Maquilleuse, animateur(trice), écrivain, sportif, experte en marketing, avocat, réalisateur, journaliste... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent comment ils vivent leur confinement. Entre confidences, espoirs, astuces, rêves et résolutions... Retrouvez chaque jour un témoignage inédit. « L’avant-pendant confinement... c’est comment d’un point de vue professionnel ?
Aujourd’hui : Perrine VASQUE, journaliste politique.
Présente-toi en quelques mots professionnellement ?
Perrine Vasque : Journaliste au service politique de BFMTV depuis un an. Auparavant, j’étais au service reportage. On m’a proposé de « monter » au service politique, c’était un pari et une marque de confiance. Pari réussi, j’ai immédiatement été piquée par le virus !
Une personnalité qui t’a marquée dans ce milieu ?
Je resterai sur Roselyne Bachelot. Très décriée après l’achat de millions de vaccins lors de l’épidémie de H1N1 (vaccins qui n’ont finalement pas été utilisés, l’épidémie étant beaucoup moins importante que prévue). Aujourd’hui, au vue de l’épidémie qui nous touche et des polémiques sur le manque d’anticipation du gouvernement, elle est réhabilitée. Ca me semble justice pour une femme qui m’a inspirée à un tournant de ma vie. Le journalisme n’est pas ma carrière première (ndlr : auteur, compositeur et interprète), et lorsqu’à 30 ans, j’ai repris mes études, emprunté de l’argent et arrivée sur Paris sans aucune certitude, je me suis inspirée de son parcours un peu similaire. En effet, Roselyne Bachelot, revenue sur les bancs de la fac à 30 ans, n’est jamais rentrée dans un moule. Elle fut souvent décriée comme une personnalité détonnante et différente mais justement son exemple m’a montré que l’on pouvait réussir en étant singulière !
Comment définirais-tu ton job ?
Ce métier ne peut pas être vécu en tant que simple « profession ». Par l’engagement qu’il demande, l’exigence et le temps investis, c’est une passion. La passion des autres, de comprendre, de décrypter. La passion de ne pas être souvent chez soi aussi ;) C’est un métier qui véhicule plein de fantasmes, positifs ou négatifs, mais qui nous permet de comprendre les enjeux, les paramètres et lorsqu’on est dedans, on se rend compte que toutes les théories compliquées de complot ne sont que fantasmes : souvent la réalité est beaucoup plus simple, et donc bien moins romanesque !
Une journée normale avant le confinement, ça ressemblait à quoi ?
Je ne m’en souviens plus !! :)) Toujours en mouvement ça c’est sûr ! Par exemple : lors de la réforme des retraites, l’essentiel était de couvrir les réunions qui s’enchainaient à Matignon entre gouvernement et syndicats. Mon travail consistait à démêler le vrai du faux, à expliquer de comprendre les rapports de force, les possibilités d’issue à la crise, et de les expliquer en direct aux téléspectateurs depuis la cour de Matignon ! Et puis, je fais pour BFM TV tous les déplacements en France du Premier Ministre. D’ailleurs, lorsque j’ai suivi l’allocution du Premier Ministre annonçant la fermeture de tous les commerces « non essentiels » le samedi 14 au soir, j’étais au Havre, pour les élections municipales qui se tenaient le lendemain, et pour lesquelles Edouard Philippe se présentait à la mairie du Havre.
Depuis le confinement, raconte-nous ton quotidien ?
Il y a eu plusieurs phases. Une activité forte au début, avec forcément des ajustements : finies les conférences de presse avec des dizaines de collègues. À l’issue du premier conseil des ministres post-confinement, j’étais la seule journaliste présente lors du point presse de la porte-parole du gouvernement et des ministres. C’était un moment un peu fou et assez impressionnant. Mes confrères de tous les autres médias m’envoyaient leurs questions sur une boucle whatsapp que l’on avait crée à l’occasion. Depuis c’est un schéma qui se répète chaque semaine avec un journaliste différent. Aujourd’hui, les points presse avec les chefs de partis ou les conférences de presse des ministres ne se font plus qu’en visio conférence, la plupart des journalistes travaillent maintenant en télétravail. C’est mon cas également. Je passe à la rédaction de BFMTV à peine une fois par semaine. Et évidemment, plus aucun déplacement ! Notre quotidien n’est donc plus devant la caméra, mais derrière le téléphone.
Comment ressens-tu et vis-tu ce changement ?
Si au début, c’était un peu dingue de vivre cela, presque amusant cette nouvelle façon de travailler, aujourd’hui ça me lasse tout doucement. L’essence de mon métier, ce sont les autres, c’est le direct, ce sont les images. Je rêve du jour où je pourrais remonter dans un avion pour couvrir un déplacement à l’autre bout de la France d’un membre du gouvernement !
Comment j’occupe mes journées :
Avec tous les enjeux politiques que cette crise impose, mes journées sont bien remplies en télé-travail. Beaucoup de recherches, coups de fil, pour essayer de prévoir et comprendre l’après. Et savoir ce qui se joue en coulisse, c’est aussi ça mon métier.
Quand tu reprendras le travail, ce sera de la même manière ou tu ajusteras des choses. Si oui, lesquelles ?
Je suis déjà une fille qui s’intéresse avant tout au fond. La « petite phrase » politique qui fera polémique pendant des semaines, ne m’intéresse guère. Je pense que j’irai encore plus dans ce sens dans l’après. D’ailleurs, les mois de négociations, de bras de fer, de polémiques, de réunions, de scandales, d’analyses de la réforme des retraites, qui aujourd’hui va être rayée d’un coup de crayon du quinquennat, prouve bien que ce qui nous semble très important un jour peut paraître si dérisoire le lendemain. C’est souvent ce que je ressens quand je lis des biographies des hommes politiques qui nous ont précédé. Ils étaient tout, et aujourd’hui, que reste t-il d’eux-mêmes et de leurs guerres intestines ?
Ton « secret » pour supporter le confinement ?
Je n’en ai malheureusement aucun car c’est une situation que je vis malgré tout difficilement. La seule chose que je peux me dire, c’est que je fais cela pour revoir mes parents le plus tôt possible, et surtout en bonne santé. C’est ça l’essentiel.
En bonne santé dans un monde moins fou, dans lequel les êtres humains se seront fait remettre à leurs places, leurs toutes petites places bien fragiles. Espérons que de belles choses en découleront !
Merci à Perrine Vasque
Perrine Vasque, journaliste politique pour BFM TV.
En actions : dans la cour de l'Elysée (en haut à droite) ou sur le porte-avions Le Charles de Gaulle en janvier dernier, lors de son départ en mission (en bas à droite).
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