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  • barbaradelaroche

L’itw DayByDay / Christophe Beaugrand : « J’avais envie de devenir papa depuis tellement longtemps »


Aujourd’hui : Christophe BEAUGRAND, journaliste et animateur télé / radio.

Christophe Beaugrand sort aujourd’hui 7 octobre son livre « Fils à papa(s) » aux Éditions Plon : un témoignage vibrant d’un couple de garçons en quête de paternité.

Présentez-vous en quelques mots professionnellement ?

Je m'appelle Christophe Beaugrand, 44 ans, journaliste, animateur télé et radio et... papa ! Je bosse à la fois sur LCI où j'anime les matinales du week-end, RTL aux Grosses Têtes et TF1 avec Ninja Warrior et des émissions de divertissements.

C’est osé et courageux de sortir un tel livre quand on est une personnalité publique puisque vous levez le voile sur votre enfance, la découverte de votre homosexualité jusqu’à votre mariage avec Ghislain et cette quête absolue et commune de bébé. Pourquoi ce livre ?

J'ai commencé à écrire des choses tout au long du processus et de la grossesse, pour raconter notre histoire familiale, pour ne rien oublier. Je n'avais pas envisagé d'en faire un livre, peut-être un jour mais ce n'était pas un projet : je ne me serais pas vu faire la tournée des maisons d'édition. Or, un éditeur chez PLON m'a contacté l'été dernier après avoir lu un article sur notre famille dans un magazine car il trouvait notre histoire émouvante. Il m’a ainsi convaincu de la raconter dans un livre en soulignant combien notre expérience pourrait être utile à d'autres familles, aux jeunes qui se découvrent homos. Je me suis dit en effet que ça pourrait peut-être servir à d'autres. Avec Ghislain, nous avons eu énormément de chance dans notre parcours : nous avons un entourage familial qui nous soutient, on s'est trouvés tous les deux, on a pu devenir papas. C'est important de montrer aux autres que c'est possible et de faire avancer les mentalités. Personnellement, je vois cela presque comme un devoir, n'oublions jamais qu'une homosexualité mal vécue et mal acceptée est la cause de suicide numéro 1 chez les ados homos.


C’était une nécessité de dire haut et fort votre bonheur aujourd’hui de père et d’homme ? Ou une envie de laisser un témoignage pour votre fils plus tard ?

Au-delà du message général pour le grand public, oui évidemment, c'était mon besoin de départ : tout écrire, ne rien oublier, afin que Valentin puisse absolument tout savoir de son histoire. Qu'il sache à quel point il a été un petit garçon désiré et à quel point ce combat (car c'en a été un) c'était pour lui, pour notre famille. Et puis, on lit tellement de choses malveillantes sur les réseaux sociaux notamment, que je n'avais pas envie de laisser des gens malhonnêtes salir notre histoire, son histoire.

Parlez-nous des papas en questions : Ghislain et vous. Quels pères êtes-vous au quotidien ?

C'est amusant parce que j'avais envie de devenir papa depuis tellement longtemps... J’ai vécu cette paternité comme un aboutissement et j'ai le sentiment que j'étais prêt depuis longtemps. Tous les gestes me sont venus très naturellement, spontanément. Comme un instinct. Ghislain a mis quelques jours de plus que moi pour réaliser je pense. Nous sommes deux papas ultra attentifs, nous avons désormais une mission plus importante que tout dans la vie : faire en sorte que notre petit bonhomme devienne un mec bien, bien dans sa tête et dans ses baskets. C'est le plus beau projet qu'on puisse avoir ! C'est notre priorité et la plupart de nos choix, professionnels ou autres, tournent autour de lui.



C’est une belle mise à nu ce livre où vous vous vous livrez avec une sincérité brute. Ça tranche avec l’image de trublion que vous avez souvent sur les plateaux télé ?

Je ne sais pas trop quelle image je peux donner de moi... je n'ai pas vraiment réfléchi à cela en écrivant le livre. C'est une démarche de sincérité, de vérité. Comme je l'ai toujours fait dans mon métier et dans ma manière et m'adresser à celles et ceux qui me suivent à la télé, à la radio ou sur les réseaux : sans arrière-pensée et pour partager. Cette fois-ci, c'est sûr, c'est très personnel. Si ça permet aux gens de se rendre compte que j'ai davantage de « fond » que ce qu'ils croyaient, c'est très bien mais ce n'était pas mon ambition. Ce qui me tient à coeur c'est d'être dans le vrai dans mon rapport avec le public. Franchise et honnêteté. Je n'ai jamais été dans le calcul et parfois cela m'a peut-être joué des tours. Mais l'avantage, c'est que les gens qui vous apprécient savent vraiment pourquoi, parce qu'ils vous connaissent vraiment. Et c'est la même chose pour ceux qui ne vous aiment pas mais au moins c'est clair !

Votre premier lecteur a été Ghislain ?

Ghislain a lu en effet après quelques semaines, il m'a beaucoup aidé pour la relecture. Chapitre après chapitre, il y a eu mon éditeur Grégory, devenu un ami. Et ma meilleure amie Sandra. Ghislain a été très ému en découvrant tous ces chapitres. Bien sûr, il connaissait l'histoire et même mon passé. Nous sommes très complices et on se connaît par cœur tous les deux. Je sais qu'il a été très touché. Vous savez, quand on rencontre son âme soeur (ou frère), et que tout vous semble évident, c'est une chance exceptionnelle, il ne faut pas la laisser passer.

Ce titre magique « Fils à papa(s) » parle autant aux papas qu’aux mamans. Qu’ont dit justement vos parents à la lecture de votre livre ?

Lorsque nous avons trouvé le titre avec Ghislain, on s'est dit que ça « claquait » ! C'est une formule, ce S entre parenthèses qui détourne l'expression de son sens originel. Je me suis tout de suite dit que ça ferait un superbe titre. Ça fait sourire, c'est percutant, ce n'est pas tire-larmes... je ne voulais pas de choses du genre « notre combat pour devenir pères » ou « pères à tout prix » ce genre de choses un peu drama. Notre histoire est solaire et ce titre est un magnifique clin d'oeil. Quant à nos parents... ma mère vient de commencer et elle m'a dit qu'elle avait besoin de racheter des Kleenex tant elle est submergée par l'émotion. Les parents de Ghislain ne l'ont pas encore lu... Comme j'ai écrit sur eux, j'espère qu'ils apprécieront. En tout cas, ce livre c'est une déclaration d'amour à toute notre famille!


Aux États-Unis, c’est la mère-porteuse qui choisit le couple. Et le moins que l’on puisse dire c’est que si Christophe et Ghislain ont eu un vrai coup de cœur pour Whitney, le feeling a été reciproque et continue de durer !


Avec Whitney, la maman porteuse de Valentin, vous êtes particulièrement bien tombés. Les agences de mère porteuse… c’est encore un peu tabou en France. Comment avez-vous été aiguillé et (bien) conseillé ?

Quand nous avons rencontré Whitney, en discutant d'abord par Skype, on a eu un super feeling. Avec Ghislain on s'est dit : « c'est elle » ! Mais vous savez, aux États-Unis, dans une GPA, c'est la femme qui choisit ! Elle avait discuté avec trois autres couples... et elle nous a choisi car elle avait ressenti le même feeling. Et ça ne s'est pas démenti ! Nous avons été très proches tout au long de la grossesse, malgré les kilomètres. Et aujourd'hui encore, il ne se passe pas une semaine sans que l'on s'écrive. On a une conversation whatsapp on s'envoie des photos, des nouvelles de nos familles respectives. On connaît bien son mari Jacob et leurs trois filles. C'est un peu notre famille américaine, cela a créé des liens incroyables. J'espère que le livre permettra de lever un certain nombre de clichés sur les mères porteuses : en aucun cas nous n'avons « utilisé » cyniquement une femme. Ça ne se passe pas du tout comme ça, c'est vraiment une histoire d'amour. Je pense que celles et ceux qui le liront apprendront beaucoup de choses et pourront peut-être évoluer sur cette question. D'ailleurs, nous avons consacré un chapitre entier à Whitney : sous forme d'entretien, elle répond à toutes les questions que les gens se posent, c'est primordial de ne pas répondre à sa place ! Et pour ce qui est de l'agence, en effet aux USA on passe par une agence qui vous accompagne durant le processus et l’on vous met en relation avec les donneuses d'ovocytes, les mères porteuses, les cliniques de fécondation, les assurances, les avocats etc. Une GPA éthique, c'est tout un tas de règles précises qui encadrent le processus afin que tout le monde soit respecté et que tout se passe bien. Une GPA éthique, c’est un cadre juridique et médical qui assure le droit de la femme (la donneuse et la porteuse), de l’enfant et des parents d’intention. Aux États-Unis, ils ont 30 ans de recul sur cette question, c'est rassurant pour tout le monde : les femmes qui participent, les couples et surtout nos enfants.

Parlez-nous désormais de cet adorable Valentin et de cette vie de famille : que vous a-t-il appris sur vous ? Comment ce fils à papa(s) vous appelle : papa Christophe, Papa Ghislain ?

Valentin m'a permis de me sentir vraiment moi-même et comblé. Je pense que je n'ai jamais été aussi heureux et épanoui, j'ai le sentiment d'avoir mené à bien ce qui me semblait le plus important dans ma vie, et ce n’est pas fini ! Mais à aucun moment nous n'avons vécu tout cela comme une contrainte. Aujourd'hui, nous avons organisé notre vie autour de lui. On a de la chance, c'est un petit garçon épatant, plein de vie, qui rigole tout le temps. Il dort bien, mange bien, joue, court... c'est une bulle de vie et d'oxygène dans la maison. Oui, ca change carrément la vie et c'est formidable ! Il commence à parler et depuis qu'il sait dire le mot « papa » il nous appelle « papa » tous les deux. On comprend souvent à son intonation lequel des deux il sollicite ! Pour avoir un gâteau, par exemple, le « papa » c'est plutôt pour moi car il sait que je suis plus cool que Ghislain (hahaha !).

Vous évoquez dans un passage du livre Denis Brogniart (ndlr : avec qui vous co-présentez Ninja Warrior) qui assiste avec bonheur « de loin » à l’annonce de la grossesse de Whitney. Vous avez reçu beaucoup de messages de soutiens et de félicitations de personnalités à l’arrivée de Valentin ? Il y en a un qui vous a particulièrement touché ?

J'ai la chance de n'avoir jamais été jugé ou mis de côté du fait de mon homosexualité. En tout cas, si c'est arrivé je ne l'ai jamais su. Évidemment, j'évolue dans un milieu très ouvert donc ça aide. Mais en effet on a reçu beaucoup de messages de félicitations. De gens connus, comme Denis (ndlr : Brogniart), Arthur ou mon ami Laurent Ruquier. Mais au-delà de cela, ce qui me touche le plus, ce sont les milliers de messages anonymes reçus et que l’on continue de recevoir. Je me rends compte que notre exemple a fait du bien à beaucoup de gens : des jeunes qui se disent « OK je vais pouvoir me marier et peut-être avoir un enfant alors que je pensais ça impossible ». Des messages de mamans qui savent que leur fils est homo et qui nous disent « grâce à vous je me dis que je pourrai devenir grand mère ! ». Et puis les messages qui viennent des familles homoparentales qui nous disent que notre visibilité fait du bien. Finalement, montrer notre famille, partager notre amour, a probablement un gros impact sur la société. Cela permet de « normaliser »nos familles. Et quand plus personne ne regardera nos familles différemment, notre témoignage ne servira plus à rien. J'ai hâte qu'on en arrive là !



Pour conclure, faisons un petit questionnaire très « papas » :

- Côté éducation, quels papas êtes-vous tous les deux ? Tous les deux papas cool

- Côté bêtise ? Moi papa poule / Ghislain papa strict

- Côté berceuse ? Je chante / Ghislain passe une berceuse car il chante faux !

- Côté nuit ? Comme je suis un lève-tôt, je me lève à partir de 4h du matin / Ghislain (qui est un couche tard) assure jusqu’à 3h du matin. Mais notre chance, c’est que Valentin fait ses nuits depuis ses 3 mois !

- Côté fringues ? Je suis mode classique / Ghislain mode pratique

- Côté cuisine ? Les papas cuisinent (je suis bien meilleur cuisinier que Ghislain, soyons honnêtes !)

- Côté jeux ? Les papas se roulent par terre (Ghislain invente des chorégraphies pour danser sur de la musique avec Valentin !)

- Côté imagination ? Les papas lisent des histoires la journée et inventent des histoires au coucher

- Côté tâches quotidiennes ? Les papas font les deux.


Un GRAND merci à Christophe Beaugrand et à Ghislain pour leurs confiances précieuses.





Crédit photos : Christophe et Ghislain Beaugrand

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