Maminute.com : « La mode à l’heure du confinement selon Giorgio Armani : enfin eco-responsable ? »

Chaque jour, retrouvez mon billet d’humeur. Une phrase inattendue, une rencontre insolite, une image étonnante , une idée innovante, une astuce partagée, un fait d’actualité passé à la loupe... tous les jours, il y a tellement de quoi dire !

Aujourd’hui Lundi 20 Avril.

En mars dernier, les entreprises de mode italiennes ont vu leur chiffre d'affaires remis à zéro. Marchandises bloquées, magasins fermés et confinement prévu théoriquement jusqu’au mois de mai prochain. Ainsi, la Fédération italienne de la mode prévoit une diminution de minimum 50% des collections pour 2020 raison pour laquelle - après avoir reconverti les productions pour en faire des manteaux et des masques - il faut repenser comment recommencer. Et c’est ce qu’a fait sans plus attendre le créateur Giorgio Armani dans une lettre ouverte au monde de la mode... et donc au monde entier !

Car le confinement n’a pas de frontière, ni d’âge, ni de distinction sociale. Il touche tout le monde et remet tout en questions. Le sens de la vie même. Avec pour tous et toutes, derrière nos portes, ce Covid19 qui rôde. Seule la planète semble « s’en tirer ». Avec le ralentissement économique, la pollution de l’air diminue. La flore et la faune reprennent le dessus. Comme avant, il y a très très longtemps et encore plus dans les endroits très touchés par le virus ! Dans ce contexte, heureusement l’humain, réduit dans sa « grotte » comme Platon n’est pas en reste. Il réfléchit (mieux). Quel que soit son statut. Indépendants, salariés, patrons, entrepreneurs(ses), businessman(& woman).

A l’image de Giorgio Armani, styliste italien milliardaire, cofondateur de la société Giorgio Armani qui vient de clamer haut et fort , son indignation au monde de la mode : « Je ne veux plus travailler comme ça, c'est immoral. Il est temps de supprimer le superflu ! ». On pourrait croire au début à un coup de pub, une volonté de se faire remarquer au milieu de cette pandémie mondiale. Pas sûr car dès le début de la crise, l’homme d’affaire d’origine italienne et de bientôt 86 ans avait fait un don de 1,25 million d’euros contre le coronavirus, qui touchait déja durement l’Italie et d’autres pays. De célèbres marques ont dans la foulée décider de faire de même. Dolce&Gabbana a annoncé des dons à divers hôpitaux italiens.  D’autres entreprises du luxe, parmi lesquelles LVMH, L’Oréal ou encore Kering ont aussi annoncé participer à l’effort financier. Bulgari, Versace, AliBaba, Estée Lauder et Swarowski ont apporté leur soutien pour lutter contre la maladie.

Ainsi, il y a quelques jours Giorgio Armani en tapant du poing dans sa lettre, a fait ressurgir toute l’incohérence de notre monde. Mode ou pas. Futile ou pas. Et les chiffres dans le

secteur sont édifiants ! Aujourd’hui, seuls 20 % des vêtements sont récupérés et réutilisés. Beaucoup de ces vêtements finissent à la décharge. L'équivalent d'un camion à ordures rempli de vêtements est brûlé ou jeté dans un centre d'enfouissement des déchets toutes les secondes (Source: United Nations Environment Programme (UNEP)). Et c’est précisément là où veut en venir Giorgio Armani : « Plus de spectaculaire, plus de gaspillage. Depuis trois semaines, je travaille avec mes équipes pour que, après le confinement, les collections d'été restent dans les boutiques au moins jusqu'au début du mois de septembre, comme cela devrait être. Et c'est ce que nous ferons désormais ». Car ce qui énerve passablement le créateur c’est bien tout le gâchis généré.

En effet, dans un contexte mondialement marqué par le changement climatique et l’épuisement des ressources, une réelle prise en compte du développement durable dans l’industrie de la mode s’impose sinon elle s’écroulera. Des preuves ? Des chiffres surtout. La production d'articles de mode représente 10% des émissions de carbone de l'humanité, assèche les sources d'eau et pollue les rivières et les ruisseaux. De plus, 85% de l'ensemble des textiles se retrouvent à la décharge chaque année. (Sources : McKinsey & Company). Encore ? La production de vêtements a pratiquement doublé depuis 2000. Alors que les gens ont acheté 60% de vêtements de plus en 2014 qu'en 2000, ils ont conservé leurs vêtements moitié moins longtemps.(Source: McKinsey & Company, Ellen MacArthur Foundation).

Enfin, en Europe, les entreprises de mode sont passées d'une offre moyenne de deux collections par an en 2000 à cinq en 2011. Certaines marques en produisent encore plus. Zara sort 24 collections par an, tandis que H&M en propose entre 12 et 16 (Source : Parlement européen).

Hélas, la liste « noire » est encore très longue ! Car d’ici 10 ans, les déchets textiles représenteront 148 millions de tonnes/an, soit 17,5 kg/habitant. Et d’ici 2030 : + 63% pour la consommation mondiale de vêtements. Avec 62 millions de tonnes/an aujourd’hui contre 102 millions de tonnes en 2030. Enfin, + 60% de déchets créés par le secteur de la mode. Soit 57 millions de tonnes de plus qu’aujourd’hui.

Imaginez donc l’onde de choc avec les propos de Monsieur Armani qui n’hésite pas exprimer son-ras-le-bol : « assez avec la mode comme jeu de communication, assez avec les défilés de mode à travers le monde, juste un balai pour présenter des idées fades (...) Assez de défilés partout dans le monde, réalisés à travers les voyages qui polluent. Assez avec le gaspillage d'argent pour les spectacles, ce ne sont que des coups de pinceau de vernis à ongles apposés sur rien. Le moment que nous traversons est turbulent, mais il nous offre l’occasion unique de réparer ce qui ne va pas, de supprimer le superflu, de retrouver une dimension plus humaine ... C’est peut-être la leçon la plus importante de cette crise » conclut le grand créateur. Ce qu’Armani veut... la mode le peut ! « C’est une merveilleuse occasion de tout ralentir, de tout réaligner, de dessiner un horizon plus authentique et plus vrai » a t il écrit. On a hâte de voir le passage à l’acte!

Le créateur Giorgio Armani (à gauche)

Source: United Nations Environment Programme (UNEP)

Source : Jetsemagazine.fr, public.fr)

Source: McKinsey & Company, Ellen MacArthur Foundation).

Source :

Source : armani.com