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  • barbaradelaroche

L’itw DayByDay / Renaud Corlouër : « Je peux aimer le côté paillettes mais ça ne me grise pas ! »


Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent leurs nouveaux quotidiens depuis le déconfinement. Retrouvez aujourd’hui un témoignage inédit.

Aujourd'hui : Renaud Corlouër, photographe de stars

Renaud Corlouër (sur fond blanc), 25 ans de carrière : « la photo, je savais que c’était l’histoire de ma vie ! ». Ici, Sting, Beyoncé, Johnny Hallyday dont il a été le photographe officiel (après Daniel Angeli), Rihanna et Lenny Kravitz.


Présente-toi en quelques mots professionnellement ?

Je suis photographe professionnel depuis plus de 25 ans. J’aime la musique, la mode, les voyages mais par-dessus tout j’aime les rencontres et c’est pour cette raison que je photographie exclusivement les personnes. 

Où vis-tu ?

A Paris.

Comment définirais-tu ton travail ?

Comme un face à face, une traversée du miroir parce que j’aime photographier l’âme des modèles. C’est une approche résolument intimiste : j’essaie de ressentir ce que dégage la personne pour coller au mieux à son caractère et capter l’émotion. Mon travail est d’aller précisément chercher la force dans le caractère de la personne pour en faire des photographies iconiques. 

C’est très subjectif l’émotion... Est-ce qu’elle est forcément systématique entre le modèle et toi ?

Il n’y a pas de règles mais je prends toujours le temps avec les modèles. Quelques jours avant le shooting, on se rencontre pour discuter, boire un verre, parfois même dîner ou déjeuner. C’est fondamental car je fonctionne énormément au feeling. La photographie n’est que la finalité. 

Et si tu ne disposes que de quelques minutes, le feeling a tout de même le temps

de se produire ?

Bien sûr, je travaille avec des internationaux que je rencontre le jour-J, lors de la prise de vue. Même s’ils ont validé en amont mon travail, avant de démarrer, je prends toujours un peu de temps pour leur montrer mes images et le style de photos que je fais. 2-3 minutes suffisent... Et, au final, on obtient plus de force à l’image, quitte à un peu moins shooter. C’est un travail et une approche plus personnalisés mais qui me permet aussi de surprendre... Y compris les icônes ! J’aime précisément les étonner !


(De gauche à droite) David Bowie, Iggy Pop, Johnny Hallyday et Beyoncé. Un intense « face à face » en noir et blanc.


Quelles icônes as-tu ainsi bluffées ?

Bluffées je ne sais pas, c’est un peu prétentieux mais surprises oui ! Il y a David Bowie, Johnny Hallyday, Iggy Pop, Mick Jagger ou encore Lenny Kravitz.

Finalement derrière ton objectif, tes modèles se sentent bien ? 

J’espère qu’ils se sentent bien, c’est mieux quand même (rires) ! Je pense surtout que l’humour, la relation de confiance et le respect mutuel sont les garants d’un bon shooting.


Albert Dupontel, Charlotte Gainsbourg, Jennifer, Jean Dujardin, Vincent Cassel derrière l’objectif de Renaud Corlouër (en bas, à droite).


Mais comment obtiens-tu cette intensité sur les photos ? 

Peut-être parce que je ne me laisse pas  « impressionner » par les photos déjà faites ni par les carrières. Moi je veux faire une photo exceptionnelle avec les stars et pour cela, je vais aller chercher un peu plus loin. Je les pousse à me donner quelque chose qu’il ne montre pas facilement. Forcément je crée une relation plus intime, plus profonde et j’obtiens une image plus forte. Je ne me laisse pas avoir par le côté « paillettes » : je ne ne suis pas fan et je ne l’ai jamais été. Ça peut paraître un peu particulier mais pour moi c’est ma normalité. Je travaille depuis longtemps au quotidien avec des gens célèbres et donc je ne suis ni surpris de voyager, de photographier, de dîner ou d’échanger avec des gros artistes. Finalement je suis normal avec eux et ils sont simples avec moi (rires) !

D’où t’est venu ce goût pour la photo ?

Par passion. Je savais que c’était l’histoire de ma vie. J’ai toujours été très visuel, avec une âme artistique profonde. Et puis, j’ai eu la chance de grandir au sein d’une famille artistique (ndlr : son papa etait styliste).

Qui t’a mis un appareil photo entre les mains pour la première fois ?

Mon grand-père maternel était passionné de photo, il développait ses clichés dans sa cave. Même si j’étais très petit, je me souviens des odeurs de labo, de l’appareil photo qui traînait  sur la table et de sa passion de nous prendre en photo. Enfant, je ne savais pas que j’allais devenir photographe mais une fois adolescent, c’est vite devenu évident. J’ai commencé des études de photographie et d’emblée, j’ai su que c’était pour moi. J’ai eu ma première parution quand j’étais encore étudiant. 

Quelle a été cette première parution ? 

Lenny Kravitz, dans un magazine de rock. J’avais 17 ans. À l’époque je ne me posais pas de question : j’étais passionné, déterminé, je rentrais dans les concerts, faisais des photos et j’allais dans les hôtels où étaient  les artistes pour leur offrir un tirage ... J’essayais de rentrer dans les loges, je me faufilais, j’avais un côté un peu filou : j’arrivais à passer toutes les sécurités ! Je devais avoir une bonne tête, j’avais des cheveux à l’époque (rires) ! Et puis, j’achetais au kiosque tous les magazines, j’appelais les rédacteurs en chef et leur proposais mes photos.

Et ça a « payé » ?

Oui, un rédacteur en chef m’a dit de passer le voir. Au lieu de faire un quart de page, j’ai fait un portfolio de 8 pages et ça a démarré assez vite. 

Tu avais de la « tchatche » ?

Pas de la tchatche mais je savais monnayer mes photos. J’avais remarqué que les magazines profitaient de la jeunesse, de la naïveté mais je ne cédais pas. Ma passion avait un prix ! Ça me coûtait de l’argent de faire des photos, d’acheter du nouveau matériel comme les premiers flash, donc il fallait que de l’autre côté ça soit rapidement rentable ! 

Avec quel appareil photo as-tu commencé ? 

Avec des appareils argentique. Du coup, j’achetais au fur et à mesure mes premiers objectifs. C’étaient des appareils manuels à l’époque donc ça m’a permis d’apprendre la photographie de façon très puriste. 


« Lorsque je voyage, je ne photographie pas les paysages mais toujours les gens que je croise. J’adorerais aller au Tibet pour la particularité des visages ». Ici, clichés pris sur l’instant au Brésil, à Bangkok, au Cambodge, en Afrique et à Cuba.


Comment t’es-tu fait connaître et reconnaître dans ce métier ? 

Les choses se sont faites naturellement à force de patience et persévérance. Mais aussi grâce aux artistes internationaux avec qui j’ai travaillés. Je ne suis pas resté cloîtrer en France et je me suis exporté : Japon, Angleterre, Etats-Unis... Même s’il y a eu beaucoup de périodes différentes dans les médias, je pense que toute la période fin des années 90 a été explosive. J’ai photographié toute la vague des Pop idols aux Etats-Unis comme Beyoncé du temps des Destiny Child, Rihanna, Eminem, Britney Spears qui faisaient leurs débuts et qui sont devenues des grosses stars par la suite. Ça crée un lien assez unique d’ailleurs pour la suite parce que l’on fait partie de leur histoire. 

Ta spécialité aujourd’hui c’est la « photo humaine » ? 

J’ai même l’impression d’être parfois psy avant d’être photographe (rires). La photographie fait développer beaucoup de sens. Il faut être curieux, avoir envie de rencontrer des gens, les comprendre et partager des choses avec eux. C’est une véritable philosophie...


« Même si j’ai un travail de l'ombre, je dois amener sur un shooting un travail d’artiste à artiste, un rapport d’égalité » confie Renaud Corlouër. Ici, Sting, Tony Parker et Noémie Lenoir sous l’œil du photographe.


Parle-nous de ta technique, en matière de photos : c’est un jeu précis de lumières ? 

J’aime dessiner les modèles avec des jeux d’éclairage et l’idée du tableau photographique. J’aime que l’over-réalisme ait pour effet, pour ceux qui regardent la photo, de pouvoir toucher la personnalité du bout des doigts. Pour cela, il faut qu’il y ait de la texture, qu’on voit le grain de peau.

« Je touche à plusieurs univers mais j’ai un dénominateur commun c’est que je photographie toujours des gens. J’ai besoin de vibrer ! »


Musique, cinéma, mode, sport... tu as approché beaucoup d’univers différents. Quel est le celui où tu t’éclates le plus véritablement ?

La musique est le domaine dans lequel j’ai le plus de facilité parce que j’ai commencé par ça donc c’est très instinctif et naturel...Même si aujourd’hui je fais de plus en plus de photos de mode - un univers très créatif-, et de publicité, régie par les codes marketing. Mais je m’éclate toujours autant car j’ai la chance de faire ce que j’aime.

Tu n’as jamais eu la grosse tête ?

Non jamais. Je n’aime pas les personnes prétentieuses, ce n’est pas une valeur qui me plaît. J’ai toujours eu une vie très saine. Je ne bois pas, je ne fume pas, je ne me drogue pas, j’ai une vie assez équilibrée et je fais du sport. Je peux aimer les paillettes... mais ça ne me grise pas !



Ton plus grand souvenir photo ? 

J’en ai plusieurs. J’ai fait tellement de belles rencontres. En France, c’est Johnny. Je l’ai photographié la première fois en 1997, on a travaillé ensemble aux États Unis puis on s’est revus après souvent. Quand on a sorti notre premier livre ensemble (ndlr : « On the road » paru en en 2014 suivi de « Rêve noir » en 2015), Johnny m’a dit : « merci, c’est le plus beau livre de toute ma carrière ». Ça fait quelque chose. C’était aussi une personne que j’adorais humainement. C’était un challenge de photographier quelqu’un qui avait tout vécu et de poser un regard malgré tout différent sur cet artiste. C’est une belle histoire et ça reste une rencontre importante. On a été très complices. Notre dernier livre ensemble s’appelait « Inside » (ndlr : le livre tout en images révèle un Johnny Hallyday plus intime et rock’n roll, des photographies inédites accompagnées d’anecdotes).

Le plus beau compliment que tu aies reçu ?

Je ne suis pas toujours sensible aux mots. Je préfère voir une personne émue, ça me touche davantage. Ou encore quand je croise des personnes qui me disent qu’ils avaient ado, dans leur chambre, le poster d’une de mes photos.  

Quand sens-tu et sais-tu que tu tiens « LA » photo ?

Lorsque l’étincelle se produit. Si je ne ressens pas cette étincelle, c’est que je n’ai pas la bonne image et que c’est raté. Je ne veux pas être mécanique en prenant mes photos. Il faut que l’émotion soit là. 

(De haut en bas, à gauche) Patrick Dempsey, Frédérick Bousquet, Sébastien Chabal. Au centre, Laury Thilleman. (De haut en bas, à droite) Michael Bublé, Mika et Tony Parker.


C’est ta marque de fabrique ?

C’est au-delà de ça, c’est surtout ce que je sais faire ! Quand on regarde mes images sans regarder le crédit avec mon nom, c’est aussi un très beau compliment ! On a son style ou on ne l’a pas. Quand je vois une photo de Peter Lindberg ou de Helmut Newton, je sais qui ils sont, ce sont des photographes que j’admire depuis toujours. Je pense que mon ADN est là ! 

Helmut Newton, photographe australien d’origine allemande, mondialement connu pour ses photographies de mode et de nus féminins.


Ton photographe culte ?

Helmut Newton, c’est la première expo que j’ai vue. J’étais étudiant et je remercie mon prof d’Art qui nous a emmené, ça m’a conditionné ! 

Un cliché que tu aurais aimé prendre ?

Ça va être assez cliché mais je trouve que « Le baiser de l’hôtel de Ville » de Robert Doisneau est une photo belle par sa simplicité. Et j’y pense toujours quand je passe devant d’ailleurs (sourire).



Qui se cache derrière l’œil du photographe : ton acteur préféré ? Ton film culte ?

J’aime bien Clint Eastwood, son visage...  il me rappelle mon grand-père (rires) ! Mon film culte ? Je crois que c’est générationnel: « Rocky ». J’adore. Ça me donne la rage. D’ailleurs la première fois que j’ai rencontré Sylvester Stallone, ça m’a marqué. J’espère le photographier à nouveau. Quand j’ai un coup de mou ou que je pars faire du sport ou que j’ai un shooting, ça me donne la pêche ! Je prends mon appareil photo à la place des gants de boxes et c’est parti ! Il y a d’autre films qui m’ont marqués comme « Le Silence des agneaux » ou esthétiquement les films d’Alfred Hitchcock. 

En plus de vingt ans de carrière, tu as enchaîné campagnes d’affichage, couvertures de magazines et pochettes de disques... quel est le top 5 des personnalités qui t’ont marqués ?

David Bowie, Michael Jackson, Johnny Hallyday, Iggy Pop et Beyoncé.


Les 3 frères Taryll, TJ et Taj Jackson, membres du groupe 3T, au style pop, RnB, rock et soul, photographiés par Renaud Corlouër. Leur premier album « Brotherhood » en 1995 connaîtra un grand succès notamment en France.


Michael Jackson, c’était le « must », non ?

Oui mais je m’en suis rendu compte après coup ! Je garde le souvenir d’un mec souriant, cool. Je connaissais ses neveux les 3T avec qui j’avais travaillé donc je suis arrivé sur un terrain de confiance. C’était en 2007. Je l’ai photographié à Los Angeles lors d’un anniversaire d’amis que l’on avait en commun. Je ne savais même pas le matin que j’allais le faire ! Et tant mieux d’ailleurs. Mais je n’ai pas pu le photographier dans des conditions extraordinaires donc pour moi, ce n’est pas une grande photo. Mais sur le plan musical, oui c’était culte. Il était culte, il a bercé ma génération avec l’inoubliable moon walk !

Donc tu te déplaces toujours avec ton appareil photo ?

Non, pas toujours non ! 

Tu aurais pu râter l’image ?

J’aurais pu mais je savais quand même qu’il était là (rires)... j’étais prêt.

Comme as-tu vécu le confinement ? 

Ça a changé mon quotidien comme tout le monde. Mais quand on fait un métier artistique l’avantage c’est que l’on a un monde à soi, on a la chance d’avoir pleins de choses à faire, on a pleins de projets donc je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. J’ai pris le temps aussi de réfléchir, de m’occuper de ma famille et de ma vie privée. Cette épreuve que l’on a tous vécu où il y a eu des drames humains, des gens qui ont souffert, j’espère que d’un point de vue politique ça fera bouger les choses... 

Comme quoi ?

Comme la nécessité d’avoir UNE conscience ! 


Quels sont tes projets ?

J’ai pleins de projets de livres et une expo qui a commencé le 15 juin dans les rues de Saint Tropez et qui s’appelle « Iconic » (ndlr : une belle rétrospective de stars en images sur 25 ans de carrière), visible jusqu’au 31 juillet.

Entre Instagram et le papier, quel

est ton support préféré ? 

C’est toujours les couvertures de magazine et les pochette d’albums. Sur Instagram, je communique très peu. Je suis plutôt sur la retenue. Je ne ressens pas une nécessité absolue de tout montrer, j’aime bien entretenir le côté secret de la photo mais par contre j’aime bien publier des making off ou des stories pour montrer l’envers du décor.

La personnalité que tu rêves d’immortaliser ?  

J’ai été gâté dans ma carrière donc ce serait plutôt une personnalité qui n’est plus que j’aurais rêvé de photographier  : Gainsbourg ou Freddie Mercury. Des personnalités fortes... toujours. 

Day by Day, qui est aussi le nom du blog, ça t’évoque quoi ?

Il faut voir la vie jour après jour et la voir du bon côté. Day by day... step by step. 


Un grand merci à Renaud Corlouër.

Pour plus d’infos : www.renaudcorlouer.com


Crédits photo : Renaud Corlouër.

Allociné, Pinterest.




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