L’interview DayByDay / Stéfi Celma : « Jouer et chanter, je trouve les deux très complémentaires ! »
- barbaradelaroche
- 11 janv. 2021
- 7 min de lecture
Journaliste, acteur, animateur(trice), écrivain, directeur(trice) marketing, sportif(ve), responsable communication, avocat(e), maquilleur(se)... retrouvez chaque jour des personnalités aux jobs et aux profils variés qui vous racontent leurs nouveaux quotidiens depuis le déconfinement. Retrouvez aujourd’hui un témoignage inédit.
Aujourd’hui : Stéfi CELMA, comédienne, chanteuse-compositrice.

« Maison de terre » composé et interprété par Stéfi Celma, aux influences de bossa nova. Un titre intense et volubile, à l’image de son clip tourné au Portugal et réalisé par Ruben Alves.
Révélée à la télé dans la série-culte aux quatre saisons « Dix pour cent » (France 2), dans le rôle de Sofia Leprince. Diffusée pour la première fois le 15 octobre 2015, la série à succès a été créée par Dominique Besnehard et Fanny Herrero.
Le 6 novembre dernier est sorti son premier single sur toutes les plates-formes de streaming : « Maison de terre », chez Moyo Productions.

Présente-toi en quelques mots ?
Stéfi Celma : Stefi Celma 34 ans, d’origine martiniquaise. Je suis comédienne, chanteuse compositrice.
Reviens pour nous en quelques mots sur le très envoûtant « Maison de terre » sorti le
6 novembre dernier où, pour la première fois, l’on a découvert le son de ta voix suave ?
« Maison de terre » est en effet mon premier single. J’ai choisi à ce titre de le produire en indépendant total (ndlr : Mayo Productions). C´est un morceau que j’ai co-composé avec Imani Assumani, sur lequel j’ai joué la majeure partie des instruments et dont le texte a été écrit par une jeune auteure avec qui je travaille au sein de mon label, Camille Yembe. C’est un titre un brin en dehors des formats et qui en dit un peu sur les influences qui me touchent, comme la chanson française et les musiques aux influences solaires.

Tu as créé ton label indépendant Moyo précisément pour sortir ce titre. Quel a été ton objectif d´emblée : la liberté artistique ?
Lorsqu’on aborde la musique en étant comédienne, je pense qu’il est important de se montrer sincère et honnête. « Maison de terre » n’a pas été composée avec l’objectif de séduire
les médias, mais bien de proposer humblement une approche musicale et des intentions libres. J’ai choisi des références et des sonorités qui ne
s’inscrivent pas nécessairement dans les courants de la tendance. J’aime aller chercher des références dans diverses époques. Le label vise à
développer et à soutenir des projets qualitatifs qui ne sont pas obligatoirement orientés vers le commercial. L’important pour nous c’est de
pouvoir à terme offrir un accompagnement à des artistes dont la musique ne s’inscrit pas toujours dans les codes de ce qui serait qualifié de moderne. C’est important pour nous d’essayer de faire en sorte que chaque artiste
puisse travailler à sa singularité, quitte à ne pas nécessairement plaire au plus grand nombre. L’objectif est d’essayer de tendre au maximum vers l’authenticité.
Comment as-tu reçu les paroles de Camille Yembé, artiste belgo-congolaise ?
Dans mon label Moyo, on aime bosser en team. Je travaille en étroite collaboration avec Camille Yembe notamment sur son projet. Et chacun participe ou contribue à construire le projet des uns et des autres. Ainsi, son écriture très imagée, écrite de la main d’une femme m´a touchée. J’aime la façon dont elle mélange poésie, ironie et détachement...

Jusqu’alors comédienne, comment le public a-t-il accueilli cette nouvelle facette de toi, à savoir Stéfi musicienne ?
Les publics ne sont pas les mêmes. C’est comme lorsque l’on va voir un film, on va voir une histoire, un scénario qui nous parle. Et quand on écoute une chanson, ce sont encore d’autres sens qui sont en éveil. Ainsi, j’ai reçu des messages de personnes venant de tout type d’horizon. La musique a une portée différente. Mais je trouve les deux complémentaires.
Pas trop dur une sortie de disque en plein deuxième confinement ? Comment
s’est passée la « promo » à ton goût ?
Bien que je sois en indépendante, j’ai autour de moi une équipe de personnes très qualifiées pour la promo ! Et donc je suis heureuse d’avoir offert à mon premier single un beau rayonnement. Le fait d’être en indépendante ne signifie pas nécessairement ne pas avoir accès à des médias.
Tu as joué sur ton premier single de tous les instruments (sauf de la basse assurée par Daniel Romeo) : lesquels précisément ?
Oui, j’ai joué de la guitare et des synthés qui sont l’essentiel du titre, composé de façon assez dépouillé. Je voulais un titre aéré parce que j’avais envie d’être un peu à nue, et de laisser la place au texte et à l’intention. Je ne souhaitais pas me cacher derrière une grosse prod’ (ndlr : production) pour ma première prise de paroles en musique.

Stéfi Celma durant le tournage du clip « Maison de Terre » à Lisbonne, réalisé par Ruben Alves (en bas, à droite).
Parle-nous du clip « Maison de terre » tourné par le réalisateur de « Miss », Ruben Alves. Pourquoi lui ? Finalement musique et cinéma, l’un ne va pas sans l’autre dans ton univers ?
« Maison de terre » a été tourné à Lisbonne avec Ruben que j’ai rencontré lors du tournage de son film Miss, où il m’a confié un rôle. J’ai aimé sa
direction d’acteur, sa sensibilité, et dans la pudeur dans laquelle je me trouvais pour mon titre, j’avais besoin d’un regard doux et solaire comme celui de Ruben Alves qui est portugais. J’étais aussi en quête de dialogue et surtout d’une personnalité qui tout comme moi n’avait pas comme priorité d’axer son artistique sur de la stratégie mais bien sur le partage.
Ton prochain titre... c’est déjà d’actualité ?
Oui, je suis actuellement en studio. J’aime les évidences. Je compose, j’écris tout en ayant été attentive au retour que j’ai eue sur ma première prise de paroles en musique. J’ai reçu beaucoup d’amour et j’ai envie de donner le meilleur de moi-même donc je prends mon temps ! On ne devrait pas tarder à entendre d’autres choses malgré tout.

(De gauche à droite, en haut) L’album « The living road » de Lhasa dont est extrait « La marée haute », Skeletun de Tekno. (En bas) Maurane et Gaël Faure.
Pour attaquer la nouvelle année, un « quizz musical »... La chanson que tu mets souvent le matin ?
En ce moment « Siffler » de Gaël faure.
La chanson que tu écoutes sans problème en boucle ?
Je passe de Gaël Faure « Siffler » à BXL ZOO
de Hamza et Damso. Aussi bizarre que cela puisse
paraître, je retrouve chez ces artistes, diamétralement opposés, le même type de
lâcher prise. Un rapport très maîtrisé à leur art. Et surtout, je perçois une grande liberté dans la manière dont leurs chansons sont faites. Et ça me plaît !
« LA » chanson que tu nous conseilles ?
« La marée haute » de Lhasa de Sela.
Ton dernier choc musical ?
Lhasa de Sela que j’écoute en boucle. Cette
femme arrive à mêler de la grande technique tout en laissant planer une sensation de simplicité, ce qui est le plus dur à faire... C’est d’ailleurs mon artiste favori. Cette femme malheureusement n’est plus de ce monde mais a laissé une empreinte, une charge émotionnelle et une générosité intemporelle dans son œuvre. Je souhaite d’ailleurs à toute les interprètes de pouvoir se rapprocher ne serait-ce qu’un peu de cet immense talent. Étrangement aussi connue que méconnue.
La chanson qui te donne la pêche ?
Skeletun de Tekno un artiste nigérian. Cette scène artistique qui émerge depuis un moment en Afrique a fait éclore des compositeurs et des interprètes absolument géniaux.
L’artiste avec qui tu rêverais de chanter en duo ou d’écrire une mélodie ?
J’aurais bien voulu composer une mélodie avec Maurane et lui faire des chœurs (lol).

On sait l’amitié qui te lie avec l’artiste Julien doré (ndlr : qui a notamment joué son propre rôle dans la saison 2 de « Dix pour Cent »). Tu lui as envoyé ton single ?
Oui, je lui ai fait écouter mon titre avant sa sortie et il m’a fait un retour encourageant. J’ai énormément de sympathie pour Julien doré qui est un homme très généreux et toujours de très bons conseils en musique. Julien doré reste à mes yeux un artiste incontournable de notre génération qui arrive toujours à se dépasser...Et puis surtout, ses albums tout comme son image sont travaillés de
façon exemplaire. C’est un vrai bosseur.
Côté écran, on te revoit bientôt à la télé ? Au cinéma ? Tu tournes en ce moment ?
Oui, j’ai la chance de faire partie de ceux dont les projets ne se sont pas arrêtés net à cause de la situation actuelle. Je suis en ce moment sur pas mal de projets mais je ne peux pas en dire plus. Alors j’en profite et mesure vraiment ma chance.

Concernant « Dix pour cent », tu dirais que c’est la série qui t’a permise... quoi ?
C’est la série qui m’a permise d’avoir confiance en moi. Et qui m’a permise aussi d’apprendre aux côtés d’artistes tous brillants ! J’ai pu les observer pendant 5 ans. J’ai pu me remettre en question, j’ai pu « m’essayer ». Donc « Dix pour cent » m’a permis en quelque sorte d’avoir un véritable champ d’expression et de visibilité... cette série a tout simplement changé une grande partie de
la façon dont j’aborde mon métier désormais !
À l’heure de ce début d’année plutôt sous embargo, tes rêves pour 2021 ?
J’ai des petits rêves, comme celui de finir ma maison dans laquelle je me sens super bien ! Je suis beaucoup en mouvement et à chaque fois que je rentre chez moi je suis contente de retrouver mes petits repères. Je suis
très famille et bien sûr j’ai envie de m’épanouir aussi dans ces petites choses de la vie qui rendent heureuse en étant avec les siens tout en profitant des moments simples.
Un grand merci à Stéfi Celma.
Merci à Karolyne Leibovici pour son aide précieuse.
Lien du clip « Maison de Terre »réalisé par Ruben Alves https://youtu.be/FplWu1AG8PQ
Crédits images : clip « Maison de terre » de Ruben Alves, Eye_Shoot8stuff, extraits de Dix pour cent sur F2, site France Télévisions, mobile.france.tv, Fnac.
J’ai un vrai coup de cœur pour Stéfi Celma. Je ressens sa sincérité.