top of page
Rechercher
  • barbaradelaroche

Maminute.com / « L’école ou une farce ? »

Dernière mise à jour : 3 févr. 2022


Quand j’étais petite l’école était une école. L’on apprenait, s’instruisait, s’épanouissait. Il y avait des professeurs et des élèves, bien distincts. Il y avait la directrice ou le directeur. On se levait quand un adulte se présentait dans nos classes. On étudiait les mathématique, le français, les langues vivantes, les langues mortes, la physique, les sciences naturelles, les travaux pratiques… L’éducation physique nous sensibilisait à des tas de sports, on encourageait la performance. L’on grandissait ensemble, il y avait des différences et des tensions bien sûr mais le respect était notre socle, notre point commun comme un bouclier invisible mais bien présent. Évidemment on se disputait, il y avait même des clans mais pour celles et ceux comme moi qui étaient dans une école privée et catholique, la prière et la confession nous remettaient les idées en place. Sans en rajouter. Sans insultes sur les réseaux sociaux. Pas de portable encore, pas de tentation malsaine et bien plus pernicieuse que tous les bonbons chimiques réunis qui nous piquaient la langue ! On réglait les problèmes en parlant ou avec des punitions. Si l’on avait envie de jouer après l’école, on s’appelait sur un téléphone fixe et l’on était heureux de se retrouver pour… jouer. Pas pour glauquer sur des écrans. Lorsqu’il nous manquait des cours, nous passions directement chez les copains pour recopier la leçon manquante. Mais aujourd’hui, même si je sais qu’une génération est passée, l’école n’est plus l’école. Aujourd’hui l’école c’est comme Halloween, c’est « Trick or Treat », « une farce ou une friandise ». C’est la question que je me pose sur le même principe :

école ou farce ? Elles sont de moins en moins nombreuses les écoles… qui font écoles. À savoir, où l’épanouissement est le maître mot, le savoir son ami, les professeurs leurs serviteurs, où le respect prime envers et contre tout, où les valeurs de la république ne sont pas bafouées, où la substantifique moelle, vantée par Gargantua sous la plume de François Rabelais, est célébrée et où la bienveilllace est de mise !! Aujourd’hui, de tout cela, il ne reste rien. Presque rien. Les professeurs sont des « profs ». Ce sont des reconvertis, en reconversion ! Ils étaient jusqu’alors ingénieurs, éditeurs, réalisateurs, journalistes, traducteurs, banquiers, etc. Et n’ont pas réussi dans leurs branches comme ils voulaient. Alors ils ont fait profs… par défaut ! Dommage, je croyais qu’enseigner faisait partie des métiers dits de « vocation »… même tardive ! Et pour cause, être pédagogue, aimer les

enfants, aimer enseigner, transmettre un savoir, être patient, et - le b.a.ba - avec un niveau minimum scolaire requis… tout cela doit couler au moins abondamment dans les veines d’un professeur en herbe, non ? Aujourd’hui, sous prétexte de pénurie de profs, on prend à tout va. Les niveaux des admissions aux examens sont honteusement abaissés (pour enseigner dans un collège ou lycée de l’enseignement public, vous devez obtenir le concours du Capes, rabotté honteusement chaque année), tout ça pour recruter un plus large spectre ! Bonjour le spectre quand il arrive dans les classes de nos enfants ! On découvre alors des profs aux matières désincarnées, sans cours, avec des tonnes de photocopies pour faire du vent (ceux-là mêmes qui se disent « écologiques » et qui respectent la planète). Mais quid de l’explication classique ? Quid du cours « magistral » ? Quid des langues vivantes… vivantes et pas mortes ? Comme par exemple l’anglais qui avant était enseigné avec du vocabulaire en relation avec une leçon et des notions grammaticales, et non plus des « word book » à l’infini qui servent d´écrans de fumée et de leçons sans repère. Fini les audio, les films cultes que l’on nous faisait regarder en anglais, en noir et blanc, les Laurel et Hardy de mon enfance, les Hitchcock, les Franck Capra, Les Citizen Kane d´Orson Welles… pour familiariser et éduquer notre « oreille ». Fini les échanges avec les correspondants étrangers selon les langues choisies. Et qu’on ne me parle pas de crise sanitaire. La Poste et les portables n’ont jamais autant bien fonctionné, non ? Ah pardon, j’oubliais on ne sait plus écrire non plus. Des fautes d’orthographe jonchent les copies - sans que cela n’affole les profs qui eux-mêmes en font - les sms, les mails… Et pour cause, les maths sont devenues la matière par excellence, chronophage, unilatérale, primordiale, qui prime sur toutes les autres et qui écrème le français de nos tendres têtes blondes. Oui, les mathématiques ont pris l’ascendant sur toutes les autres. On ne veut plus d’auteurs fabuleux, de philosophes, de plumes, d’écrivains, d’auteurs, d’artistes, de comédiens, de génies littéraires. Non, on veut et on formate - tant pis pour le cursus général - du scientifique, du matheux, de l’ingénieur, du Einstein par millier. La grammaire, la compréhension, la synthèse, l’excipit et l’incipit d’un roman… bref, le Français dans toute sa splendeur ? Pfff ! Que nenni ! Fini le programme scolaire qui dès la 6e nous imposait de nous plonger dans des œuvres majeures comme Les Misérables de Victor Hugo, Les liaisons dangereuses de Pierre Choderlos de Laclos, Le médecin malgré lui de Molière, Le Cid de Corneille, Le lion de Joseph Kessel, et Balzac avec Le père Goriot, Eugénie Grandet ou encore Le Colonel Chabert (ah si, celui-ci est encore étudié … ouf !), et Zola et ses Rougon-Macquart, et Saint-Exupéry et son inoubliable Vol de Nuit, son tendre Petit Prince… et tant d’autres encore qui ne viendront plus.

École ou farce ? Farce. Vous allez me dire : le programme, le programme toujours le programme, sous entendu l’éducation nationale qui décide du programme scolaire ! Oui mais justement, vous répondrais-je. Où est passé le panache des professeurs qui nous transcendaient de bonheur ? Qui nous transperçaient de leur savoir et nous illuminaient soudain grâce à leurs lectures et leurs explications ? Qui changeaient pour toujours le cours de nos vies en nous faisant aimer leur discipline ? Où sont passés la curiosité, l’épanouissement, le bien-être, le sens de l’effort qui s’emparaient doucement de nos petites têtes et nous faisaient grandir la tête « bien faite » ? Bien sûr, la vie n’était pas toujours rose chaque jour, il fallait s’accrocher, il ne fallait pas démériter, il fallait travailler mais aujourd’hui elle me la semble pourtant… rose. Car lorsque je regarde mes enfants qui croulent sous les devoirs chaque soir (et ils sont pourtant bons !), et qui le week-end ne peuvent pas mettre le bout de leurs petits nez trop longtemps dehors au risque de ne pas finir à temps tous, tous, tous, tous les devoirs donnés (et heureusement ils se sont avancés !), qui à chaque instant reçoivent des notifications sur le portable via « école directe » (note, message du directeur, absence de prof, retour du prof…), qui font des interros (normal, me direz-vous) mais qui désormais les corrigent aussi eux-mêmes (anormal vous repondrais-je), exit la correction classique d’antan avec ces « nouveaux profs » qui ne corrigent plus les interros et font bosser les élèves, ces enfants qui n’ont même pas le temps de partir en vacances que déjà leurs professeurs remplissent la case « cahier de textes », quand eux s’octroieront le droit de se reposer quinze jours sans travailler… il y a de quoi se poser des questions ! Pauvres élèves, vive la farce ? Avec ces profs au credo indécent : survoler les cours, pour cocher le programme de l’éducation nationale, balancer de la feuille en photocopie à tout va et faire croire qu’ils enseignent pour garder bien au chaud leur ticket pour la prochaine rentrée.

École ou farce ? Farce quand les portables, les réseaux, whatsapp, tik tok passionnent plus les élèves que l’existence même de leur voisin ou de leur voisine. Et les cours civiques alors ? On ne les enseigne plus ?

Heureusement, il reste parfois encore des traces de l’ecole de mon enfance quand j’entends le récit de mes enfants et de quelques fous rires en classe. De quelques découvertes étonnantes apprises le jour même. De quelques auteurs, notions, émotions, sensations, règles, grammaire, propriété, histoire, localisation, géopolitique, note, gamme, idiome, culture… retenues

et apprises. Ça me rassure mais comme le résume parfaitement le philosophe Gramsci « Le pessimisme de la lucidité nous oblige à l’optimisme de la détermination ». En ayant des enfants, si j’étais aux anges à l’idée un jour de les aider de mon mieux dans leur scolarité, je ne m’imaginais pas une seule seconde que je devrais endosser « par la force » de la situation, le rôle de professeur des écoles dans toutes les matières, pour supplanter la crise de l’école aujourd’hui. Il est loin le temps des Carambars d'antan, car-en-sac, sucettes Pierrot Gourmand, sifflets et bonbons rouge à lèvres, d’accord, mais à l’image d’Halloween qui n’est qu’une vaste opération marketing, l’école ambitieuse de Charlemagne est au 21e siècle, en train de virer à une grande farce nationale.


Barbara Delaroche

95 vues2 commentaires

Posts récents

Voir tout

Maminute.com / « Qui suis-je (vraiment) ? »

Comme dit le proverbe « l’expérience est une lanterne qui n’éclaire que soi ».  Je préfère mon incompétence et ma tour d’ivoire. Je suis un homme. Je ne suis pas très grand mais dans la norme. J’ai la

Maminute.com / « POM POM…PIDOU ! »

Soyons clairs ! Il était un politique moderne et un président de la République singulier (20 juin 1969 au 2 avril 1974 ). Cinquante ans après son mandat, on se souvient particulièrement de lui ! Mais

Post: Blog2_Post
bottom of page