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  • barbaradelaroche

L’interview Pro-confinée / Coralie Balmy : « Avec le confinement, j’ai réappris à me connaître... »

Dernière mise à jour : 26 avr. 2020

Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent comment ils vivent leur confinement. Entre confidences, espoirs, astuces, rêves et résolutions... Retrouvez chaque jour un témoignage inédit. « L’avant-pendant confinement... c’est comment de leur point de vue ?


Aujourd´hui : Coralie BALMY




Présente-toi en quelques mots professionnellement ?

Coralie Balmy : Ancienne nageuse (ndlr : ancienne nageuse française spécialiste des épreuves de nage libre, recordwoman du monde en 200m nage libre et médaillée olympique qui a arrêté sa carrière en 2016 après les JO de Rio), je suis à la tête de deux associations aujourd’hui. Une en métropole, « Be green Ocean » et une autre, en Martinique baptisée « Coco an dlo », c’est du créole, ça veut dire Coco -c’est-à-dire moi Coralie - dans l’eau.



Tu es où ?

En Martinique. Je suis partie de métropole pour aller fêter l’anniversaire de mon papa qui est né un 29 février. C’est une fois tous les quatre ans, donc je me suis dit que je ne pouvais pas râter ça (rires) ! Je devais repartir le 18 mars chez moi (ndlr : à Montpellier) et du coup, le confinement ayant été annoncé deux jours avant, je suis restée en famille ! Mon frère est resté aux Etats-Unis, à New-York. Il aurait préféré bien sûr être avec nous mais il va bien.


Et pour tes activités professionnelles, c’est gérable depuis la Martinique ?

Oui absolument. Je peux gérer les choses à distance. Et puis, au niveau de l’environnement, je suis vraiment bien ici. La maison est très agréable. On a un accès à la forêt juste derrière et une jolie vue sur la mer au loin, même si l’on ne peut pas se baigner...


Tu sors souvent ?

Non, je sors une fois toutes les deux semaines pour faire les courses et limiter les déplacements.


Toi qui est très engagée envers les océans, tu es heureuse de cette parenthèse offerte aux animaux, via ce confinement ?

J’avoue que j’adore voir les images de Venise avec l’eau qui redevient claire, voir aussi les dauphins qui reviennent dans les ports en métropole, les requins pèlerin à Brest. C’est juste incroyable et ça rassure : la nature reprend ses droits et se réapproprie son habitat. Après, on ne sait pas comment ce sera quand le déconfinement aura lieu.


Tout de suite après la natation que tu as quitté à presque 30 ans, tu es rentrée dans « un autre bain », celui de la protection des animaux. Quel est ton objectif via ces deux associations tournées vers l’océan ?

Sensibiliser au monde marin. Be Green Ocean (ndlr : fondée en 2018 par Coralie) est plus axée grand public et sport environnement. Coco

an dlo, lancée récemment, s’adresse aux enfants en Martinique. On a obtenu auprès de l’Academie Martiniquaise une convention pour pouvoir intervenir auprès de toutes les maternelles et primaires (ndlr : soit environ 150 maternelles et 180 primaires). Et cela, juste avant le confinement donc on a eu de la chance ! Le concept : créer des supports pédagogiques de sensibilisation au milieu marin à destination des enseignants et pour les enfants. Ces outils font partie d’une mallette qui comptera des petits carnets et des jeux à utiliser en piscine et en classe.


Ton rôle c’est de sensibiliser encore et surtout ?

Oui, moi j’interviens pour former les professeurs. Avec, comme objectif en fin d’année, d´emmener surtout les enfants une journée en mer pour aller voir la faune et la flore marines. Ce sont des expériences qui ne s’oublient pas surtout quand tu es enfant ! C’est aussi pour cela que ça me tient énormément à cœur…


Surtout pour toi sensibilisée très tôt au monde des animaux ?

Oui, c’est vrai, comme mon papa était vétérinaire, et que j’allais toujours regarder les poissons en mer, les animaux m’ont fascinée très jeune moi aussi.


Comment tu interprètes ce COVID19 ?

Cela fait peur parce qu’on ne connaît pas ce virus. Le covid a surpris tout le monde mais c’est une conséquence de tout ce que l’homme fait subir à la planète. Il n’y a pas de fumée sans feu. Ce n’était peut-être pas prévisible mais envisageable… Ce confinement permet aussi de réfléchir, de mieux se connaître.


C’est ton cas ?

Oui, j’ai réappris à me connaître... Ce que je voulais vraiment et ce qui m’anime. Je n’avais pas compris que toutes les valeurs qui m’avaient permises de vivre et de m’épanouir durant ma carrière de sportive, étaient les miennes. Je pensais qu’en arrêtant ma carrière, je les perdais. Mais non. Ce confinement m’a donné la possibilité de réaliser que ces valeurs sont les miennes, ce sont mes valeurs propres ! Nageuse ou pas. C’est cette acceptation de soi qui s’est révélée à moi pendant le Covid quatre ans après avoir arrêté la natation ! C’est la mémoire du corps.


Est-ce que ton passé d’athlète t’aide à vivre le confinement ?

Oui je pense. On sait ce qu’il faut faire pour s’en sortir et on a l’habitude d’avoir un objectif commun avec des échelons pour y parvenir. Là, idem : on nous a dit de la même manière qu’il fallait être tous confiné pour stopper la diffusion de l’épidémie.


Une personnalité qui t’a marqué récemment?

Nicolas Hulot. Je l’ai rencontré en octobre dernier à l’occasion d’une expédition aux Açores avec Marie Tabardly sur le bateau de son père, Pen Duick 6. Marie m’avait invité dans le cadre de son projet Elemen’Terre (ndlr : lancé en juillet 2018. Un tour du monde étalé sur quatre ans pour réfléchir aux grands défis de l’humanité. À chaque étape de nouveaux équipiers, artistes et/ou sportifs la rejoignent). Ça a duré trois semaines. Nicolas Hulot m’a beaucoup marqué. Tu sens l’homme accompli, avec le recul nécessaire pour analyser la situation mais aussi pour avoir des réflexions sensées. Il a tellement vécu, échangé, partagé ! Il s’est nourri de tellement de choses que ça encourage car c’est un milieu dans lequel il n’est pas évident de se faire entendre.


Coralie Balmy (en haut), Nicolas Hulot (en bas, à gauche) réunis sur le Pen Duick VI de Marie Tabarly (en bas, à droite) lors de l’expédition Elemen’ Terre aux Açores. Extrait de « 20h30 le samedi » : «  L’odyssée de Marie Tabarly » (France 2) / Nicolas Hulot et Marie Tabarly, photo Paris-Match)


Ça fait du bien un soutien de cette envergure car le milieu de l’Environnement est plutôt masculin, non ?

Oui c’est vrai, je n’avais pas remarqué. C’est aussi un milieu complexe et relativement petit. Il m’a félicité pour mes associations et m’a dit que je pouvais l’appeler quand je le voulais !


Avant le confinement, ton quotidien était comment ?

Mon quotidien c’était de planifier la saison d’été pour l’association Be Green Ocean.

Voir dans quelles municipalités on pouvait intervenir, quelles actions de sensibilisation on pouvait faire et programmer aussi des événements avec les ambassadeurs qui soutiennent l’association. Comme Lenaïg Corson (ndlr : joueuse internationale française de rugby), qui veut organiser une mission de nettoyage à Paris comme elle est basée dans la capitale, Olivia Piana (ndlr : championne du monde stand-up paddle), avec qui on réfléchit à organiser une petite course de ramassage de déchets de stand up paddle en Méditerranée... Il y a beaucoup de nanas et moins de mecs en fait (rires) ! On a envie aussi de soutenir des athlètes qui sont sensibilisés à l'environnement ou veulent agir sans savoir comment faire et on leur donne des outils comme avec le navigateur Achille Nebout qui va faire la solitaire du Figaro (ndlr : solitaire du Figaro le 2 juin prochain). On va optimiser par exemple sa consommation à bord, en étant plus raisonnable même en mer.



Quelques membres des sportifs engagés auprès de Be Green Ocean (de gauche à droite, en partant du haut) : Achille Nebout, Lenaïg Corson, Olivia Piana, Gévrise Emane, Léo Delgado, Margaux Le Bian, Elodie Lorandi, Clarisse Le Bihan et Esther Baron


Depuis le confinement, quel est ton

quotidien ?

Le matin c’est surtout des rendez-vous téléphoniques avec la métropole puisqu’il y a 6 heures de décalage et je travaille sur plusieurs choses. Je fais aussi beaucoup de sport, je regarde des docs, des reportages et des rapports environnementaux. Je viens juste de terminer de lire tous les rapports de WWF !


A propos de cette crise sanitaire, tu trouves que les Drom-Com ne sont pas suffisamment évoqués aux JT nationaux ?

Même si l’on sait que les Drom-Com passent presque toujours souvent en second plan, concernant cette crise, non ça ne m’a pas choqué. À la maison, on regarde les informations locales puis juste après les informations nationales chaque soir donc cela me semble assez équilibré.


Tu pratiques quels types de sports ?

Le matin, je fais trois quart d’heures de renforcement : abdo, gainage, squats et fentes. Puis, l’après-midi, on marche une heure avec ma mère et le soir, je fais une demi-heure heure de corde à sauter. Même si on mange pas mal de gâteau, j’ai quand même perdu 2 Kilos (rires) !


Vous applaudissez le soir ?

Pas en campagne, nous sommes à 15mn de Fort de France. Peut-etre en ville.


Les martiniquais respectent bien le confinement ?

Oui, ils le respectent. Et puis notre avantage c’est que comme l’aéroport a été vite fermé, l’épidémie a été rapidement maitrisée. Personne autour de moi n’est touchée.


Le premier truc que tu feras quand le confinement sera levé ?

Je vais d’abord aller en mer, voir les tortues de mer, plonger et après je rentrerai à Montpellier !


Tes projets à venir ?

Finaliser la mallette pour les enfants et adapter les initiatives avec « Be Green Ocean » même si la saison sera compliquée notamment avec les rassemblements et nettoyage de plage. C’est un peu flou mais il y a quand même des événements actés comme la solitaire du Figaro avec notre ambassadeur Achille. Et puis aussi, en septembre, je reprends mes études ! Je vais passer un diplôme d’EPHE (École Pratique des Hautes Études) en recherche marine sur deux ans. Je vais continuer d’apprendre et faire mon étude sur les tortues de mer. Et comme il faut que je participe à une mission scientifique, j’ai écrit à un chercheur du CNRS qui travaille en Martinique. Il m’a tout de suite répondu « oui, avec plaisir, je t’accueille ! J’ai vu que tu as bossé pour le Cestmed et que tu as été aussi en Polynésie » (ndlr : en 2016, juste après avoir arrêté la natation, Coralie fraîchement diplômée soigneur animalier, a passé un an au sein du centre de soin de tortues au Grau-du-Roi, via l’association Cestmed puis en Polynésie où elle a participé à une étude scientifique sur les tortues de mer auprès de l’association TE MANA O TE MOANA). Finalement, ces expériences passées m’ont permises de m’intégrer aussi dans ce milieu-là !


Coralie en haut à gauche à Tetiaroa avec l'association TE MANA O TE MOANA, et à droite au Grau-du-Roi avec l'association le CestMed.


Ton « Secret » pour supporter«  le confinement ?

Le secret c’est de de ne pas voir ce que l’on n’a pas mais de voir ce qu’on peut avoir... Et d’en profiter pour faire autre chose.


Merci à Coralie Balmy.

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