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  • barbaradelaroche

L’itw DayByDay /Sabine Quindou : « Si je dois choisir, le spectacle vivant l’emporte ! »

Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent leurs nouveaux quotidiens depuis le déconfinement. Retrouvez aujourd’hui un témoignage inédit.


Aujourd’hui : Sabine QUINDOU, journaliste, animatrice, auteur et réalisatrice.


Présente-toi en quelques mots professionnellement ? 

Sabine Quindou : Je suis historienne et journaliste de formation. A 15 ans, j’ai découvert que je voulais vivre des aventures extrêmes dans la nature comme Nicolas Hulot, et écrire et voyager comme Albert Londres et Joseph Kessel. Comme Albert, je voulais « porter la plume dans la plaie », dénoncer les injustices et provoquer la fermeture d’un bagne. Comme Joseph, je voulais raconter des histoires épiques et très documentées. Ces passions pour la littérature et les sports dits extrêmes sont restées. Mais ce que j’ignorais alors, c’est que Albert et Joseph étaient davantage documentalistes que journalistes. Ils défendaient leurs points de vue. Après quelques années d’expériences professionnelles, le temps de me rendre compte de mon erreur d’orientation, je suis retournée à l’école pour devenir réalisatrice de films documentaires. Et de là, je suis récemment passée à la mise en scène. Cela étant dit, j’ai appris beaucoup comme journaliste, je ne regrette pas du tout ces années initiatrices.



Les émissions phares que tu as animées ?

Le grand public me connaît généralement pour ma participation sur France 3 à C’est pas Sorcier aux côtés de Fred et Jamy. J’ai aussi rejoint Georges Pernoud et Laurent Bignolas à la présentation de Thalassa. En solo, j’ai animé les magazines Attention fragile ! pour France 5 et Transportez-Moi pour LCP, respectivement sur la protection de l’environnement et la mobilité durable ; puis Les Témoins d’Outre-Mer pour France Ô ; et Inspire sur le savoir-être et le développement personnel.

Ton actu avant le confinement ? 

La saison a commencé en fanfare avec 2 films sur de grandes fêtes populaires, Lumières sur Lyon et Nice, le carnaval pour France 3 ; et une série de 6 représentations de mon dernier spectacle musical, Le petit Guide illustré de la GRANDE Musique avec l’Orchestre National de Lyon. Je devais participer à l’écriture d’un 3ème film et développer de nouveaux projets musicaux quand tout s’est brutalement arrêté. Pour l’instant, tout est annulé.

Où étais tu confinée durant deux mois ?

Dès l’annonce de la fermeture des écoles, j’ai loué un gîte tout près de chez moi, très isolé, en pleine campagne, où je pensais passer 15 jours avec mes enfants. Nous y sommes restés 2 mois.



Comment as-tu vécu ce confinement ? 

Profiter d’un grand jardin et de sorties en forêt a été un luxe. J’ai aimé passer beaucoup de temps avec mes enfants, voir comment ils travaillaient à l’école, comprendre leurs liens avec leurs maîtresses. J’ai aimé ne pas consommer. J’ai aimé créer et animer Les Parents Sorciers, un groupe de solidarité sur Facebook pour nous aider à traverser cette crise avec nos enfants (https://www.facebook.com/groups/671939903575462/). J’ai découvert les réseaux sociaux sous un aspect que je ne leur connaissais pas. J’adore ce groupe, très réconfortant, très bienveillant et très drôle !

Ça a changé ton regard sur la vie ?

J’ai aimé prendre des décisions pour que ma vie d’après bénéficie justement des enseignements de cette crise, et j’ai commencé à les mettre en application. Je ne me plaindrai pas alors que tant de gens ont vécu péniblement dans de petits appartements, mais évidemment ma famille, mes amis, mes collaborateurs m’ont énormément manqué. 55 jours sans voir personne ! C’était long, non !? Mes petits craquaient à la fin… J’ai aussi été ébranlée par la notion des métiers essentiels à la vie de la nation, mais j’en ai conclu que le partage du savoir et de la culture était absolument vital. 

Depuis trois ans, tu es à l’origine de spectacles musicaux pédagogiques pour initier le plus grand nombre à la musique classique joués à l'Auditorium de Lyon. Comment passe-t-on d’animatrice à créatrice de spectacles ? 

Entre journaliste/animatrice et auteur/metteur en scène, je suis passée par la case auteur/réalisateur. Il existe de nombreux points communs entre l’écriture d’un film et celle d’un spectacle. Les questions fondamentales sont les mêmes : à qui s’adresse-t-on, avec quel langage, quels sont les thème développés ? Ma première mise en scène, c’était une adaptation de C’est Pas Sorcier en spectacle dans le cadre d’un festival de sciences en Belgique. Je me suis lancée sans craintes parce que j’étais entourée par une partie de notre ancienne équipe, dont mon acolyte Fred. Je n’ai commencé à avoir peur qu’au moment des répétitions quand j’ai réalisé l’ampleur du projet que j’avais pourtant moi-même écrit. Musique live, changement de décor à vue, manipulation de maquettes géantes et des paquets de textes à retenir… Je ne savais même pas comment organiser les répétitions, j’ignorais le rôle du chef de plateau, du régisseur, etc. Bref, je ne connaissais rien du spectacle vivant quelques jours avant de jouer devant 3000 personnes. J’ai du apprendre à toute vitesse mais j’étais très bien entourée. Non seulement on a fait un carton mais j’ai adoré performer sur scène. Du coup, quand j’ai été contactée quelques mois plus tard par l’Auditorium-Orchestre National de Lyon pour créer une nouvelle forme de concert grand public, j’ai sauté de joie en me disant : oui, je peux le faire !


Du coup, tu es sur scène accompagnée de l'ensemble de cuivres et percussions de l’orchestre nationale de Lyon et d’une voix off. Quel rôle as-tu endossé : animatrice ou carrément comédienne ?

La première fois que je me suis mise en scène, je jouais sur le plateau mon rôle d’animatrice de C’est pas Sorcier. Une fois passées les répétitions, l’expérience m’est apparue énergisante -c’est vraiment chouette de rencontrer le public en vrai- mais relativement fastoche et sans danger. Pour mon premier spectacle musical en revanche, je me suis écrit le rôle d’un personnage bien différent. Sans tout à fait m’en rendre compte en fait. J’ai écrit une histoire qui me plaisait, expliquant le fonctionnement des cuivres, avec des personnages qui me plaisaient aussi. C’est Françoise Carrière, la comédienne qui me donne la réplique en off, qui m’a coachée pour que j’accepte de jouer pleinement la comédie, sans me réfugier derrière mon image d’animatrice télé. Sur le coup, j’ai eu vraiment très peur. Au début, j’ai eu l’impression de me présenter toute nue devant le public. Et puis j’ai découvert le pouvoir de l’intention, la qualité de l’écoute, la force des silences, et là paf ! Ça a été la révélation. Je me suis sentie plus libre que jamais. Physiquement, j’avais la sensation que mon corps était totalement à mon service, j’étais totalement disponible pour chacune des 2000 personnes du public, parfaitement libre d’improviser sans abîmer ni la pièce ni la mise en scène, en pleine conscience de mes compétences.

J’imagine qu’il a fallu nombre un d’heures incroyables de répétition ?

Si les gestes et les déplacements étaient mécanisés, le texte parfaitement assimilé, jouer avec les musiciens d’un orchestre symphonique était en effet LE challenge ! Alors soit cela vous colle la pression et ne vous quitte plus, soit cela vous pousse à donner le meilleur de vous-même. Et, il est arrivé un moment, face au public, où portée par la musique, je n’ai plus eu de doutes. Plus de pensées, plus de ruminations, plus de peur. C’est difficile à décrire mais en résumé, c’était ça, j’étais pleinement consciente de tout de ce que j’étais en train de faire et de tout mon environnement, et très heureuse de l’être pour profiter de chaque minute.



Tu en es à combien de spectacles écrits et joués aujourd’hui ?

J’en suis à 4 créations en 3 ans. Après Souffler n’est pas jouer sur le fonctionnement des Cuivres en janvier 2017, j’ai écrit La Musique classique, c’est quoi ? sur le langage tonal développé par Haydn, Mozart et Beethoven ; puis Au cœur de l’Orgue, également produits par l’Auditorium-Orchestre National de Lyon. Et puis, le dernier de la lignée, c’est Le petit Guide illustré de la GRANDE Musique, une histoire de la musique avec orchestre en grande formation, plus de 100 musiciens.

À la manière d’un épisode de « C’est pas sorcier », tu emmènes le jeune public à travers le temps et à la découverte de la musique classique ?

C’est un spectacle musical en quatre chapitres sur des œuvres du répertoire baroque, classique, romantique et moderne. À quoi sert le chef d’orchestre ? Quand est-il apparu ? Combien l’orchestre compte-t-il de musiciens ? Pourquoi les cordes sont-elles plus nombreuses que les cuivres ?

En visitant la musique classique, quels compositeurs as-tu découvert ?

Mozart ! Il y a eu cette journée folle au cours de laquelle j’ai écouté en boucle les 25e et 40e symphonies ! Et puis, Haydn, Bach, Beethoven, Wagner, Debussy, Brahms pour n’en citer que quelques uns. Je suis fascinée par leur musique que j’ai appris à écouter, leurs parcours de vie et leur manière de composer. Ils sont eux-mêmes

très inspirants. J’ai piqué à Haydn la construction vif-lent-vif de ses symphonies, à Wagner le principe du leitmotiv, à Debussy les silences… Et comme eux, j’essaie de maîtriser parfaitement la technique de l’écriture dramaturgique pour pouvoir ensuite me laisser porter par l‘intuition. Et puis, j’ai découvert le compositeur et chef d’orchestre américain Léonard Bernstein, le créateur de West Side Strory, qui a beaucoup communiqué avec le grand public. Dans son livre La Question sans réponse, il écrit « En tant que musicien, je suis sûr qu’il existe un moyen de parler de musique avec des mélomanes intelligents mais amateurs, qui ne savent pas différencier une strette d’une quinte diminuée », ce qui est mon cas. J’ai eu l’impression qu’il s’adressait à moi personnellement. J’arrive Mr Bernstein ! Vous faires un pas vers moi en rendant la musique classique accessible au grand public depuis votre point de vue d’expert ; moi je fais un pas vers vous en partageant mon enthousiasme avec le grand public depuis le point de vue de celui qui découvre !

Sabine Quindou et les musiciens de l’Orchestre National de Lyon durant une représentation du spectacle Le petit Guide illustré de la GRANDE Musique. (À gauche, en bas) La voix Off incarnée par Françoise Carrière et (à droite, en bas) l´organiste Thomas Kientz.


Quel a été l’accueil du public ?

Il ne s’agit pas d’une conférence accompagnée par de la musique mais d’un spectacle écrit comme un film, qui mélange les codes du documentaire et de la fiction, sur le ton et le rythme d’une comédie, sans quatrième mur entre la scène et la salle. Le public a toujours un rôle à jouer et parfois communique directement avec les musiciens. C’est complexe à écrire mais il semblerait qu’on ne voit pas les ficelles, Bach disait qu’il faut effacer l’art par l’art. Les musiciens se rendent vite compte du soin que j’ai porté à la conception. Du coup, ils adhèrent et il se crée une sincère complicité entre eux, La Voix et moi, qui se diffuse jusqu’au fond de la salle. Le public dit qu’il est enthousiasmé par tout ce qu’il a appris. J’ai été surprise de découvrir qu’il riait et pleurait beaucoup. De nombreux spectateurs m’ont expliqué qu’en riant de mes déboires avec La Voix, ils lâchaient complètement prise et se faisaient ensuite d’autant plus facilement « cueillir » par la musique.

Et ta famille... qu’ont-ils pensé de ta performance ?

Ce qui est très chouette, c’est que les membres de ma famille oublient que je suis sur scène. Ils se laissent happer par l’histoire et ne voient plus que le personnage. La première fois que ma sœur m’a vu en spectacle, elle avait le trac pour moi avant le démarrage, et puis elle a oublié que j’étais sa sœur, et quand elle s’en est souvenue au moment des applaudissements, elle s’est sentie frustrée. Elle m’a dit : « Mince, j’ai oublié que tu étais ma sœur à moi sur scène, je voulais que vous recommenciez depuis le début pour pouvoir te voir, toi ! »



On te sent accomplie, heureuse... ça t’a changé cette expérience artistique et musicale ?

Professionnellement, j’ai énormément gagné en compétences, dans tous les domaines, écriture, mise en scène, jeu. Personnellement, j’ai beaucoup gagné en confiance. Je sais maintenant que c’est sur ce chemin-là que je pourrai réaliser la meilleure version de moi.

Je trouvais déjà que la vie était belle avant cette aventure. Je la trouve maintenant extra belle ! En fait, ça a surtout changé mon rapport à moi. J’ai l’impression de me découvrir, avec des potentiels que je ne me connaissais pas. J’essaie maintenant de comprendre pourquoi je suis aussi efficace et sûre de moi dans ce type de projet ; et pleine de doutes et de craintes en d’autres occasions.

Qui t’a fait confiance en premier lieu via ce projet ? 

Jane-Lise Meunier et Arnaud Brovillé, du service des actions culturelles de l’Auditorium-Orchestre National de Lyon, qui m’ont laissé carte blanche pour la mise en scène ; et le directeur de production Mathieu Vivant qui, à chaque nouvelle création, a débloqué un budget toujours plus conséquent pour permettre au projet de s’épanouir. Il m’a par exemple proposé de travailler avec Fabrice Oudin, scénographe et créateur lumière, pour tirer le meilleur parti de l’Auditorium qui est une très belle salle.

Quelle relation entretiens-tu avec les musiciens ? 

Ils me font un peu peur parce qu’ils viennent de l’école de l’excellence et en même temps ils me motivent parce que partager le plateau avec un orchestre symphonique, ça se mérite. Le plus terrifiant, c’est la première répétition, quand je présente le bébé pour la première fois. Ensuite, nous travaillons avec beaucoup d’exigence et de précision, ce qui est très enthousiasmant. Puis la complicité s’épanouit au fil des représentations. Parmi mes plus belles récompenses, je retiens les félicitations qui m’ont été officiellement adressées par une délégation de musiciens au nom de l’Orchestre National de France !

Comment se dessine l’avenir en termes

de projets ?

Avec la crise sanitaire, la donne est bouleversée. Les salles de concert et de spectacles peuvent ouvrir mais le public doit être éparpillé et masqué. On ne sait pas encore s’il viendra nombreux dans ces conditions. Les budgets sont fragiles, les priorités artistiques difficiles à déterminer. Mais cette mauvaise passe passera. En attendant de retrouver le spectacle vivant tel que nous l’aimons, nous pouvons inventer d’autres moyens de conserver le lien avec le public. Je suis en train de développer 2 projets avec l’Orchestre National de Lyon et l’Orchestre National de France. Je n’en dis pas davantage. Dans nos métiers, on n’aime pas trop dévoiler ce qui n’est pas encore abouti.

Ces spectacles, ça veut dire que tu ne seras « plus jamais » animatrice ? 

Je suis aussi journaliste/animatrice et aussi auteur/réalisateur. Je trouve plus confortable de diversifier mes activités, ne serait-ce que pour contrecarrer la précarité de l’intermittence du spectacle. Mais si je dois choisir, le spectacle vivant l’emporte.


Est-ce qu’il y a une émission aujourd’hui que tu rêverais d’animer ? 

« Rendez-vous en Terre inconnue » ou bien celle que je suis en train de mettre sur papier…



Durant la saison 2011-2012, Sabine Quindou coprésente avec Georges Pernoud et Laurent Bignolas (au milieu et en bas) le magazine Thalassa trois vendredis par mois en première partie de soirée sur France 3. (En haut) Patrick de Carolis.


Enfin, dans ta carrière riche et variée, quel est le top 5 des personnalités qui t’ont marquées d’hier à aujourd’hui ? 

Mon premier rédacteur en chef à France 2, Rémi Roche qui m’a dit : « Va chercher l’info à la source, bordel ! ». Mon deuxième rédacteur en chef à l’AITV, Yves Dubois : « Quinze jours de tournage à Madagascar ? Vous me demandez ce que vous croyez que je peux vous accorder, pas ce dont vous avez besoin pour réussir votre film. Prenez 21 jours ! ». Patrick de Carolis en produisant mon premier film : « Vous ne travaillez pas pour moi, vous travaillez avec moi.» Georges Pernoud en me confiant une collection de films pour Thalassa : « Vous partez 4 semaines en tournage dans le Pacifique. Faites ce que vous savez faire et qui fait que vous êtes vous. Si possible, tenez-nous au courant. Sinon, nous verrons les images à votre retour. On vous fait confiance.» Et dernièrement, Arnaud Brovillé, musicologue à l’Orchestre national de Lyon : « Tu veux démarrer le spectacle en pyjama et jouer avec des oreillers pour décrypter le langage tonal !? Je ne comprends rien à ta mise en scène mais vas-y ! »

Un immense merci à Sabine Quindou


Prix et Récompenses :

- Premier prix AJIS (Association des Journalistes de l’Information sociale) pour l’enquête « Hôpital : une école de santé ?».

- Prix du meilleur film TV au festival Mediterranéa, Prix du Public au festival Toiles de Mer, Master Pro-Argent à la Fête européenne de l’image sous-marine et de l’environnement pour le film « Festin sous la mer, Carnets de plongées en Australie »  en 2011.

- Depuis 2009, Sabine est l’animatrice de l’attraction dynamique «La Terre en Colère » à Vulcania.


Sources photos : @EdGeorgesQuindou, @emmanuellendiaye (« la musique classique c’est quoi ? » et Sabine Quindou avec l’organiste Thomas Kientz) , @bertrandgaudiliere ("Au coeur de l'orgue") + @FranceTélévisions (saut) , Les Temoins d’Outre-mer Nathalie Guyon/ Francetv, Francoise Carrière par Voxing Pro, Sabine Quindou




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