pour ceux qui nous nourrissent sans compter, durement, sans rechigner, toute l’année, oui, on peut bien se saigner en ville !

Barbara Delaroche




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