L’itw DayByDay / Cynthia ILLOUZ : « La responsabilité et la solidarité ne sont pas une mode ! »

Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent leurs nouveaux quotidiens depuis le déconfinement. Retrouvez aujourd’hui un témoignage inédit.

Aujourd’hui : Cynthia ILLOUZ, fondatrice du média CHARI-T.

CHARI-T, un média en ligne engagé et engageant où la solidarité via le mécénat des entreprises, les initiatives solidaires, la valorisation de la femme, l’économie responsable, l’environnement... Bref, l’engagement sous toutes ses formes est au cœur du media.

News, événement, fondation, planète, art & culture, mode, beauté, interview, lifestyle, hôtel, luxe et bien-être... via ses rubriques, CHARI-T se positionne en faveur de la solidarité.

Pour plus d’infos : rdv sur www.chari-t.fr

Cynthia Illouz fait partie cette année du Top 100 des influenceurs « mécénat & investissements citoyens » 2020 sur Twitter, dans la catégorie « journalistes engagés ». Décerné par mecenova.org, il s’agit de distinguer des dirigeants d’entreprise, professionnels de la RSE (ndlr : responsabilité sociale des entreprises) et du mécénat, acteurs engagés de l’ESS (ndlr : Entrepreneuriat Social et Solidaire) ou occupant des fonctions au sein d’institutions publiques qui se sont distingués en plaidant en faveur de l’intérêt général ou en partageant leur expérience de femmes et d’hommes engagés.

Présentez-vous en quelque mots professionnellement parlant ?

Cynthia Illouz : Enseignant-chercheur en Business Ethics à l’EDC Business School et à Sup de Luxe, je suis experte en mécénat et RSE. Je suis également la fondatrice de CHARI-T Media, le premier média engagé. J’ai récemment publié un ouvrage après l’incendie de Notre-Dame : « De Grands Patrons si généreux ? Lumière sur le mécénat » suite à la polémique des dons.

Parlez-nous de CHARI-T Media : avoir misé sur le mécénat comme ligne éditoriale, c’est un pari osé mais « payant » ? Comment vous est venue l’idée ?

J’ai fondé CHARI-T en 2010 car j’avais le sentiment qu’il y avait une forte contradiction entre le monde de la solidarité et celui de l’entreprise et qu’il fallait réconcilier les deux. À cette époque-là, la France n’était pas prête pour inclure dans son économie une dimension sociale et environnementale, pourtant il m’a semblé clair que c’était le seul modèle qui tiendrait à long terme.

Quel a été à l’origine le point de départ et la cible visée ? 

L’idée était de sensibiliser et d’informer les lecteurs sur les grandes causes, ainsi que de mettre en avant les actions de mécénat des entreprises, pour que chacun puisse apprendre à consommer en fonction de ses valeurs et de ses convictions. C’est aussi un titre engagé, dont la ligne éditoriale inédite est d’informer les lecteurs sur les actions de mécénat des personnalités et des marques. Nous sommes passées, d’une version print à une version totalement digitale il y a 3 ans, pour s’adapter aux nouvelles générations Y et Z, très en phase avec ces interrogations profondes sur la société et en quête de mobilisation pour les autres et la planète.

Vous êtes seule pour faire vivre le site ?

Non. Mon associée et amie, Mélanie Robilliard, a de formidables talents artistiques et techniques que je n’ai pas. Elle contribue régulièrement à ces aspects indispensables. Quant à moi, mon rôle est multiple. Ayant été journaliste à LCI puis Itélé pendant 5 ans, je m’occupe de la partie rédactionnelle. De plus, après avoir soutenu ma thèse de marketing à lAE de Paris-sorbonne 1 dans une chaire qui s’appelle Marques & Valeurs, je gère également les aspects stratégiques et de communication...

En termes de viabilité, comment fonctionne le site ?

Nous avons un modèle très spécifique où des entreprises sont sponsors de nos activités, de certaines thématiques. Mon expertise unique de docteur en sciences de gestion, spécialisée dans l’engagement des entreprises au sens large, est un atout indéniable pour nouer des partenariats en adéquation avec les nouveaux positionnements des entreprises sur l’impact sociétal. Le secteur des médias est difficile mais nous avons d’autres activités complémentaires qui nous ont permis de tenir dans la durée. Mélanie est Business Analyst chez Nuxe et moi enseignant-chercheur.

En écho à la pandémie mondiale que nous traversons, les entreprises françaises sont-elles davantage engagées et prêtes à adopter des modèles plus vertueux ?

Les entreprises n’avaient déjà plus tellement le choix avant la crise du coronavirus, mais aujourd’hui c’est encore plus le cas ! Les consommateurs ont découvert les limites d’un système où l’on se moque de qui fabrique quoi et dans quelles conditions ... Je pense évidemment à l’avenir d’une relocalisation de nombreuses activités en France par des entreprises aux pratiques plus vertueuses et elles sont nombreuses. Il est aujourd’hui impératif pour les entreprises d’avoir des modèles respectueux de l’environnement répondant aux critères de RSE (ndlr : Responsabilité Sociale des Entreprises) en terme de respect et de soutien aux communautés pour survivre. La responsabilité et la solidarité ne sont pas une mode, c’est le reflet d’une mutation en profondeur de notre société, il n’y a aucun doute !

Vous êtes également très engagée via CHARI-T sur la cause des femmes et de sa place dans notre société. Femmes et idéologies mises à l’honneur, carrières, initiatives, startupeuses, entrepreneuses mais aussi violences, harcèlement, etc. Quel est votre sentiment aujourd’hui sur la question... ça s’améliore ?

Heureusement ça s’améliore un peu, mais il y a encore beaucoup à faire sur la parité, sur les salaires, sur les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes. C’est un travail que je porte fièrement en qualité de Référente Égalité à l’EDC Paris Business School, où les dirigeants ont tout de suite compris la nécessité des actions que je propose : cours dédiés sur l’égalité, sur les stéréotypes, conférences sur l’entrepreneuriat au féminin... nous faisons tout pour que les étudiantes ne subissent pas les mêmes problèmes que leurs aînées et que les étudiants soient des acteurs de l’égalité pour l’avenir.

Votre engagement pour les femmes vous porte également à vous investir au sein d’une grande ONG  ?

Oui, je suis membre du Conseil d’Orientation d’ONU Femmes France. Nous développons de nombreuses actions en France et à l’International auprès du grand public, avec des initiatives comme Orange Day, le mouvement HeForShe ou encore le Forum Génération Égalité qui se tiendra l’année prochaine en France.

Quelle femme justement se cache derrière l’engagée ? 

Mes activités professionnelles me passionnent et m’animent, au quotidien c’est un privilège. J’enseigne régulièrement le yoga et j’essaie d’être un maximum disponible pour mes enfants, souvent en les embarquant dans mon univers.

Vos prochains défis ?

Développer le podcast que je viens de lancer « The Women’s Voices » qui donne la parole à des femmes très engagées contres les violences, sur le climat, sur la solidarité, sur la place des femmes dans les médias... J’écris aussi beaucoup pour des recherches académiques. J’ai ainsi plusieurs cas pédagogiques qui vont sortir sur des entreprorganisations durables de l'ESS (ndlr : Entrepreneuriat Social et Solidaire).

Enfin, pour conclure, l’initiative qui vous a le plus touchée et et la personnalité que vous aimeriez rencontrer ?

Je suis très sensible aux actions d’héroïsme, l’humanité d’inconnus qui se révèle en sauvant leurs semblables au péril de leurs vies me touche très fortement. Il y a des dizaines de cas, je ne voudrais pas choisir en les citant !

Dire que j’aimerais beaucoup rencontrer le couple Obama serait banal mais vrai. Alors, je dirais plutôt Emmanuel Macron pour participer encore davantage à la réflexion et à l’action publique.

Un grand merci à Cynthia Illouz.

Crédit photos : @CHARI-T