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  • barbaradelaroche

L’itw DayByDay / Michaël Cailloux : « J’aime transmettre des émotions, du sourire, de la vie ».

Dernière mise à jour : 12 mars 2021

Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent leurs nouveaux quotidiens depuis le déconfinement. Retrouvez aujourd’hui un témoignage inédit.



Michäel Cailloux, artiste contemporain qui célèbre avec talent les couleurs, les animaux et la nature... sous toutes ses formes.

Aujourd’hui : Michaël CAILLOUX, dessinateur, graveur et sculpteur.

Présentez-vous en quelques mots ?

Je m’appelle Michaël Cailloux, je suis dessinateur, graveur et sculpteur. Je suis né à Paris et j’y vis encore aujourd’hui. J’ai mon atelier dans le 18ème, un arrondissement auquel je suis très attaché.

Pour celles et ceux qui ne vous connaissent pas encore, comment décririez-vous votre style et univers artistique ? La place qu’occupe la couleur dans votre travail ?

C’est difficile, mais je dirais que mon univers est foisonnant et riche en détails et couleurs. J’ai des thématiques récurrentes comme l’anachronisme, l’hybridation, l’accident, le mouvement… Plusieurs journaux m’ont qualifié de « baroque moderne », je trouve ça assez drôle. Certains me voient comme un « héritier » des Arts Décoratifs, d’autres disent que c’est de l’ « Art Nouveau » modernisé. Pour être honnête, je n’en sais rien. En fait, tout se passe dans ma tête. C’est compliqué de parler de son travail, je le constate pendant les expositions... Tout ce que je sais, c’est que j’ai envie de transmettre des émotions, du sourire, de la vie. Jacques Tati disait « Trop de couleur nuit au spectateur », disons que je fais l’inverse. J’adore chercher les gammes de couleurs, ça peut me prendre des heures... Elles apportent de la vie et des messages positifs !



Très jeune, vous dessiniez déjà partout ! Comment est née cette passion artistique et comment a-t-elle grandi ? Vous aviez un modèle, une icône inspirante ?

Ma mère me disait toujours : « Tu es né avec un crayon à la main ». J’ai grandi seul avec elle, et elle me laissait dessiner partout même sur les murs de l’appartement, avec le recul c’est complétement fou. Une fois je suis allé trop loin, j’ai dessiné sur ses draps, elle a moyennement apprécié. Sérieusement, elle a toujours entretenu cette passion et quand j’ai voulu me spécialiser dans l’Art dès la seconde, elle m’a soutenu sans hésiter. C’était ma plus grande fan ! Elle n’évoluait pas dans le monde culturel, mais pour elle c’était une voie comme une autre, du moment que je m’épanouissais. Ma première muse était Emma Peel dans Chapeau Melon et bottes de cuir, jouée par Elizabeth Shepherd, et le personnage d’Alice aux Pays des merveilles m’a beaucoup accompagné durant mon enfance.



(Ci-dessus ) Travail de gravure signé Michaël Cailloux. (Ci-contre) L’atelier LZC, une collaboration artistique qui a donné naissance à des objets de déco colorés.


Vous avez eu votre diplôme supérieur des arts appliqués de l’école Duperré. Ça a été compliqué ensuite de se faire connaître et reconnaître ?

C’était à la fin des années 90, je pense que la période n’est plus la même. J’ai facilement trouvé du travail, d’abord comme indépendant dans le bureau de tendance Peclers, puis j’ai crée ma première société de Design avec deux copines : l’atelier LZC (ndlr : du nom de ses trois créateurs issus des arts appliqués Duperré : Vanessa Lambert, Barbara Zorn et Michael Cailloux). Nous avons gagné des concours de design dès le début et cela nous a permis d’être rapidement reconnus auprès des professionnels puis du public. C’est en 2009 que j’ai décidé de me former aux techniques du bijou et de la gravure, pour présenter finalement un travail sous mon nom à partir de 2013. C’était une nouvelle histoire, un nouveau projet plus personnel, je ne savais pas du tout l’accueil que j’allais recevoir lors des premières présentations…


Anax-Impérator, sculpture applaudie et libellule « porte-bonheur ».


Quelle est la première œuvre qui vous a apporté la reconnaissance ?

C’est Anax Imperator, ma toute première sculpture. Je l’ai réalisée en 2010 et présenté au public en 2013. J’ai mis des photos sur mon site Internet et les réseaux sociaux, puis tout s’est enchainé très rapidement. J’ai été contacté par des galeristes, la presse m’a téléphoné, et je me suis envolé jusqu’au Japon avec elle. C’était assez incroyable, on peut dire que cette libellule a été mon porte-bonheur !


Une inspiration en mouvement à l’image de « Océan Spatial » (en haut à gauche), « Le jour se lève » (en bas, à gauche) ou « Oiseau de Feu » (en bas, à droite). Côté gravures, « Valite fleurie » et « Odonate Bleu » présentés lors de l’exposition « Corps accords » en 2016 à la Galerie Christian Collin, à Paris)


Oiseau de Feu, Féerie, Le jour se lève, Cosmos, Océan spatial... Les titres de vos œuvres d’art sont très féeriques et flirtent sans cesse avec le naturalisme, les natures mortes du 17e siècle et les couleurs. D’où cela vient-il ?

Ce sont mes sources d’inspiration premières, c’est de là qu’est né mon travail de réflexion entre 2009 et 2013. Ça fait partie de moi, de mon travail d’analyse. Mes sources d’inspiration sont maintenant celles du quotidien. Je dessine en fonction des voyages et des rencontres, j’ai toujours un carnet et un crayon sur moi. Il y a trois ans, j’ai décidé de dessiner tous les animaux de compagnie que je croisais, c’était une thématique amusante que j’ai emmenée dans mon univers. Il y a 7 ans, à la mort de ma mère, j’ai eu envie de reconstituer son corps. Alors j’ai dessiné, sculpté, gravé toutes les parties du corps humain pour en faire des sortes d’ex-voto ou petites sculptures murales. C’était une thématique plus grave que j’ai présentée à l’exposition « Corps accords » en 2016. Personne ne m’a parlé d’un côté plus sombre ou torturé. J’y apporte toujours de la vie et des couleurs, j’aime mêler et surprendre, je pense que ça fait partie de moi.

Plus qu’un insecte... la mouche sous toutes ses formes inspire depuis toujours l’artiste.

Parlez-nous également du choix de la mouche qui est la signature de votre travail artistique et aussi un insecte du 18ème qui vous a d’emblée tapé dans l’œil ?

La mouche me fascine depuis toujours. On est toujours en train de la chasser, alors je voulais lui rendre justice en la rendant esthétique. Je lui ai consacré mon mémoire de fin d’étude en DSAA (Diplôme supérieur d’art appliqué). Elle a beaucoup d’importance dans l’histoire de l’Art. Dans les Natures Mortes, elle permet de montrer l’habileté du peintre, elle rappelle aussi la vie et la mort. La mouche peinte peut aussi représenter une sorte de prévention contre la possibilité, qu’à sa place, se trouve une vraie mouche. Au-delà de l’insecte, le mot « mouche » désigne aussi un élément du corps : le grain de beauté. Un accident physiologique détourné en arme de séduction au XVIIIème siècle. Cette mouche d’apparat, simulacres de faux grains de beauté souvent en taffetas de soie noir que les femmes positionnaient sur leur visage ou leur poitrine pour dévoiler leur humeur. Ces dernières pouvaient même coller de vraies pattes de mouches sur elle. Je pourrais vous en parler des heures… C’est pour toutes ces raisons que c’est devenu ma signature !


La gravure à l’eau forte, véritable savoir-faire sur des plaques de cuivre : « Cadavre exquis » (à droite), « Haut les mains » (en haut) ou « Semence » (en bas).


Après le dessin, vous vous êtes formés aux techniques du bijou, à la gravure et à la sculpture, pourquoi ?

Après 10 ans de travail avec LZC, ma société spécialisée dans le Design, j’avais envie d’un travail plus personnel, plus intime, sans aucune concession commerciale. Je voulais revenir aux sources de mon travail de plasticien. Et comme je suis toujours en recherche, j’ai expérimenté la fusion de deux techniques : la gravure et le bijou. La gravure à l’eau forte consiste à graver des dessins sur des plaques de cuivre à l’aide d’un outil qu’on appelle « Pointe sèche ». Ensuite, on met de l’encre sur la plaque et on utilise une presse pour obtenir des tirages en nombre très limité. Après usage, la tradition exige que la plaque de cuivre soit rayée puis jetée pour ne plus jamais être exploitée, ça assure la valeur rare des impressions. Mais j’ai eu l’idée de transformer la plaque en sculpture. Je me suis formé aux techniques de bijou, découpage, ciselage, repoussage… Ainsi je la mets en forme, elle devient inutilisable pour les impressions, mais elle se transforme en objet ornemental en cuivre ou, depuis peu, je les recouvre d’or.



(À droite) « Féerie », la collection de vaisselles née de la collaboration entre la maison Bernardaud et l’artiste. Pour Dior, Michäel Cailloux a dessiné un jeu de cartes sur-mesure.


Vous avez travaillé avec des maisons de renom telles que Baccarat, Cartier, Van Cleef&Arpels mais aussi Dior, Lenôtre, Bernardaud. Qu’est-ce que ces collaborations vous apporte en tant qu’artiste ?

Pour certaines maisons comme Bernardaud, ça permet de travailler avec un savoir-faire unique, en l’occurrence la porcelaine de Limoges. C’est un challenge de dessiner une collection puis de l’adapter au fur et à mesure avec les ateliers pour que le résultat soit le plus fidèle possible à l’idée de départ. Tout est réalisé à la main, c’est un travail de fourmi. Moi qui suis amoureux de la matière, on ne pouvait pas me proposer un meilleur terrain de jeu. Pour Dior, il s’agissait de dessiner un jeu de cartes hommage à Christian Dior. J’ai lu ses biographies pour m’inspirer, c’était passionnant. Les maisons vous donnent accès à leur savoir-faire et proposent des thématiques auxquelles vous n’auriez pas forcément pensé. Dernièrement, j’ai dessiné le vase « Lemon Insect » pour les émaux de Longwy, un savoir-faire bicentenaire, avec les mêmes techniques qu’à l’époque, c’est plusieurs mois de travail du dessin original sur le biscuit, l’émaillage main, la cuisson, la peinture… C’est uniquement la main qui fait l’objet et ça me plait !



Vous êtes présent sur les réseaux sociaux. Est-ce que l’art s’est démocratisé grâce à cela selon vous ? Peut-on acheter vos œuvres... en ligne ?

J’aime bien les réseaux sociaux, pour partager des messages, de la poésie, de l’humour, à travers un visuel. Oui grâce à ça, tout le monde a la chance de pouvoir montrer son travail et toucher un grand nombre de personnes. C’est d’ailleurs sur Internet que ma libellule « Anax Imperator » a été repérée en 2013 et que mon aventure a commencé, j’ai été moi-même très surpris ! Effectivement, on peut acheter des œuvres en ligne. Mon nouveau site Internet vient de sortir, j’ai ajouté un bouton discret, je n’ai pas eu le choix avec cette période, il fallait trouver une solution, surtout pour les étrangers.


Pour faire durer le plaisir, « Merveilleuse nature » et « Talismans » aux Editions Thierry Magnier. Les vases « Pince-moi » (en bas, à gauche) et « Lemon Insect » (à droite), une collection prisée par la clientèle internationale.


Parlez-nous de votre public. Clientèle française ou plutôt internationale ? Vous êtes un artiste contemporain « cher » ?

Il y a les projets dont je ne suis pas le distributeur, je signe seulement les collections. Comme les cartes de vœux « The Art Files », le service de table « Féerie » pour Bernardaud, les vases « Lemon Insect » et « Pince-Moi »pour les émaux de Longwy et le papier peint « Les 4 saisons » pour Etoffe.com, tout ça c’est international. Je signe des livres aussi comme « Merveilleuse Nature » ou « Talismans » que l’on retrouve surtout dans les librairies françaises. Pour mon propre travail, ce sont des acheteurs de toutes nationalités. Les prix sont donc très variables entre mes créations essentiellement en galerie, les collections pour d’autres marques, les livres, etc.



« Les Spécimens » : Simone la grenouille, Valentine la libellule et Zobie la mouche.

L’accès à la culture avec la pandémie est en berne. Comment résistez-vous ?

Ça me dépasse tout ça… J’essaie de ne pas y penser, je me suis mis dans une bulle dès le premier confinement. J’ai coupé la télé et je me contente des journaux du week-end. Pour résister, je travaille sur la thématique du « souvenir ». Je suis plongé dans cette quête qui occupe tout mon temps. Je consulte et retravaille mes archives, je dessine, je grave... Il reste aussi heureusement la musique, hors concert. Je redécouvre notamment le reggae des années 70. J’ai aussi multiplié les dialogues avec d’autres artistes pour éviter l’isolement. Ainsi, je prépare un projet avec la pianiste classique Victoria Harmandjieva, et également avec l’artiste Julie Yülle qui est un travail à quatre mains avec « Les spécimens ». Nous venons d’ailleurs de lancer un site Internet. Enfin, je fais également une correspondance graphique avec le graveur Francis Capdeboscq.

Quels artistes vous inspirent ?

Il y en a tellement ! Pêle-mêle et toutes disciplines confondues : Goya, Francis Bacon, André Lalique, Vincent Van Gogh, William Morris, Frida Kahlo Alfred Hitchcock, Vasarely, Louise Bourgeois, Serge Gainsbourg, Yves Saint-Laurent, Andy Warhol, Magritte, Niki de Saint-Phalle. Dernièrement j’ai redécouvert Miro à Venise, un artiste que j’adoré quand j’étais étudiant qui m’a beaucoup inspiré pendant mon diplôme.

Quel genre d’artiste êtes-vous : anxieux, contemplateur, oiseau de nuit, etc. ? C’est dur d’être un « artiste » et d’en vivre aujourd’hui ?

Je suis contemplateur, c’est sûr que c’est l’environnement qui m’inspire. On me dit que je suis lunaire et je crois que je suis très obsessionnel. Je commence en général vers 9h le matin et travaille tard jusqu’à minuit, j’ai du mal à arrêter. J’ai la sensation de manquer de temps tout le temps. C’est certainement ça le plus dur, ce sentiment de ne jamais avoir terminé…C’est une quête perpétuelle. En fait, on ne vit pas forcément de notre passion, c’est la passion qui nous fait vivre.



Si je vous dis éco-design, matières durables... qu’est-ce cela vous évoque ? Avec quel matériau travaillez-vous ?

Forcément, tout cela fait partie de mes valeurs. Je recycle toutes mes gravures mal imprimées « non conforme en tirage d’Art », je redessine par-dessus pour ne pas jeter, j’appelle cela les « Renaissances » et je vais les exposer en septembre. Pour mes sculptures, je ne jette pas le cuivre découpé, je l’utilise pour faire des petits bijoux muraux. Tous mes décors sont imprimés en France, sur mesure pour éviter les pertes, avec de l’encre écologique… Pareil pour mes carrés de soie et mes autres formats d’impression : je privilégie systématiquement le durable. La Nature est essentielle pour moi, elle est ma source d’inspiration première. D’ailleurs, j’ai beaucoup d’affection pour mon livre « Merveilleuse Nature », où je lui rends hommage sur douze planches qui représentent les mois de l’année. L’éditeur, Thierry Magnier, a découvert mon travail lors d’une exposition à Paris et m’a contacté… C’était une première pour moi l’illustration !



Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? Un petit scoop pour « DayByDay, by Barbara » ?

Je viens de terminer l’affiche de la fête des libraires, ce sera le 24 avril. C’est inspiré de la Sant Jordi Catalane (ndlr : en Catalogne, le jour international du livre est une journée de festivités tout particulièrement romantique où l’on célèbre le livre, les roses et les amoureux. On offre un livre et on reçoit une rose en échange). Je prépare également des créations et une collection autour du « souvenir ». Enfin, côté scoop, je signe une collection dans un univers où l’on me connaît peu, et qui sortira cette année... Mais je ne peux pas en dire plus, je suis sous contrat de confidentialité.

Vos projets pour conclure ?

L’événement qui me tient vraiment à cœur et sur lequel je travaille beaucoup s’appelle « Luxuriance ». Il s’agit de ma prochaine exposition personnelle en septembre. Elle est organisée par la curatrice Julia Hountou pour la galerie du Crochetan en Suisse. C’est un grand espace où je peux montrer mon travail du début au plus nouveau, comme les vidéos avec des tableaux vivants (https://www.instagram.com/p/CJf0LpHKaLr/?igshid=157hjpgzpr9cu) . Les jours nouveaux sont à l’horizon !


Un grand merci à Michäel Cailloux.

Pour + d’infos :




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