Qui a dit que le 21ème siècle et Internet avaient tué pour toujours la "télé de papa" ? Vous savez la télé d'avant, avec souvent un unique poste par famille, tout le monde réuni autour et devant pour le film de la soirée à choisir entre les six chaînes et des émissions, aujourd'hui cultes. Avec la crise sanitaire sans précédent due au Covid 19, nous assistons sur nos écrans à des scènes télévisuelles étonnantes parce qu'inédites, temporaires et qui sait bienveillantes... comme avant. Oui, avec l'épidémie, la télé prend soin de nous... il était temps, non ?
Ainsi, sur France 2, le service public a décidé de penser "intelligent le week-end", avec la diffusion le samedi après-midi des "Tontons flingueurs" et le dimanche à 13h de "La grande vadrouille". Cible visée : petits et grands. Et que dire des chaînes d'informations telle que Cnews qui enfin "prend le temps" d'échanger, de s'écouter, de s'entendre ? Une première ! Et avouons-le, un pur régal. Regardez en replay l'émission "Hier, Aujourd'hui, demain" avec Marc Menant, Eric de Riedmatten du samedi 21 mars. Normalement dédiée aux sujets d'actualité, l'émission a pris aujourd'hui une nouvelle tournure : à défaut de sujets d'actualité en France autres que l'épidémie, la journaliste Barbara Klein, aussi chic, intense que souriante, échange sincèrement d'abord avec Eric de Riedmatten sur la Journée mondiale de l'eau, sur l'Antiquité et la prédominance de l'eau, sur l'eau du temps des romains, puis ensuite avec Marc Menant qui nous invite à parler de nourriture du temps de Louis XIV, de Napoléon et de la destinée de son fils l'Aiglon. Mais ce qui frappe surtout c'est que tous les trois s'écoutent. Oui, ils semblent heureux d'être ensemble. Ça fait du bien. Parce que sincèrement, cela fait combien de temps que tous ces journalistes se parlent sans se parler, nous parlent de loin, que toutes ces chaînes télé n'offrent plus "de bons moments" de télé ? A l'heure de médiamétrie, de la course à l'audience, de la course à l'info, etc ? Longtemps. Très longtemps. Pour certains d'entre nous, c'était le temps lorsque nous étions petits quand 'il y avait seulement six chaînes et que la télé nous offrait des moments de rires, de frissons, d'aventure, de pédagogie, de confidence, d'évasion... et surtout que la télé était incarnée. Et pas aseptisée.
Alors, bravo. Bravo à cette télé engagée, à cette télé concernée et d'un coup si proche de nous. Bravo à celles et ceux qui redonnent l'envie d'avoir envie de regarder la télé, qui osent reprendre le temps à l'écran. A celles et ceux qui reprennent du plaisir à l'image, s'écoutent à nouveau, ont les yeux qui pétillent enfin... bref réalisent que la vie est unique et précieuse. Même en télé. Surtout en télé... censée être le miroir de la vie ! Oui, nous sommes confinés et oui aussi, nous disposons de temps. Et aujourd'hui, encore plus que jamais, le temps nous est précieux et vital. La télé redevient ou devient LE média proche de nous... comme elle ne l'a jamais été.
Finalement contrainte par cette crise sanitaire, la télé s'est réinventée. Dans l'urgence. Et c'est là qu'elle est la meilleure. Comme du temps de la TSF, où tout était une aventure et tout était à créer. Nous y sommes, allons-y ! Avec le Coronavirus, chaque jour est redevenu un défi. Pour celles et ceux qui animent, qui présentent, qui produisent, qui filment, qui racontent, qui informent. C'est peut-être cela la nouvelle ère de la télé ? Etre engagée, proche de nous et enfin humaine. Entre nous, elle a tout à y gagner parce qu'elle excelle. La télé est bien plus douée en étant sensible, proche de nous et intelligente depuis quelques jours qu'en nous gavant bêtement depuis des lustres d'émissions et d'animateurs, sans fonds, sans âmes, sans rien. Alors quitte à choisir, oui, à défaut de pouvoir voter pour les Municipales, je vote pour la télé engagée. Pour la télé sensible. Pour cette télé innovante, éco-solidaire, éco-responsable qui me réconforte, qui pense à moi, qui me fait rire, qui m'informe mieux, qui m'instruit, qui m'évade, qui m'apprend, qui m'interpelle, qui me questionne, qui m'enrichit... bref, qui me parle. Enfin.
Barbara Delaroche
