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  • barbaradelaroche

L’interview pro-confinée / Patrick Mahé : « J’ai eu la chance d’accomplir un métier passionnel »

Dernière mise à jour : 10 mai 2020

Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent comment ils vivent leur confinement. Entre confidences, espoirs, astuces, rêves et réalité... Retrouvez chaque jour un témoignage inédit. « L’avant-pendant confinement... c’est comment ?

Aujourd’hui : Patrick MAHÉ, journaliste, écrivain et rédacteur en chef des Hors-series de Paris-Match
Conseiller municipal de Vannes, il est délégué à la culture bretonne et aux relations internationales de la ville. Il préside le Cercle des partenaires du Bagad Melinerion (cornemuses, bombardes) de Vannes et est membre de l'Institut culturel de Bretagne (Skol Uhel Ar Vro), où il a créé et préside le Salon du Livre en Bretagne à Vannes.

Patrick Mahé, rédacteur en chef des Hors-séries de Paris-Match. La promesse de sujets chocs et cultes comme le dernier en date avec « Monarchies : les 400 coups ».



Présentez-vous en quelques mots professionnellement ?

Carte de Presse N° 28098, datée Octobre 1970, mais ça fait très "vintage", non ? Bof, c'est la fin des années Golf Drouot d'où sortiront « Les Vieilles canailles » : Johnny-Eddy-Dutronc, alors va pour l'époque !

  • Auteur : 60 livres au compteur dans des domaines très variés.

  • Éditeur : plusieurs dizaines au radar, pour ne pas dire centaines...

  • Ancien reporter à France-Soir (1970-76) aux Infos Générales - Faits divers - et au Sport (Les Verts à Glasgow !), puis chef des Sports au Figaro (1976-81), première Coupe du monde de foot en Argentine à la clé, cinq Tours de France cyclistes - époque Eddy Merckx, Bernard Thévenet et surtout, Bernard Hinault... Mais aussi de "grands reportages", dont la guerre en Mauritanie (Front Polisario).

  • Rédacteur en chef à Paris-Match (1981-96)

  • Directeur de la Rédaction de Télé 7 Jours (1996-2006)

  • Président de l'ITMA (Association internationale des magazines de Télévision)

  • Directeur de la Rédaction de Première (2002-2005)

  • Créateur du magazine Bon Voyage

  • Créateur et Président du Salon "Livr'à Vannes" ("Levr e Gwened" en langue bretonne)

  • Actuellement, depuis 2018, Rédacteur en chef des Numéros Hors Série de Paris-Match

  • Secrétaire général du Prix du Livre au Sportel à Monaco.

  • Membre du jury du Prix Bretagne / Priz Breizh.

Voilà - en quelques mots (sic) - pour la carte de visite .



Parmi la soixantaine d’ouvrages parus, kaléidoscope des livres à succès écrits par Patrick Mahé dont « Rallumer le feu » (2019) écrit avec son ami Gilles Lhote et « Sur la route d’Elvis » (2002).


Vous êtes où ?

Dans ma ville natale : Vannes, haut lieu de l'ancien duché de Bretagne. Ses remparts ont été édifiés par les ducs Jean IV et Jean V après la Guerre de Succession (pas de Sécession !). C'est en l'honneur de Jean IV, éduqué en Angleterre et rentré à la voile en Armorique pour protéger le duché des royaumes prédateurs qu'Alan Stivell chante "An Alarc'h" (Le cygne), symbole de sa voile blanche. Retour au pays, donc. Comme les Irlandais, "les oies sauvages", après l'exil (moi ce fut Paris) retournent toujours vers leur nid. J'y vis avec ma femme, Mick, ancienne « boss » d'une agence de com' qui y a créé un Salon du Jardin, sous les remparts, il y a 15 ans.

Comment définiriez-votre job ? Passionnant ? Prenant ?

Ce n'est pas un boulot à "jobards"... Mais un vrai métier de longue durée. On ne s'en lasse pas. D'abord, la loi du terrain et les confrontations au réel ouvrent l'esprit et suscitent de nombreux pôles d'intérêt. Quand vous êtes dans un grand magazine de type Paris Match, vous êtes devant un tableau de bord façon Airbus : vous passez simultanément des têtes couronnées aux coupeurs de scalps, des flics aux bandits de grand chemin - à la Mesrine - des stars multi célébrées à la Bardot aux étoiles filantes de la télé réalité, des héros de guerre aux lanceurs d'alerte, des présidents de la République à Raoni, chef Indien d'Amazonie. La vie, quoi !

La chance ? Ce n'est pas un "job". Un "job", cliché anglo-saxon, c'est un contrat pour étudiants ou saisonniers. J'ai eu la chance de ne pas avoir un travail, calibré sur les sacro-saints 35 heures, mais d'accomplir un métier passionnel... sans compter ses heures.

Une journée normale avant le confinement, c’était comment ?

Des allers-retours entre Vannes et Paris : 1/ pour les hors série de "Match" 2/ pour mes différents éditeurs : Robert Laffont, Michel Lafon, Le Cherche-Midi, principalement. J'y dirige ou accompagne plusieurs auteurs, certains de renom. En 2 h 30 de train Aller et Retour, l'ordi se noircit vite d'idées, de synopsis, de notes, de chapitres...

Une journée désormais confinée ressemble à quoi ?

La même chose... Sans le train. Les deux derniers numéros Hors Série de Paris-Match "Secrets d'amour" et Romy (à paraître), composés avec le Directeur artistique (Michel Maïquez) et notre "Oeil" (photo) Marc Brincourt, plus le SR, les auteurs de textes et deux rewriters se sont fait entièrement à distance.



Ci-contre, Brigitte Bardot.


Parmi les personnalités que vous avez interviewées, quel est le Top 5 de celles qui vous ont profondément marqué ?

Jacques Mesrine avec qui j'ai entretenu une correspondance très dense. Je cherche d'ailleurs ses lettres en ce moment pour les relire et voir si elles seraient utiles pour un prochain numéro HS de "Match ; le président Giscard d'Estaing que j'interviewais à ses retours de grands voyages pour y bâtir ses "Carnets du monde" (pour Paris Match encore) ; Gérard Depardieu à qui j'avais prêté ma plume au jour de la mort de Jean Carmet (retour zigzagant après avoir célébré la mémoire dans la cave de Bougival) ; Johnny Hallyday quand Long Chris, le père d'Adeline écrivait ses Mémoires (j'en rédigeais la préface de Johnny) ; Brigitte Bardot dont j'ai été l'agent pour ses mémoires ("Initiales BB") en 1996. Un prestigieux et délicat chantier. En prime, j'ajouterais le chef indien d'Amazonie Raoni (plusieurs fois), Michel Platini (dont j'ai écrit le best-seller "Ma vie comme un match"), fus son "ghost writer" aux Coupes du monde 1982 (Espagne) et 86 (Mexique) et encore Bernard Hinault  qui me racontait ses Tours de France au soir de l'avant-dernière étape dans la voiture du "Figaro", direction Paris. J'en noircissais la dernière page de l'édition du lundi.

LA personnalité qui, selon vous, s’est révélée durant le confinement ?

Incontestablement, sans juger de son ton, ni de ses diagnostics en forme de prophéties, le professeur Raoult aux allures de vieux barde. A contrario - mais les caricaturistes l'ont trop facilement croquée - : Sibeth Ndiaye, confinée au rôle casse-gueule de porte-parole (sans voix officielle crédible).

Depuis le confinement, que faites-vous beaucoup plus qu’avant ?

Je gagne du temps sur les prochains bouclages des numéros de "Match". Pas de conférences au long cours, mais des actes, du concret en circuit court.

Que vous a appris ce confinement ? Sur

vous ? Le travail ?

Qu'il est bon de donner du temps au temps et de l'utiliser au mieux pour accomplir ce qui est d'ordinaire trop chronophage.



La navigatrice Anne Quéméré et d’autres personnalités locales en Bretagne mobilisées avec ce message « Rendez-nous la mer ».


Depuis quelques jours, vous êtes à l’initiative d’un mouvement « RendezNousNosPlages » qui réunit plusieurs personnalités notamment la navigateur Anne Quéméré... Et ce, en réponse à l’interdiction de la fermeture des plages jusqu’à début juin. Le mouvement a trouvé très vite écho en Bretagne et ailleurs ?

Anne Quéméré, la célèbre navigatrice et Ronan Loas, maire de Ploemeur, vice-président du Conseil départemental du Morbihan, Marc Le Fur, Paul Molac, députés, portent médiatiquement le message. Plus que les plages (on n'est pas au pays des paillotes à Mojito) le slogan était plutôt "Rendez-nous LA MER !" Eric Tabarly moquait gentiment les apprentis bronzés affalés sur des matelas en disant : "La mer ? C'est ce qu'ils ont dans le dos "...

Interpellée par l'interdiction d'aller sur le littoral (notre jardin de mer), Anne m'avait appelée. J'ai alerté un solide réseau média : Pascal Praud (Cnews), Emmanuelle Guilcher (France télévisions), Anne-Claire Coudray (TF1), Paris-Match, Le Télégramme, Yann Queffélec, Irène Frain, PPDA, Bixente Lizarazu au pays basque, des journalistes, des marins, des éditeurs,  etc... Et la marée est montée. Très forte. Très haute. Jusqu'à ce que le bon sens submerge les consignes d'Etat, parfois contradictoires et trop centralisées, voire corsetées à Paris. Le centralisme ultra asphyxie les territoires. Mais attention, car le danger pourrait être que les personnes en profitent pour s’agglutiner sur les plages sans respecter les distanciations sociales. Ce qui pourrait déclencher de nouveaux foyers de contagion !

Un livre qui vous a « aidé » ou réconforté durant le confinement ?

"La République des Pirates" de Jean-Marie Quéméner. L'auteur sera au Salon "Livr'à Vannes - Levr e Gwened", reporté aux 4-5-6 Septembre. Yann Queffélec en est le parrain, Irène Frain la marraine, Michel Bussi, le président d'honneur 2020. Je lis aussi des livres sur l'Océan Indien en vue d'un roman tragique au XVIIIème siècle dont je possède toute la trame. Pour le "fun", j'ai sorti pour le HS "Secrets d'amour" les bonnes feuilles de "Lady Lucille" (Ed. Le Seuil), un récit inédit de Gilles Lhote sur l'amour-amitié au long cours (depuis le film "Les Parisiennes" en 1961) de Johnny et Catherine Deneuve qui sortira bientôt. J'ai aussi relu "Croquis de Mémoire". La belle écriture de Jean Cau, styliste d'exception, est un don qu'il nous fait partager ici. Enfin, "Chanson bretonne" de Jean-Marie Le Clézio. A 80 ans, le Prix Nobel de littérature rend hommage aux racines (et à la langue) bretonnes de ses aïeux.

Vous le spécialiste de la télévision, est-ce que durant le confinement, vous avez découvert ou redécouvert une émission télé que vous recommandez ?

Je n'aimerais pas diriger "Télé 7 Jours" aujourd'hui et choisir la couverture la plus attractive. Les héros de série addictives sont désormais sur "Netflix". La télé a usé ses productions d'hier, avec un mélange de films "cultes", genre Les Tontons flingueurs (ne serait-ce que pour les dialogues d’Audiard) et de "nanars", genre "7ème Compagnie" et recyclé ses Jeux à l'infini. Mais comment faire

autrement ?

Comment jugez-vous depuis 6 semaines le traitement de l’actualité du Covid19 par les grandes chaînes hertziennes ? Et les chaînes d’infos ?

Trop d'Info, tue l'Info, slogan connu. Les plateaux télés aux médecins miracles donnent le tournis, surtout quand certains d'entre eux ont glosé à tort sur une mauvaise "grippette" de saison. Ils ont bonne mine aujourd'hui !  Quant à la communication des "sachants" qui ne savent rien et ont le nez de Pinocchio, c'est pas mieux. Le matin, je suis « l'heure des Pros » (Cnews) pour la diversité des opinions (souvent tranchées) des invités de tous bords. Joffrin (Libération) vs Rioufol (Le Figaro), les joutes ont de quoi défriser. Pascal Praud m'épate par sa vivacité et son art de rebondir face à des interlocuteurs parfois très remontés. Il en joue, façon "commedia" parfois, à l'excès sans doute, ce qui exaspère le téléspectateur moyen, mais il a su imposer une griffe et un ton nouveaux.



Télé 7 Jours, sous la direction alors de Patrick Mahé, à l’heure du Festival Interceltique.


Vous êtes également Conseiller municipal délégué à la culture et la langue bretonnes et aux relations internationales... Est-ce que le confinement a eu raison du Festival Interceltique... ou pas ?

Le Festival interceltique a dû ranger ses 50 bougies pour l'an prochain. C'est un crève-coeur pour toute la Bretagne. Et au-delà, pour les nations cousines : Irlande, Ecosse, pays de Galles, île de Man, Cornouailles, Galice, Asturies... C'est une immense frustration culturelle et une violente et cruelle perte en terme de retombées économiques pour le pays de Lorient. Tous les Festivals à caractère breton ont été annulés : Le Festival de Cornouaille à Quimper, Les Filets Bleus à Concarneau, la Saint-Loup à Guingamp. Avec le maire de Vannes, David Robo, nous mettons tout en oeuvre pour que nos Fêtes d'Arvor soient reportées à la fin Septembre ou début Octobre. Nous aimerions y célébrer la fusion des deux confédérations de danse : "Kendalc'h" et War'l'Leur (22.000 danseurs) au son des cornemuse de "Sonerion" (12.000 sonneurs à travers la Bretagne). La condition : que la situation sanitaire s'y prête...

Êtes-vous en contact régulier avec votre grand ami Yann Queffélec ? Qu’est-ce qui prédomine dans vos conversations durant ce confinement ?

En relation permanente avec Yann. Ce qui prédomine entre nous : la Bretagne, la Mer, le Livre. Idem avec Irène Frain.

Comment ressentez vous et vivez-vous ce confinement ?

Intéressant d'observer le comportement des uns et des autres ; des gens respectueux de l'esprit civique, des rebelles un peu "rock'n'roll et des petits malins qui le contournent. Cela dit, une partie de la maréchaussée semble s'être illustrée sans discernement au niveau des "prunes", notamment à l'encontre de personnes âgées déjà déboussolées dans l'épreuve. Une amnistie sélective ne serait pas mal venue.



Vous qui avez bien connu Johnny Hallyday avec qui vous avez fait de nombreuses Unes du temps de Paris-Match (photos ci-dessus)... Qu’aurait-il pensé selon vous de ce confinement ? De sa tombe à Saint-Barth, il voit tout... Comme

Elvis depuis le Jardin des Méditations à Graceland (Memphis). Une chanson de Dolly Parton Loretta Lynn et Tammy Wynette m’accompagne quand le pense à eux : « I dreamed Of A Hillbilly Heaven ». Une ode au paradis des rockers...

Il aurait pu en faire une chanson ?

Un « Corona Blues » tout au plus. La brasserie mexicaine qui produit une bière « éponyme », a vu sa renommée endommagée par le fléau au nom des amalgames douteux. Elle devrait demander des dommages et intérêts à l’OMS...



Avez-vous des nouvelles de Laeticia ?

Non. Gilles Lhote qui va régulièrement à Saint-Barth m'en donne de temps en temps.

Votre vision du confinement et de sa gestion par le gouvernement, vous le journaliste aguerri ?

Comme disent tous les invités des plateaux télé : "Je ne suis pas médecin, mais". Et moins encore au chevet du gouvernement qui a dû, faute de stocks, avancer trop... masqué. Cette faillite est bien antérieure à la situation du moment. Je suis trop loin du dossier pour prétendre la ramener dans une querelle d'experts, dont on ne voit pas l'issue, y compris judiciaire.

A Vannes, où vous vivez, vous qui êtes si fier de votre pays, est-ce que les Bretons ont fait quelque chose de particulier durant ce confinement ?

Mille et une actions solidaires et de proximité : masques de couturières (commandés par la Ville) et distribution de masques en tissu pour les foyers (Vannes compte 55.000 habitants), d'abord par les agents municipaux volontaires, mais aussi par les élus . Bien sûr, Vannes a participé à l'Accueil de grands malades à l'hôpital, acheminés par trains spéciaux.



Où fabrique-t-on et boit-on les meilleurs whiskies du monde ? Réponses dans

« Culture whisky » de Patrick Mahé paru en 2017 (Editions du Chêne) sur des photos de David Lefranc.


Parlez-nous de vos projets à venir ? Vos ouvrages ? La prochaine couverture du Hors-série de Paris-Match ?

Après "les 400 coups des monarchies" (Harry, Meghan et compagnie), voici déjà "Secrets d'amour" (14 Mai). Loin de la situation dramatique des semaines passées, j'accompagne plusieurs auteurs sur des ouvrages à paraître, je prépare le Salon "Livr'à Vannes - Levr e Gwened pour les 4-5-6 Septembre (250 auteurs tout public) et termine un grand livre album autour des whiskies rares (boisson de -sur- vie celtique). Un véritable "Whisky Collector" (éditions Gründ). Ce sera mon septième livre autour du Whisky (en fait 6 éditions déjà de "Culture Whisky", mais celui-là sera original et franchement prestigieux). On y trouvera même des flacons vendus aux enchères pour 1,7 million d'€. Et une collection de 3.900 bouteilles d'une valeur de 15 millions de $ US !

La première chose que vous ferez lorsque le confinement sera levé ?

Je lèverai mon verre de single malt à la santé générale : "Yec'hed mat" ! en breton. "Slàinté mhath !", en gaélique...


Un grand merci tout spécialement à Patrick Mahé

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