Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent leurs quotidiens forcément passionnants. Découvrez aujourd’hui un témoignage inédit.
Aujourd’hui : Loïc LAGARDE, photographe - voyageur.
Présentez-vous professionnellement en quelques mots ?
Je m’appelle Loïc Lagarde, j’ai 40 ans. Je vis à Paris et je suis originaire du Croisic au sud de la Bretagne. Je suis papa d’un garçon de 10 ans que j’emmène avec moi en voyage dès que l’occasion se présente pour lui faire partager ma passion de la photo !
Comment la photo s’est imposée à vous ? Cela remonte à l’enfance ?
La photographie est venue progressivement à moi, au fur et à mesure de mes voyages. Enfant, je n’étais pas particulièrement attiré par la photographie mais je dessinais et peignais beaucoup. Malgré ce fort penchant artistique, je me suis orienté, par soucis de sécurité et de conformité certainement, vers des études scientifiques pour devenir ingénieur d’électronique. Mais chasser le naturel et il revient au galop ! Ma passion pour les voyages m’a naturellement orientée vers la photo, deux passions qui vont de pair. La photographie s’est imposée à moi finalement comme la réconciliation de mon côté artistique et technique. Ainsi, je vis de la photo depuis maintenant 10 ans.
Hayao Miyazaki est un dessinateur, réalisateur et producteur de films d'animation japonais à succès, dont « Le Voyage de Chihiro » sorti au Japon en 2001 puis en France en 2002. C’est le plus grand succès de l'histoire du cinéma japonais, tout juste détrôné il y a peu par le film d'animation Demon Slayer.
Un photographe culte comme source d’inspiration ?
Je n’ai pas de photographe préféré ou de personnalité qui m’inspire en particulier. Quoiqu’il en soit je puise mon inspiration des œuvres de nombreux artistes que mon œil a remarqué. Cela peut être autant des photographes que des peintres ou dessinateurs. Je suis par exemple passionné par la culture japonaise et je m’inspire beaucoup des réalisations de Hayao Miyazaki.
Le premier cliché qui vous a fait connaître, quel était-ce ? Depuis, comment ça marche pour vous ?
Difficile de dire. Il n’y a pas eu « un premier cliché » je pense. Mais je me souviens toujours de ma première publication dans un magazine de photo international. Il s’agissait d’une photo que j’avais prise de la cascade Seljalandsfoss en Islande lors d’un voyage en 2012. J’ai eu aussi la chance de rapidement vivre de la photographie et donc de basculer... En effet, fin 2011, une start-up californienne m’avait contacté sur Flickr (ndlr : site web qui permet de partager ses photos avec le monde entier, et en haute qualité. Une sorte de club photo géant à l’échelle mondiale) pour me proposer de faire des photos d’habitations à coté de là où je suis. Il s’avérait que cette start-up s’appelait Airbnb (ndlr : fondé en 2008 par les Américains Brian Chesky, Joe Gebbia et Nathan Blecharczyk. Le siège est à San Francisco, en Californie). J’ai donc été « propulsé » en même temps que cette « licorne » (ndlr : les licornes sont ces start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars) que tout le monde connaît aujourd’hui et qui a explosé. C’est à ce moment que j’ai réalisé que ma présente sur les réseaux sociaux était importante pour me faire connaitre et être sollicité.
Aujourd’hui, quel est votre domaine de prédilection en matière de photos ? Les paysages majoritairement ?
Mon domaine de prédilection fait simplement écho à ma passion pour le voyage. C’est pour cela que je me suis spécialisé dans la photo de paysage mais aussi d’architecture. J’aime par contre me diversifier et j’adore faire des portraits environnementaux par exemple. Mais pour être reconnu, il faut être spécialisé sur un domaine. Plus on fait de tout et plus on s’éparpille !
Racontez-nous l’envers du décor : vous travaillez seul du début jusqu’à la fin ? Y’a t’il un gros travail de préparation pour prendre une photo : lieu, repérage, bouche à oreille, etc ? Ou est-ce au hasard de vos pérégrinations ?
Oui je travaille tout seul. Il y a effectivement un gros travail de préparation pour prendre une photo. Trouver le lieu, s’inspirer de l’existant, comprendre d’où vient la lumière, mais aussi comment on fait pour accéder au lieu. Il y a aussi des facteurs déterminants à prendre en compte comme la météo évidemment mais aussi la saison, l’heure de la journée, etc. Par conséquent, je laisse aujourd’hui très peu de place au hasard. Et même lorsque toutes les conditions sont alignées, la réussite de la photo n’est pas garantie. La photographie de voyage est souvent frustrante et ingrate !
Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour prendre une photo (froid, nuit...) ? Un exemple en tête et une expérience épique de prise de photo à nous raconter avec un résultat bluffant à la clé ?
Jusqu’où je suis prêt à aller pour une photo ? Je suis prêt à mourir... Mais c’est idiot ! Pourtant des exemples de folies ne manquent pas ! Je peux donner l’exemple d’une randonnée improvisée de 4h en pleine nuit dans un parc national américain (Canyonlands). Je suis parti tout seul en pleine nuit en randonnée avec comme seule lumière mon iphone, après avoir conduit non stop 16h, pour prendre en photo une formation rocheuse en forme d’Arche avec la voie lactée en fond ! J’aurais pu me tuer à n’importe quel moment car il s’agissait d’un chemin approximatif au milieu de canyons. J’y suis retourné le lendemain de jour pour voir à quoi cela ressemblait : l’endroit où j’avais pris la photo était tout simplement au bord d’un précipice que je n’avais pas vu la nuit dernière. Résultat des courses, la photo prise n’était même pas à la hauteur de mes espérances ! Quoiqu’il en soit je ne regrette pas ce que j’ai fait car je raconte encore cette histoire aujourd’hui. Et de manière générale, c’est en prenant des risques, en se levant tôt, en parcourant des kilomètres qu’on fait les meilleures photos !
Vous voyagez beaucoup pour vos photos : c’est une condition sine qua non ? Combien de pays au total ? La destination qui vous a résolument plu ? A l’étranger et en France ?
Je ne compte plus les pays que je visite. Aujourd’hui, je m’intéresse plus à approfondir l’exploration de pays qui me fascinent comme le Japon par exemple. J’organise même des tours photos dans ce pays (enfin je pourrais recommencer à les organiser lorsque la pandémie sera passée). La France regorge de magnifiques trésors naturels et patrimoniaux également et j’ai toujours beaucoup de plaisir à la revisiter. Évidemment, je vais dire que la Bretagne est ma région préférée car je suis un peu chauvin !
Comment vit-on et gère-t-on la pandémie lorsque l’on est photographe ? Vous continuez à faire des photos ? La première photo que vous prendre lorsque nous serons déconfinés en juin prochain ?
J’ai pu continuer à voyager en 2020. J’étais au Japon lorsque la pandémie a explosé. Puis je suis rentré en France à la fin du premier confinement et j’ai enchaîné directement sur un grand nombre de reportage partout dans l’hexagone ! 2021 s’annonce également chargée, national et européen. J’ai quand même pu profiter de moments plus sédentaires entre fin 2020 et printemps 2021. Cela m’a permis de travailler sur toutes les tâches que je n’ai pas le temps de traiter, comme mon site Internet, développer mes compétences et ma communication sur les réseaux sociaux.
Vous êtes justement très plébiscité sur les réseaux notamment sur Instagram avec 168k abonnés (ndlr : https://instagram.com/loic.lagarde?igshid=1tmcnu2nxet3z). Les réseaux, c’est un moyen idéal d’expression selon vous et une des clés de votre notoriété ?
Effectivement, je me suis fait connaitre par les réseaux sociaux. D’abord grâce à Flickr et Facebook vers 2010, puis Instagram à partir de 2014. Cela dit, je trouve souvent mes clients en participant à des salons car le contact humain reste selon moi primordial !
C’est vous qui gérez la publication de vos posts ? Qui sont vos abonnés ?
Je mets un point d’honneur à gérer moi-même mes communautés. C’est quelque chose que l’on peut difficilement déléguer selon moi car c’est très important d’avoir une relation de proximité avec sa communauté qui sera d’autant plus fidèle et engagée. J’ai une communauté internationale mais avec une majorité de français et féminine.
Avec quel types d’appareils photos travaillez-vous ?
Avec le temps, je me rends compte que ce n’est pas vraiment le matériel qui compte. Il faut juste être équipé de ce qu’on a besoin pour réaliser les photos qu’on souhaite faire. Je viens de renouveler mon équipement photo il y a peu avec un Canon R5 et plusieurs objectifs dont un très grand angle lourd mais qui me permet de faire des photos avec des perspectives impressionnantes notamment d’architecture. Je suis également télépilote de drone professionnel pour réaliser des prises de vue aériennes même en agglomération. Il m’arrive enfin souvent de faire mes vidéos backstage avec mon iphone !
Avant de devenir photographe, vous étiez dans un tout autre domaine... Le virage en valait le coup ?
Avant « ce virage » je travaillais dans le monde du jeu vidéo ! un environnement technique mais également créatif. L’évolution de ma vie professionnelle a donc quelque part une logique et a laissé progressivement place à mon désir de création ! Ce virage en valait coup ? À votre avis !
Le Mont Fuji au Japon, photographié par Loïc Lagarde.
Parlez-nous de votre cliché préféré ?
Je ne sais pas si c’est mon cliché préféré mais j’aime beaucoup mes photos du Mont Fuji avec sa réflexion miroir prise sur le lac Kawaguchi, notamment celle que j’ai eue la chance de faire en janvier 2018 après une nuit de déluge de neige. Dès que je rêve de prendre un cliché, je mets les moyens en œuvre pour y parvenir !
Côté défi justement, quels seront vos prochaines destination et photo ?
À l’instar de 2020, 2021 sera très hexagonal avec un grand nombre de reportages pour mettre en avant nos belles régions !
Vous qui arpentez la planète, comment va-t-elle selon vous ? Votre regard ?
Deux expériences à raconter à ce sujet : d’abord en 1994, j’ai eu la chance de voir le Kilimandjaro lorsque j’avais 13 ans. Il y avait alors une épaisse couche de neige sur son sommet. Aujourd’hui, cette couche est très fine… Puis, en 2009, j’ai visité la Jordanie et je voulais aller également en Syrie mais je n’avais pas assez de temps donc je me suis dit que la Syrie sera pour une prochaine fois… sauf que depuis le pays a été ravagé par la Guerre. Ma conclusion est la suivante : on n’a plus le temps. S’il faut agir, c’est maintenant.
Un grand merci à Loïc LAGARDE.
Crédits photos : Loïc Lagarde, https://instagram.com/loic.lagarde?igshid=oc10jz0ucp0j