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  • barbaradelaroche

L’itw DayByDay / Marie-Laure Hubert Nasser : « Depuis mes 15 ans, je sais que je serai écrivain ! »

Dernière mise à jour : 16 juil. 2020

Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent leurs nouveaux quotidiens depuis le déconfinement. Retrouvez aujourd’hui un témoignage inédit.


Aujourd’hui : Marie-Laure HUBERT NASSER, romancière et directrice de communication à la Mairie de Bordeaux.


Auteure de : 2 romans parus chez Passiflore : « La carapace de la tortue » édité également chez Folio Gallimard et « Spleen machine ».
« Semblant sortir du noir », un recueil de nouvelles paru en 2017.
« Petit guide à l’usage des femmes qui s’engagent en politique » chez Payot, sorti dernièrement.
Engagée également pour l’égalité des femmes et des hommes via de nombreuses initiatives, prises de parole, écrits et parutions.



Présentez-vous en quelques mots : quelle romancière êtes-vous ?

Marie-Laure Hubert Nasser : Il est toujours complexe de se décrire, de parler de soi dans l’intimité que représente la création artistique. Je vais tenter de poser des mots et des images… Mon univers est souvent féminin, ancré dans le monde d’aujourd’hui. Il met à nu les sentiments humains les plus profonds et s’appuie sur une forme de résilience. C’est un univers où affleurent par d’infinies touches notre fragilité, nos souffrances, nos dérives, nos espérances…



Lorsque vous étiez enfant, quel premier livre vous a marqué ?

Mon premier, je m’en souviens, ma mère qui est une artiste et grande lectrice m’a mis entre les mains « La guerre des boutons », j’étais très jeune et j’avais épuisé les lectures d’ados, il me fallait passer de l’aventure à l’écriture… et au premier éclat de rire, je me suis dit qu’un monde venait de s’ouvrir dans lequel il faisait bon grandir ! Je suis imaginative et j’ai bien souvent un univers en couleurs qui se déploie au fil de la lecture. Un lecteur m’a dit il y a peu : « je crois que je pourrais reconnaître vos héroïnes dans la rue… ». Et bien voilà pour moi un signe de cette vie qui se construit au fil des lectures… Cette première expérience a ouvert la porte à toutes les autres. J’ai entamé la lecture des classiques avec le désir de les lires tous, dès que je les avais en main… L’intégralité de l’œuvre de Vian, Balzac, Stendhal, Fitzgerald… Beaucoup d’hommes et plus je les lisais et plus mon désir d’écrire diminuait, pour devenir une toute petite voix qui soufflait… « Tu n’y arriveras jamais »...

« Comment se hisser à leur hauteur ? Impossible… ». Déjà le plafond de verre ! Mais j’ai vécu une expérience qui est restée vive dans ma mémoire. J’étais collégienne. Notre professeur de Français nous avait demandé d’écrire un souvenir d’enfance de vacances. Je me suis lancée dans l’histoire fictive d’une enfant et de sa grand-mère. Nous avons dû lire nos textes à haute voix et à la fin de ma lecture, la classe est restée plongée dans un silence. Certains avaient les larmes aux yeux. Me regardaient bizarrement. J’étais gênée. C’est un âge où l’on ne souhaite pas être différent des autres. Je me demandais ce que j’avais raté. Puis le professeur, ému, m’a félicitée et j’ai compris alors la magie de l’écriture. Sa capacité à transmettre une émotion. A toucher le cœur.

Le livre qui vous a donné envie d’écrire ?

On ne sait pas vraiment d’où vient l’envie d’écrire mais on découvre l’envie de lire, la passion des livres... Pour écrire, il faut être sûre de soi, oser partager est une autre étape.



Le livre ou l’écrit d’une femme qui vous a interpelée vous qui êtes justement très engagée auprès de la cause féminine ?

Le livre qui m’a interpelée et que j’ai offert de nombreuses fois, c’est celui de Chimamanda Ngozi Adichie « Nous sommes tous des féministes » ! Je crois que c’est celui qui explique le mieux l’urgence de le devenir ! Oui, la littérature est aussi un domaine où les femmes ont du mal à trouver une place. Rappelez-vous Virginia Woolf dans « Une chambre à soi » : « Mais il reste vrai qu’avant qu’une femme ne puisse écrire exactement comme elle le désire, elle est confrontée à un grand nombre de difficultés… »… Il y a la question du langage, de sa masculinité et aussi celle du plafond de verre, de cette place infime laissée aux femmes à la fois chez les « grands éditeurs » mais aussi dans l’ensemble des prix littéraires, dans les médias… Il y a pourtant chez les écrivaines une force, une violence parfois, un imaginaire infini.



En mars dernier, vous avez sorti le « Petit guide à l’usage des femmes qui s’engagent en politique » chez Payot qui repose sur votre longue expérience politique en qualité de directrice de la communication de la ville de Bordeaux et votre engagement en faveur de la parité. A qui s’adresse-t-il ?

L’essai qui vient de paraître est une main tendue aux femmes qui s’engagent. Une sorte de mentoring pour leur permettre de réussir… J’ai longtemps travaillé dans la politique et il m’a semblé évident que les élues avaient besoin d’être affranchies de certains codes. Cet essai est une passerelle entre ma vie d’engagée et ma vie d’écrivaine… Depuis mes quinze ans, je sais que je serai écrivain. Et même si le parcours est plus complexe que prévu, je le suis, profondément. Avec plus de confiance en moi, je l’aurai sans doute été avant…



Le livre que vous recommandez à toutes vos amies sans exception ?

« Continuer » de Laurent Mauvigner et aussi « Et soudain la liberté » d’Evelyne Pisier et Caroline Laurent… Et « Gabriële »d’Anne et Claire Berest. Des histoires de femmes. Des femmes qui s’élèvent, luttant contre les préjugés, portant à bout de bras, la vie et leurs espérances. Mais mon livre aimé depuis des années, un livre merveilleux est bouleversant : « Corps et âme » de Franck Conroy. Un livre qui transcende.


(De haut en bas) Delphine de Vigan, au centre l’américain John Irving et Olivier Adam, trois auteurs contemporains à la plume aiguisée et parfois acerbe.


Vos trois auteurs favoris ?

Trois, c’est trop peu… Dans les contemporains, je dirai Delphine de Vigan et Olivier Adam… Leur écriture, leur profondeur, leur noirceur parfois me fascinent… Dans un voyage au-delà des océans, je dirai John Irving, j’aime sa folie, ses tragédies burlesques, son travail acharné du langage. « Le monde selon Garp » m’avait emballée, j’avais lu tous ses livres en suivant. La phrase de Garp me revient : « le romancier est un médecin qui ne s’occuperait que des incurables… et nous sommes tous des incurables. »

Combien de livres lisez-vous en moyenne dans l’année ?

Tout dépend de mon activité… Métier et écriture relèguent souvent les livres en second plan mais comme je ne le supporte pas bien, il m’arrive de mettre mon réveil le matin pour lire ! Je suis une grande grande consommatrice de livres. J’en achète énormément, je les lis au fil de l’eau…



 Votre dernier « coup de cœur » littéraire ?

Le dernier roman de Leïla Slimani « Le pays des autres ». Et « Consentement » de Vanessa Springora : mon dernier coup de poing !



Où achetez-vous en général vos livres ?

En librairie indépendante, au « camion-photo » à Contis, une librairie indépendante sur roulette, un acte engagé et poétique…

Racontez-nous comment vous écrivez... selon un rituel bien précis ?

J’écris à mon bureau, dans le silence, parfois un week-end entier, comme une plongée en eaux profondes…

Comment lisez-vous ?

Je lis souvent allongée, c’est vrai. Hamac, lit, plage, peu importe !



Parlez-nous de vos lecteurs... qui sont majoritairement des lectrices ?

Effectivement, j’ai beaucoup de lectrices, surtout pour mon premier roman (ndlr : « La carapace de la tortue » révélé en 2013 et qui a reçu le Prix Saint Estèphe du château Pomys 2015 et le Prix du roman régional du Lions Club International en 2015). J’ai même eu des fans qui sont venues me voir en librairie, cela m’a sidérée, car je ne suis pas connue ! Je ne passe pas à la télé, ni dans les journaux, cela m’a beaucoup étonnée. Lors d’une conférence, une dame m’a dit que son psy lui avait conseillé mon roman, cela m’a beaucoup touchée… Faire du bien aux personnes, quoi de plus heureux dans une vie.

Pour conclure cet échange très littéraire, parmi tous vos héros et héroïnes, quel(le) est votre celui ou celle qui a le plus votre tendresse ? L’adolescente Alix qui refuse de quitter ses parents malgré un pays en guerre, Luc l’homme marié qui lutte pour sauver son couple, Georgia qui refuse de quitter son enfance, Mélanie qui repousse la célébrité ou enfin Clothilde Nawel dont la vie est bouleversée à son arrivée à Bordeaux ?

Je les aime toutes et tous. Du même amour bienveillant. Comme des enfants, différents et adorés intensément qui finissent par nous quitter pour vivre leur vie….

Un grand merci à Marie-Laure Hubert Nasser

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