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  • barbaradelaroche

Maminute.com / « Du coup… on fait quoi ? »

Dernière mise à jour : 4 juil. 2022




Ça y est , c’est dans l’air. En plus d’une situation générale française brinquebalante, d’une éducation nationale au bord de ses propres contradictions, d’incivismes croissants… la jeunesse, pourtant éternelle source d’espoir,  brise un peu plus les rêves chaque jour, chaque seconde… et à chaque mot.

Pourquoi ? Parce qu’elle ne sait plus parler. Et ne plus savoir parler, c’est se condamner. C’est condamner l’humain. C’est ne plus se différencier des animaux. C’est mettre en pâture notre trésor… la langue française. Vous savez ce bouclier légendaire, inhérent, séculaire, qui se transmettait de siècle en siècle.

Qui s’apprend dès le plus jeune âge, à l’école, grâce aux parents, grands-parents.

Nous voilà revenus au temps des…dinosaures ? Des chimpanzés ? Difficile de se prononcer, mais c’est un chaos qui nous plonge dans une ère méconnue : le « pomme C », « pomme V » (pour Mac) ou le « Crtl C », « Crtl V » (pour PC)…. Bref, le copier/coller. On « sample » un mot à l’infini et on le met à toutes les occasions possibles pour exprimer tout et son contraire. Plus de nuances. Plus d’échelle d’émotions. Plus de richesses vocables. Plus de métaphore, litote, oxymore, chiasme, euphémisme, ellipse, hyperbole, pléonasme… à la poubelle les figures de style et autres. Aujourd’hui, le systématisme du mot « roi », du mot « unique » est, comme les giga, illimité ! Vous doutez ? Alors constatez. On ne dit plus « ainsi, donc, dès lors, par conséquent, en conclusion, c’est pourquoi, tout à coup, aussi, après, soudainement, finalement, si je comprends bien… ». Non. On dit juste : « du coup » ! Cette expression a supplanté pas moins de quinze prépositions. Impressionnant n’est-ce pas ?

Et elles sont nombreuses ces expressions à tuer des milliers de nuances et de sentiments. On ne dit plus « j’en ai assez, je suis fatiguée, je ne me sens pas bien, j’ai du chagrin, je suis démotivée, j’ai la gorge nouée, l’estomac serré… » non, on dit « je suis au bout de ma vie ». Finie la palette des sentiments. Finis les synonymes, les périphrases pour retranscrire au quotidien nos émotions, selon l’intensité. On fonce de plein fouet et à répétition vers les onomatopées pauvres et systématiques : « cool, nickel, top, yes, whaouh… ». À peine françaises en plus !

Le recul est évident. Pas besoin de long calcul arithmétique. La régression est partout, on s’enfonce dans le noir, et on ne fait rien pour rallumer la lumière dans tous les esprits.

Déjà il y a quelques semaines, aux épreuves de français, ils furent nombreux les élèves à avoir buté sur le sujet suivant : « Selon vous, le jeu est-il toujours ludique ? ». Triste destinée et prise de tête pour l’adjectif « ludique » qui a posé tant de problèmes pour sa compréhension, alors qu’il évoque justement le contraire ! Drôle de jeu… Au point d’en faire le débat de nombreuses émissions. Hélas, côté éducation nationale, très peu de réactions. Morne plaine.




Vous doutez encore ? Accrochez-vous alors avec la copie de terminale (série générale) - « parmi des dizaines semblables », de l’aveu même de l’examinateur - mise sur les réseaux sociaux via Twitter par ce professeur de philosophie. Et ce, certainement dans un élan de spleen géant face à ce type de copie… éloquente ! L’étendue des dégâts est vaste et permet - mieux que des longs discours- de prendre conscience de la carence intellectuelle. Lisez plutôt un passage de cette copie :

« L'etat ne devait pas decider car l'etat ne conait pas le passer de chacun, elle ne c est pourquoi cela et arrive. L’état ne conais rien de cette perssone sont but peut être dans le but de faire une bonne action ». Sic.



Sartre doit se retourner et faire des galipettes dans sa tombe ! Lui l’auteur émérite entre autres de « La nausée » Ou « Les mots » qui encensaient le pouvoir et la richesse de notre langue ! Plus communément quant à nous, l’expression « les bras m’en tombent » résume bien la réalité !!! Le drame est tangible.

« Non seulement les candidats au baccalauréat 2022 font de plus en plus de fautes d’orthographe et de syntaxe, mais ils ne comprennent même plus le sens des mots », décrit un autre professeur. Et que dire de l’écrivaine Sylvie Germain menacée sur internet par des lycéens qui ont dû commenter un de ses textes !! Un extrait du roman "Jours de colère" de l'écrivaine française a été proposé au bac de français. Depuis, des milliers d'élèves de première se sont déchaînés sur les réseaux sociaux sur l'extrait en question et sur l'auteure. « Je ne suis qu’un prétexte, je ne me sens pas concernée personnellement. Je suis plutôt inquiète du symptôme que cela révèle. C’est grave que des élèves qui arrivent vers la fin de leur scolarité puissent montrer autant d’immaturité, de haine de la langue, et également si peu de curiosité, d’ouverture d’esprit ». Inquiétude, c’est le mot. Les adultes ont déjà du mal à se comprendre, les jeunes galèrent et les adolescents eux, ne communiquent plus, mais se disent « connecting people », toujours en train de tapoter sur leur portable. En bien ou en mal. Résultat, ils sont incapables de rédiger des copies doubles ou simples sans fautes d’orthographe. Seuls les plus volontaires et les lecteurs réguliers de romans, s’en sortent et font la différence. Les autres pataugent dans des lol, mdr, wesh,,b1(bien), tkt, b1to (bientôt), bcp (beaucoup), ki (qui), mnt (maintenant), osi (aussi), keske (qu’est-ce que), xlt (excellent), twa(toi)… bref font mourir chaque jour la langue française en lui préférant des raccourcis, non pas par faute de temps ou parce que les activités physiques ou intellectuelles les appellent. Non. Par flemme, praticité, effet de mode, mimétisme, facilité : oui parler…en écrivant, ça prend du temps, vous ne le saviez pas ? Alors cette même jeune génération a trouvé « l’astuce » : tout réécrire en plus rapide… pour mieux déconstruire. Quitte à tout piétiner. Finalement, seuls les anciens se comprennent encore, enfin se parlent comme avant et émettent encore avec nous. Réjouissons-nous de leur tolérance plutôt que de les mettre au placard. Ils ont de l’expérience, sont posés et ont des conversations nourries avec autant de sujets divers. Avec eux, vous êtes à peu près sûr de pouvoir soutenir une conversation en utilisant les mots du Larousse ! Le dictionnaire a fêté d’ailleurs ses 170 ans. Rendez-vous compte, quelle vitalité : plus de 64 000 mots et quelque 28 000 noms propres ! C’est beau et ça laisse rêveuse… Mais à quoi bon ? À qui cela va profiter si le jeune monde ne s’en sert pas, ne s’en sert plus. Le dictionnaire est de moins en moins feuilleté et avec, la langue se meurt en silence, écrasée par les abréviations et ce langage parallèle qui prend le pas sur tout au point que les profs désespérés mettent les copies sur les réseaux comme un SOS…Jusqu’où va-t-on se mentir… du coup ?


Barbara Delaroche

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