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  • barbaradelaroche

L’itw DayByDay/Franck Gombert:« La reconnaissance de l’auteur dans la fiction, aux USA, est réelle »


Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités inspirantes, étonnantes, fortes, engagées, aux jobs et aux profils variés qui vous racontent leur quotidien et leur réalité. Aujourd’hui, découvrez un témoignage inédit.


Aujourd’hui : Franck GOMBERT, réalisateur, auteur, scénariste et JRI.

(En haut) Franck Gombert, scénariste, a

intégré plusieurs mois l’UCLA (en bas, ci-contre), l'université de Californie à Los Angeles. Entre paysages époustouflants et moments en famille, retour en images made in USA.

Présente-toi professionnellement ?

Franck Gombert : Je suis réalisateur d’émissions et de documentaires, JRI, directeur photo, scénariste et auteur-réalisateur de fiction. Producteur parfois. Ah, et aussi soudeur mais il y a encore pas mal de boulot à ce niveau-là !

Tu as longtemps travaillé en France puis tu es parti en famille aux États-Unis. Pourquoi ce départ ?

Je viens du journalisme et du docu, et cela fait longtemps que j’essaie de rentrer dans le monde de la fiction en France. Ce n’est pas facile, les places sont chères, et même après sept-court métrages, une web série et une formation de scénariste, je ne me sentais pas légitime et je n’arrivais pas à réussir à vivre de ma plume. Ma femme aussi a cette passion de l’écriture et de la fiction, et par hasard, nous avons entendu parler d’une formation « writing for television » à la Film School de UCLA, à Los Angeles. Nous avons passé la sélection sans trop y croire et... nous avons été reçus tous les deux ! Heureusement d’ailleurs car sinon cela aurait été un sacré bazar ! Alors, on a pris les enfants et on est parti avec nos cinq valises, toutes nos économies, un peu la trouille mais surtout l’envie de vivre à fond ce moment. Qu’est-ce que tu as trouvé là-bas qu’il n’y avait pas en France ?

Beaucoup de choses, pas que des bonnes, mais beaucoup de bonnes. D’abord ce qui nous a sauté aux yeux, à part le soleil permanent bien sûr (rires), c’est le positivisme et l’énergie. Les américains ont toujours ce côté incroyable de te pousser, de te dire qu’il faut y croire et que tu vas y arriver. Et cela, dans tous les aspects de la vie. Bien sûr, ce n’est pas toujours vrai, mais cet état d’esprit fait énormément de bien. Cela rejoint aussi la façon de se comporter des américains, basé sur la politesse et la bienveillance. Là encore ce n’est parfois qu’une façade, mais cette façon d’être, ça fait du bien. En France, même si j’aime bien notre côté « gueulard » et « remise en cause », quand ça tourne à la chape de plomb du genre « de toute façon ça ne marchera pas », ça t’enfonce et surtout, au final, c’est contre-productif. Ça ne sert à rien ! Avec les américains, l’esprit d’entraide est hyper présent et très concret au quotidien. Et puis, il est indispensable là-bas car sans quasiment de sécu ou de chômage, si tu as le moindre problème cela peut vite devenir très compliqué.



C’est un rêve américain que tu as finalement réalisé ?

J’ai beaucoup de rêves (rires), et parmi eux oui, il y a une part d’États-Unis et de Californie. La magnificence et la sauvagerie de certains paysages, les plages sans fin à 800 mètres de la maison sous un soleil perpétuel, mais aussi bien sûr la culture. J’ai beau être très fier d’être Français avec tout ce que cela comporte d’héritage, avec mon enfance qui a été peuplée de westerns, de belles bagnoles et de Gomina, je suis aussi un grand fan de science-fiction et de fantastique. Et, soyons honnêtes, sur les milliers de livres, films et séries que j’ai consommés, une immense majorité viennent des États-Unis. Ainsi pour nous, via UCLA, nous avons eu la chance de pouvoir acquérir nombre des clés qui expliquent et permettent d’approcher la qualité de ces œuvres.

Raconte-nous justement comment se passaient les sessions de travail à UCLA ? As-tu concrétisé des projets?

Notre temps a été consacré là-bas à 90% à la formation, il s’agissait d’écrire trois scripts de 52 minutes en anglais en 9 mois, dont deux en partant de zéro. Cela ne semble pas forcément grand-chose, mais en réalité c’est un boulot énorme. Le côté génial, c’est qu’à Hollywood, en tout cas en fiction télé, tout est basé sur le concept de « writing room », c’est-à-dire que tu bosses avec 6 à 10 auteurs. Le but est d’analyser à chaque étape le travail de chacun et de trouver comment l’améliorer. Là encore, l’idée n’est pas de souligner ce qui ne va pas pour rabaisser l’autre mais de trouver des solutions. Niveau égo, c’est un peu dur au début. On met ses tripes dans ce qu’on écrit, mais le résultat en est au final toujours meilleur. En parallèle, j’ai pu aussi grâce à ces acquis vendre une série de fiction audio à Audible, la branche podcast d’Amazon, en 10X30mn.

Côté salaire, c’est mieux payé à Los Angeles ?

C’est mieux payé oui mais le niveau de vie n’est pas forcément meilleur, puisque tu dois enlever de ton salaire la sécu, l’assurance chômage, les études des enfants… Sauf si tu es scénariste, là, c’est différent. C’est fois dix ou vingt par rapport à ce que tu as en France ! La reconnaissance de la place de l’auteur dans la fiction aux États-Unis, où il est à la base et au cœur de toute production, c’est sans commune mesure avec ce qu’on rencontre en France. Pour moi cela explique en très grande partie la qualité des œuvres. C’est aussi un travail main dans la main avec le producteur et cela aussi, c’est déterminant. Donc oui dans ma branche j’ai adoré la façon de fonctionner ici. Je ne suis pas un grand fan du libéralisme économique à tout crin, mais il faut reconnaître que ce côté très capitaliste de considérer une idée par rapport à ce qu’elle va leur rapporter, et non par rapport à d’où tu viens ou à ton nom de famille, ça change beaucoup de choses. L’envers de la médaille, c’est qu’ils peuvent te dégager en deux secondes comme un vieux

mouchoir !


« Dans une « ghost town » à l’entrée de la Death Valley, on a vu le ciel étoilé le plus hallucinant de notre vie ».

LE moment fort que tu retiendras de ton expérience là-bas : le « pro » et celui « en famille » ?

Niveau pro, c’était déjà en « COVID time », donc via l’application Zoom : lors du pitch de mon nouveau projet de série dans le cadre de ma formation, notre intervenant nous a fait la surprise d’inviter des potes à lui. Je me suis retrouvé face à Mila Kunis et Ashton Kutcher. J’étais tellement concentré sur mon taf que je ne les ai pas reconnus avant la fin de ma présentation. Heureusement, sinon je crois que je n’aurais jamais réussi à ouvrir la bouche (rires).

Niveau familial, un seul moment fort c’est chaud ! On a passé tellement de temps à se perdre dans les parcs et camper au milieu de nulle part tous les 4... et chacun était génial. Alors après avoir voté en famille, je dirais le jour où on avait repéré un endroit totalement isolé à des kilomètres du premier être humain, juste à côté d’une ville fantôme, à l’entrée de la Death Valley. On s’est retrouvé au milieu d’une tempête de sable, à devoir monter la tente collée à la voiture pour ne pas qu’elle s’envole. Quand la tempête est tombée, à une heure du mat’, on a vu le ciel étoilé le plus hallucinant de notre vie.

S’expatrier avec des enfants aux États-Unis, c’est une belle opportunité. Qu’est-ce que tu as découvert là-bas et uniquement là-bas ?

Uniquement là-bas, je ne sais pas, en revanche ce qui est sûr c’est que là encore l’enseignement est basé sur la bienveillance et le positivisme. Nos fils étaient dans une école publique et ils ont adoré. Ils ont aussi beaucoup appris à créer par eux même, et pour nous c’est génial.


Trois adresses cultes de restaurants en Californie, selon Franck Gombert : George‘s Burgers, Cold Sprin tavern (à droite) et Rae’restaurant (en bas, à gauche).


Côté nourriture, c’était comment au quotidien ? Good or not good ? Des bonnes adresses à nous donner ?

On va pas se mentir, vu le cout moyen de la vie à Los Angeles, qui a explosé en dix ans, on n’a pas passé notre vie au resto. Niveau bouffe, généralement on préférait la faire. La grosse claque évidemment c’est le fromage. En dehors des blocs de 500 grammes rectangles, blancs ou orange qui ont tous le même goût, ce n’est pas la fête. Ça reste LA bien sûr, alors si tu veux un camembert artisanal fait à la main dans la campagne normande tu le trouveras... mails il faut être prêt à mettre 40 dollars ! Cela dit, nous sommes quand même sortis de temps en temps. Là, comme dans n’importe quel pays où nous avons voyagé, nous cherchions toujours des endroits populaires, des lieux où vont les « vrais » gens. Dans ce sens-là, je conseille vivement George Burgers, sur Lincoln av, le plus vieux burger de Venice et le moins cher de LA. Tu as aussi le Rae’s restaurant, 2901 Pico Boulevard à Santa Monica, un vieux dinner tradi aux super petits dej. Enfin notre spot préféré, adoré par les américains mais où on n’a jamais vu un touriste, c’est la Cold Sprin tavern, dans les montagnes au-dessus de Santa Barbara, une taverne qui date de la fin du 19 eme siècle, en pleine conquête de l’ouest.

Vous êtes rentrés en France depuis peu, pourquoi ? Ton sentiment sur la France : tu trouves que le pays a changé en mieux... en pire ?

On est rentré parce qu’on avait fini notre formation et qu’il n’y avait pas d’opportunité de bosser en fiction dans l’immédiat. Comme on dit, à Los Angeles, la moitié des serveurs est acteur, l’autre est scénariste, donc la concurrence est énorme. Aujourd’hui, après quatorze mois là-bas, nous rentrons en France. Pendant plus d’un an, cela nous a permis de passer des moments privilégiés avec nos fils, ce qui était impossible avant à Paris avec le rythme qui était le nôtre. Notre retour en France s’est passé de la meilleure façon possible, dans le sens où on a de la chance : on est proprio d’une maison, on a des supers amis qui étaient passés remplir le frigo et des familles aimantes qui n’attendaient que nous. Après c’est sûr, ça a été dur : le climat et bien sûr la sinistrose ambiante liée au COVID. Cette période est cinglée, et je pense que tout le monde se dit la même chose où que ce soit sur la planète. Après, j’essaie toujours de garder de l’espoir, et de me dire que les choses peuvent aller mieux et changer dans le bon sens. Une fois passée son côté pessimiste et grognon, le Français peut beaucoup.

Tu vas « reprendre » ta vie d’avant ou t’inspirer de ta vie américaine ?

À part aller à la plage tous les jours et commencer l’apéro à 16h, on n’a pas vraiment vécu de différence entre la vie Française et celle Américaine ! Mais on va essayer au max de garder le positivisme et la bienveillance dont on a bénéficié là-bas.

À l’heure des présidentielles américaines : ton point de vue sur la politique de Trump, en qualité de français expatrié ?

Le système politique Américain est très différent dans le sens où c’est un système fédéral où au final ce sont les États qui décident de beaucoup de choses. En se basant sur ce qu’on a vécu, les délires de Trump n’ont pas souvent d’effet direct sur la vie quotidienne des gens. Bien sûr, dans le fond, il y a des changements puisqu’il fait tout par exemple pour étouffer le début de système de sécu publique mise en place par Obama. Autre point grave, c’est que le système est défaillant depuis longtemps au niveau électoral. C’est une démocratie indirecte, basée sur un système de grands électeurs, et plusieurs présidents dont Trump ont été élus alors qu’ils n’avaient pas la majorité des voix des citoyens. Ça pourrait tout à fait se reproduire dans quelques jours...

Enfin, tes projets pour conclure ?

Continuer à partager cette vie formidable avec mes fils, ma femme, mes amis et ma famille. Avoir l’opportunité de m’échapper au quotidien via ma plume, rencontrer des gens formidables, raconter des histoires passionnantes et les partager.


Un grand merci à Franck Gombert




Crédit photos : Franck Gombert, FB Franck Gomber, Wikipedia, Guillermo Guerrero, Kara S, Jeff Brooks, Miriam Santamaria, Daniel Harms, Staci Schwartz


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