top of page
Rechercher
  • barbaradelaroche

L’interview post-confinée / Jean-Claude Dreyfus : « J’aimerais jouer une bonne comédie »

Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent comment ils reprennent leur vie professionnelle, à l’heure du déconfinement. « L’après-confinement, c’est comment ?


(Photo Olivier Denis).


Aujourd’hui : Jean-Claude DREYFUS, comédien, chanteur, écrivain.

Présentez-vous en quelques mots professionnellement ?

Je m’appelle Edwige Feuillère, j’ai fait beaucoup de cinéma et de théâtre et je suis morte il y a quelques années... (rires). Plus « sérieusement », je suis un « j’acteur » comme j’aime à le dire, depuis toujours (ndlr : Jean-Claude Dreyfus a fait ses débuts dans le spectacle à l'âge de 15 ans, en se produisant comme illusionniste dans des hôtels ou des cabarets. Il suit plus tard les cours de comédie de Tania Balachova. Durant les années 1970, il se fait connaître en se produisant en travesti dans le cabaret du 8ème arrondissement à Paris, « La Grande Eugène »).


Dans les année 70, « La grande Eugène », rue de Marignan, est un cabaret de spectacle de transformistes. Jean-Claude Dreyfus s’y produit (photos Guy Gallice & de Claude Guillaumin).

Pendant longtemps vous ne vouliez pas dire votre âge et maintenant vous l’assumez ?

Oui, pendant des année je trichais sur mon âge ! Mais aujourd’hui tout le monde connaît ma date de naissance et depuis que j’ai un certain âge, je ne le cache plus puisque je ne fais pas mon âge ! Mon amie Virginie Lemoine que j’ai eue encore tout à l’heure au téléphone me l’a encore dit ! Je suis né le 18 février 1946, j’ai 74 ans mais je n’ai pas une voix de vieux même si je peux vous la faire ! (Il s’exécute en effet et l’imite à merveille !).

Où étiez-vous confiné ?

Chez nous, dans l’Aude avec mon compagnon Nico (ndlr : Nicolas Ehretsmann) et nos chiens, Oliver et Anita. Juste avant le « confinage », le 12 mars, nous étions à Paris où j’en profite pour faire mes rendez-vous professionnels. Nous allions partir de Paris avec Nico et les chiens dans notre beau camion qui est un camping-car pour Montpellier où je devais tourner un très joli court-métrage d’une jeune réalisatrice.

Je jouais un vieux grincheux qui chantait et j’avais une histoire d’amour avec une belle femme d’un certain âge que j’embrassais d’ailleurs à la fin, dans un ascenseur. Ça se passait dans une maison de retraite ! Alors imaginez, on nous a appelé pour tout annuler puisque c’était le confinage. Donc retour à la maison, chez nous dans l’Aude, où nous habitons depuis plus de 17 ans, entouré d’un beau jardin, y’a pire comme confinage...

« Confinage »... vous voulez dire plutôt confinement ?

Non, moi je dis confinage ! D’ailleurs moi je confine toute l’année ! Je ne dis non pas aux projets, et je dis même très souvent « oui » à de nombreuses choses mais avec le temps j’apprends à dire « non » et le confinage m’a tout à fait arrangé !

Mais vous n’étiez pas « embêté » de ne plus tourner ?

Oh non, parce que je sais que ce n’est que reporté. Pour moi, le confinage c’est la liberté ! Vous savez, parfois j’ai des rdv qui s’annulent dans la journée et je suis très content ! Comme cela je suis peinard et libre. Et là, je me suis dit « youpi » on rentre à la maison. On est arrivés chez nous, dans l’Aude à côté de Narbonne, dans le Minervois là où il y a du bon pinard !


« La cuvée » de Jean-Claude Dreyfus, cultivée sur le domaine de Philippe Sicard (photo), spécialisé dans la production de vin du Minervois près de l’Hérault.


D’ailleurs, vous avez votre propre cuvée : un rosé et un rouge ?

Absolument il y a le rosé qui est plutôt clair et qui s’appelle « La rosée cochonne » et un rouge, « « Le Pinard c'est pas du Cochon c'est de l'Art »qui sont délicieux et cultivés sur le domaine Philippe Sicard. C’est un vigneron formidable, il fait tout à la main et à l’ancienne. (https://www.ledomainesicard.fr)

Vous avez eu « peur » ?

Non, je n’ai pas eu peur. Si je dois mourir, je dois mourir mais j’ai fait attention. Je suis une personne à risque vue mon âge, quelques fragilités pulmonaires et cardiaques que je soigne. J’ai des médicaments maintenant comme les vieux qui commencent à être vieux mais tout va bien ! Donc je ne suis pas sorti sauf pour aller à la Pharmacie renouveler mes médicaments et Nicolas sortait faire les courses en respectant tous les gestes barrières. Ce qui était effrayant c’est que la vie s’est arrêtée du jour au lendemain. C’est quand même absurde tout ça ! Moi ça m’a foutu les jetons ! Il n’y avait plus rien... comme un truc à la Kafka !

Vous sortiez un peu ?

Non, pas une fois. J’ai 74 ans, je suis ce que l’on appelle « obésité morbide ». J’aime bien le mot « morbidité ».

Vraiment ?

Oui, c’est rigolo tellement c’est horrible dans la bouche des gens ! Je suis quelqu’un qui a du poids et qui doit en perdre mais concernant le mot « obésité », si moi j’ai le droit de le dire, pas les autres.

Que faites-vous chez vous, dans le sud ?

Parfois, ça m’arrive de ne rien faire du tout ! Dans mon jardin j’ai un super beau banc en pierres blanches qui est disposé exactement dans l’angle que j’aime, comme je l’ai voulu puisque je me suis occupé de la déco, la seule chose que je sache faire dans une maison. Je m’assois et j’écoute de la musique avec mon portable dans la poche qui a un super bon son ! Les chiens viennent me voir. Et personne ne bouge. Je ne vous dirai pas qu’on médite. Mais parfois je m’endors, je regarde le paysage, le lointain, les vignes et ça me suffit !

Ça vous suffit réellement ?

Il y a des moments où l’on est content de ne rien faire. Sinon je n’arrête pas de faire

des tas de choses !

Parlez-nous-en justement ?

J’ai lu des pièces, des projets dont un avec le musicien Philippe Delettrez qui viendra chez nous dès qu’on pourra bouger un peu à

plus de 100km. On a travaillés ensemble il y a une trentaine d’années, puis on a pris des chemins un peu différents et depuis deux ans on s’est retrouvés. Il m’a écrit l’été dernier 14 chansons magnifiques, paroles et musiques, qui racontent des choses d’aujourd’hui. Ce sont des chansons poétiques.

Comment définiriez-vous votre voix ?

Une voix qui n’est pas très grave. J’ai plutôt des facilités à monter, une voix de tête... une voix glamour, de séducteur !


(À gauche) William Sheller, Mika, Philippe Delettrez. (Au centre) Nicolas Ehretsmann. (À droite) Veronique Sanson, Stromae et Jean-Jacques Goldman.


Qu’est-ce que vous aimez écouter comme musique ?

En ce moment j’écoute beaucoup le nouvel album de Nico (ndlr : Nicolas Ehretsmann), « Story of a Ghost ». C’est magnifique ! L’album sortira d’abord le 30 mai sur toutes les meilleures plateformes internet puis officiellement en automne. Il fera a cette occasion un direct live sur Facebook le 30 mai avec 4 morceaux et c’est moi qui filmerai ! Il a déjà tourné le clip avec Marc Dessup (https://m.youtube.com/watch?v=o01k8mzpr2E ) avec qui j’avais fait un court-métrage il y a quelques années et qui est dans notre coin. J’écoute également les chansons de Philippe Delettrez que je suis en train de travailler mais ça ne sortira pas avant 2021, on n’est pas pressés, je suis jeune encore ! J’aime bien aussi Jean-Jacques Goldman, j’ai acheté tous ses albums, William Sheller, Véronique Sanson et plus récemment Stromae, Mika que j’ai dans mon téléphone. J’écoute rarement un album en entier à part celui de Nico bien sûr (rires).

Et le jour du déconfinement, vous êtes un peu sorti « prendre l’air » ?

Nous n’avons n’a pas été comme beaucoup au bord du Canal de « t’as de beaux yeux, tu sais ! » (ndlr : en référence au film de Marcel Carné, « Hôtel du Nord », situé le long du Canal Saint-Martin ). Non. On est restés chez nous et on a juste reçu une amie qui nous est chère et qui était toute seule depuis des semaines et qui respectait le confinage comme nous ! Elle est venue dîner à la maison, on a fait attention, on ne s’est pas embrassés, on ne s’est pas postillonnés dessus et ça lui a fait plaisir ! Et depuis le déconfinage, on va chercher des plats à côté de la maison, à la « La grillade du château » et chez « ASAP Restaurant », pour soutenir les restaurateurs du coin et de la région.

Vous avez découvert, pendant cette période à part, des programmes inattendus à la télé ?

Oui, même si je regarde beaucoup la 5 (« C’est dans l’air », « C’est à vous »), j’ai découvert « Le burger quizz » (ndlr : présenté par Alain Chabat sur TMC). On adore ! On a bien aimé aussi « L’amour est dans le pré » (M6), « Cauchemar en cuisine » (M6) avec Philippe Etchebest et Hanouna (C8). Avant, je ne l’aimais pas. Et puis, le confinage a fait que je l’ai trouvé rigolo. Dans son émission d’hier, comme ils n’avaient pas le droit d’avoir du public, il a mis un mec tout seul dans le fauteuil ! Il est parfois agaçant mais il me fait rire. Mais je ne me suis pas non plus vautré devant la télé à regarder tous les de Funès !

Vous n’aimez pas les films avec Louis De Funès ?

Non, ce n’est pas ça mais en plein confinage, on nous met des films qui datent de mathusalem ! Les chaînes auraient pu nous mettre des films plus récents !


Parmi une filmographie intense et riche, «Bonsoir » de Jean-Pierre Mocky,

« Allons z’enfants » d´Yves Boisset, «Tandem » de Patrice Leconte, de publicités pour « Marie » et de nombreux courts-métrages (à droite, «La porte » de Renan Delaroche et « Le réveil » de Marc-Henri Wajnberg), Jean-Claude Dreyfus est un acteur polymorphe.


Dans votre carrière, quelles sont les

personnalités qui ont une importance ou une place à part ?

Il y en a pleins ! Comme mon ami Yves Boisset avec qui j’ai fait cinq films. Quand je dis « mon ami » c’est que c’est une personne que j’aime beaucoup, pas comme sur Facebook (rires) ! Il y a aussi Jean-Pierre Mocky avec qui j’ai fait trois films, Patrice Leconte que j’aime beaucoup, avec qui j’ai fait Ma pub pendant des années (ndlr : En 1986, Jean-Claude Dreyfus, alias Monsieur Marie fait irruption sur les écrans pour vanter les mérites des plats préparés : « Ce n'est pas parce que c'est déjà fait qu'il ne faut rien faire ». Les premiers spots sont réalisés par Patrice Leconte) et qui m’a mis en scène par la suite (ndlr : « Ornifle » de Jean Anouilh).


Votre plus beau rôle ?

Tous les rôles que j’ai joués et acceptés comme dans les histoires d’amour, c’est toujours le premier et le dernier. Mais j’avoue que dans les dernières année, ça a été « L’hygiène de l’assassin », d’après le livre d’Amélie Nothomb et mis en scène par Didier Long, qui a été un rôle magnifique ! Il y a aussi la jolie pièce que j’ai jouée dernièrement « Le chant des oliviers ». C’était une « petite » pièce mais je me la suis accaparée et elle est devenue une grande pièce de Maryline Bal mise en scène par Anne Bouvier ! Soyons modeste (sourire). J’ai également des beaux souvenirs de théâtre comme « Le malade imaginaire » (ndlr : mis en scène par François Bourcier où Jean-Claude Dreyfus campait le rôle d’Argan), mes tours de chants ou mes spectacles sur Cocteau et « D’hommages sans interdit(s)» (ndlr : One man show où l’acteur rend hommage à Raymond Devos).

Vous qui avez incarné plus d’une centaine de personnages, est-ce qu’il y a un genre dans lequel vous aimeriez jouer aujourd’hui à 74 ans ?

J’ai différents projets théâtre : une pièce qui m’intéresse, un monologue également magnifique. J’ai aussi ce projet de tour de chants. J’ai des projets de cinéma mais qui sont tous avortés avec ce qui se passe en ce moment. Et oui, j’aimerais bien faire une bonne comédie rentable !


Au cinéma, au théâtre... les deux ?

Au cinéma, je supporterai et oui, au théâtre ! Mais il faut que ce soit de qualité et rentable. Il y des comédies de Boulevards parfois formidables et très intéressantes comme monte Jean-Luc Moreau. Je le lui ai déjà dit d’ailleurs « tu me trouves une comédie et je viens » mais souvent il garde le meilleur rôle pour lui (rires). Il y avait ainsi une pièce « Chat et souris », adaptée et mise en scène par Jean-Luc Moreau, où j’ai beaucoup ri. Il n’y avait aucune honte à rire car c’était tellement habile et intéressant. Alors une pièce comme ça, oui, j’aimerais beaucoup !



Vous nous avez parlé tout à l’heure de Virginie Lemoine, vous avez des projets ensemble ?

Oui. Pour soutenir le théâtre de la Huchette qui est mis à mal comme d’autres suite aux fermetures durant le confinement, Virginie Lemoine a eu l’idée des « Lundis carte blanche ». Chaque lundi, une personnalité viendra sur scène. Virginie fera le 23 novembre prochain une présentation officielle de ce beau projet et j’inaugurerai le premier « lundi carte blanche », le 30 novembre, en lisant « L’Inondation » d’Émile Zola avec Nicolas qui m’accompagnera.


Un immense Merci à Jean-Claude Dreyfus.

105 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Maminute.com / « POM POM…PIDOU ! »

Soyons clairs ! Il était un politique moderne et un président de la République singulier (20 juin 1969 au 2 avril 1974 ). Cinquante ans après son mandat, on se souvient particulièrement de lui ! Mais

Post: Blog2_Post
bottom of page