L’interview Pro-confinée/ Aldina Duarte-Ramos : « Je suis fière de la mobilisation d’Accor »
- barbaradelaroche
- 22 avr. 2020
- 6 min de lecture
Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent comment ils vivent leur confinement. Entre confidences, espoirs, astuces, rêves et résolutions... Retrouvez chaque jour un témoignage inédit. « L’avant-pendant confinement... c’est comment d’un point de vue professionnel ?
Aujourd’hui : Aldina DUARTE-RAMOS
Présente-toi en quelques mots professionnellement ?
Aldina Duarte-Ramos : Je travaille pour Accor, au sein de la division Luxe et premium. Je suis en charge d’un portefeuille de 6 enseignes hôtelières à l’international soit environ 380 hôtels. J’occupe une fonction support et mon rôle d’experte est transversal à plusieurs départements.
Tu voyages donc beaucoup normalement ?Oui, en effet puisque mon rôle majeur est d’accompagner la direction de chaque enseigne sur le positionnement, la vision produit, l’expérience/le parcours client, les partenariats dans le cadre du bien-être et sur des programmes spécifiques wellness (ndlr : bien-être). Je conseille également les équipes régionales et globales, baptisées design & construction lors de projets de rénovation/construction. J’accompagne par ailleurs, sur site, le lancement de projets stratégiques liés au bien-être, et donc je suis souvent sur le terrain.

Un souvenir marquant avant le confinement ?Oui notre programme avec les hôtels Pullman. Avec Sarah Hoey, coach sportive et leur ambassadrice basée en Californie, nous avons mis en place un programme basé autour de 4 fondamentaux : le sommeil, l’alimentation, le sport et le spa. Grâce à ce programme, nous avons fait le tour du monde (ndlr : environ 20 pays) et vécu des moments inouïs ! Avec le recul, ce sont de grands moments de liberté et de créativité dont je prends aujourd’hui toute la mesure.
Le groupe Accor a-t-il bien géré le confinement selon toi ?
Tout à fait. Sébastien Bazin (ndlr : President-directeur général du groupe hôtelier Accor depuis 2013) n’envoie que du positif : il est profondément altruiste. Dès le début, Accor a été très actif et engagé dans cette crise, notamment avec la création inédite d’un fond de solidarité exceptionnel de 70 millions d’euros. Le « Fonds ALL Heartist » (ndlr : cette initiative permet de soutenir les collaborateurs dans le monde et également les "petits" partenaires afin de couvrir les frais médicaux en cas de besoin dans le cadre de cette crise sanitaire sans précédent. Cette initiative et d’autres, comme la mise à disposition des chambres pour le personnel hospitalier et les sans abri, ont été concrétisées en un éclair. Tous les détails ont d’ailleurs été largement relayés dans les media.
Comme quoi la finance et l’humanitaire font bon ménage ?
En ce qui concerne Sebastien Bazin qui vient du milieu de la finance (ndlr : New-York, San Francisco, Londres...), oui. C’est un homme sincère, d’une grande ouverture d'esprit, et toujours à l’écoute des gens. C’est un leader hors norme ! Il a su défendre des projets solidaires forts, sans précédent et, reçu le soutien des actionnaires immédiatement. Quant à moi, je suis fière de la mobilisation du groupe Accor !

Avant le confinement, une journée de travail, ressemblait à quoi ?
Je me réveille souvent avant le réveil à 6H40, puis environ 10 minutes d’étirements et yoga, petit déjeuner, je dépose ma fille à l’école puis direction Accor à Issy-les-Moulineaux, soit 50 minutes environ. Une fois au bureau, je travaille selon les fuseaux horaires afin de garder le contact avec mes interlocuteurs du monde entier. Ainsi, je privilégie l’Asie le matin, le Moyen-Orient en milieu de matinée et je termine la journée avec les Etats-Unis. Au milieu, j’ajoute les urgences du jour ou réunions s’il y en a. Puis retour maison à 19H15.
Depuis le confinement, ton travail a beaucoup changé ?
Mon univers professionnel s’est arrêté du jour au lendemain ! L’hôtellerie et le tourisme ayant été les premiers à être sévèrement impactés, mon entreprise, gravement touchée par cette crise sanitaire, a eu recours dès le début au chômage partiel indemnisé par le gouvernement. A ce titre, il m’est interdit de travailler. Néanmoins, nous gardons un lien social avec l’équipe et privilégions un appel chaque semaine afin de nous tenir informés sur l’actualité du groupe en cette situation de crise (cela va des initiatives solidaires aux plateformes de cours disponibles en e-learning).
Est-ce qu’il y a eu des initiatives dans ton boulot inattendues et positives?
Oui, Accor a lancé l’idée d’un marathon de sport@home, un vrai défi. Une opération montée en 4 jours chrono. Le concept ? On a proposé une plate-forme ouverte avec des activités sportives toute la journée. Les collaborateurs avaient un lien sur lequel ils pouvaient cliquer et tester la disipline (Running, home training vélo, tai chi, yoga, zumba…) via l’application Microsoft teams sur smartphone ou ordinateur. Nos coachs sportifs étaient les garants de cette session, et bénévoles. J’ai eu le plaisir d’animer en duo cette journée de 9H à 20H. Quel plaisir de voir le sourire des collègues. Et puis, je me suis moi aussi prise au jeu en changeant de chapeau à chaque animation. Une idée simple qui a fait sourire les participants et qui s’est transformé en apéro/déguisé lors de la séance avec le DJ. Tout le monde a sorti ses chapeaux, ses lunettes, ses perruques parfois. J’en souris encore au moment où j’y repense…

Le marathon sport@home, lancé par Accor durant le confinement, via Microsoft Teams. Au total : 300 participants-collaborateurs sur 11 heures d’affilée. Un défi relevé !
Comment ressens-tu ce confinement ?
Dans le monde d’avant, je convertissais chaque minute en un travail efficace. Aujourd’hui, j’ai une autre notion de l’efficacité. Peut-être plus parfaite encore, plus réfléchie, plus mature. Au moment où je parle, nous entrons en semaine 6 de confinement. Honnêtement, le temps passe très vite, j’ai du mal à croire que nous nous sommes adaptés si vite. J’ai toutefois de la colère envers nos dirigeants politiques qui prônent une communication transparente alors qu’ils ne font que travestir les faits. C’est insoutenable… Masque oui… Masque non… Test oui.. test non… confinement… Sortir courir.Pour ma part, je ne regarde l’info qu’une fois par jour et c’est bien suffisant pour constater le désastre dans lequel nous nous enfonçons chaque jour.
Qu’est-ce que t’a appris ce confinement sur toi ?
En marge, de ce scénario catastrophe, il faut bien donner le change et se motiver, se donner des raisons de croire à des choses positives et aller de l’avant. Le confinement permet de rester en contact et de renouer le contact avec des amis ou des proches, c’est tellement riche. J’observe aussi une immense solidarité et des élans de générosité extraordinaires. Comme les entreprises privées qui viennent en aide aux hôpitaux en offrant masques, gels, blouses, respirateurs et les collectifs qui s’organisent dans le pays.
Quand tu reprendras ton travail, tu le reprendras de la même manière ou tu ajusteras certaine choses ?
La reprise d’activité sera progressive, certainement en U : après la chute actuelle, la reprise sera stagnante puis reprendra petit à petit. Il faudra nous adapter et préparer la phase de rebond. Après le déconfinement, je continuerai à privilégier le télétravail autant que possible ainsi que les visio conférences et reprendrai peu à peu le fil des projets, selon les niveaux d’urgence. Les équipes auront plus que jamais besoin de soutien. Il faudra répondre présent. Cet après aura certainement une saveur particulière. J’ai l’impression que ce sera dans longtemps…
Tes projets de voyage dès le déconfinement ?Colombie, Cuba, Chili, Birmanie, Georgie, Turquie et Paris !
Comment occupes-tu tes journées du coup ?Je suis confinée en famille avec ma fille et mon mari. Le matin chacun gère son planning et fait ce qu’il veut. Je me réveille vers 8h, je fais toujours mes étirements. Le déjeuner et le diner, se passent en famille à des horaires réguliers. Il y a le travail scolaire à suivre. Je cuisine et aussi je me suis inscrite à une formation en ligne sur la décoration. Une formation certifiante de l’agence de tendance Nelly Rodi (ndlr: Nelly Rodi a fondé en 1985 une agence de tendances sur la mode et l’art de vivre).
Tu as une astuce pour supporter ce confinement ?
Se lever le matin avec une intention positive et se coucher le soir avec le souvenir d’un moment positif. Me concernant ça peut être le matin prendre mon thé sur le balcon avec un rayon de soleil ou faire un câlin à ma fille. Et le soir en ce moment, c’est la saison 5 de la série « Peaky blinders » sur Netflix. C’est violent mais esthétiquement extrêmement intéressant : l’atmosphère, la lumière, la musique, les costumes… A la fin de l’histoire, c’est le beau qui prime et tout ce qui est beau m’intéresse !
Merci à Aldina DUARTE-RAMOS.
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