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  • barbaradelaroche

Médias / « Hélène Gordon-Lazareff & Pierre Lazareff : Un couple mythique de la presse française »

Dernière mise à jour : 29 mars 2020

Voilà ce que vous pourriez lire ou même plonger dans la lecture si vous aimez les grands destins : « Les dimanches de Louveciennes chez Hélène et Pierre Lazareff ».

Cette biographie due à Sophie Delassein (1) retrace l’aventure du couple mythique de la presse française... du Paris Soir d'avant-guerre au France-Soir de la Libération à son apogée sans oublier Elle, création d'Hélène Gordon Lazareff.

Qu'on ne se méprenne pas. Malgré son titre évocateur, Louveciennes n'est pas le lieu central de cette saga, un seul chapitre (sur les 23) évoque les déjeuners du dimanche à Louveciennes (« La Grille Royale après la messe »). c'est ce que reproche d’ailleurs gentiment à l'auteur, Michèle Rosier, la fille d'Hélène Gordon « C'est réduire à des déjeuners dominicaux deux personnages qui ont passé leur vie à bosser ! ».

Pour ceux qui ont lu la biographie solide d'Yves Courrières (2) ou encore les ouvrages d’anciens collaborateurs de France-Soir ou d’Elle, le présent livre n’apprendra pas de choses bien nouvelles. Il est toutefois agréable à lire et aborde la vie du couple sous le prisme de leurs relations souvent tumultueuses. L’auteur a bénéficié de quelques témoignages touchants notamment celui de Mag Bodard, femme du journaliste puis romancier de grand talent, Lucien Bodard, et également maîtresse de Pierre Lazareff.

Le décor

Nous avons déjà présenté le domaine de la Grille Royale avec son imposante bâtisse de style normand et son parc de sept hectares plantés de chênes, de saules, de cèdres.

Dans une lettre écrite à Mag Bodard (3), Pierre donne ses premières impressions des lieux : « Voici ma première lettre de Louveciennes, cette maison que « tu ne sens pas », mais où tu es déjà si présente et qui était tout à l’heure toute bruissante de toi. (…) J’y suis venu coucher la première fois hier soir. (…) On avait hâte d’aménager quelques pièces dans les plâtras. Ma chambre et mon dressing-room étaient presque en état avec la plupart de mes figurines sur les étagères. Il y fait bien chaud et la vue sur le parc est merveilleuse. Il n’y a que cela de terminé avec – à peu près – la salle à manger du bas. Hélène campe dans une chambre hâtivement préparée. (…) J’ai adoré les arbres dans leur pâle lumière d’hiver, le tapis de feuilles mortes miroitantes sous la pluie fine. J’ai apprécié le silence. »

Les invités

Sophie Delassein énumère une longue liste des invités. Elle distingue les habitués qui n’attendent pas leur carton d’invitation pour venir et parmi lesquels on trouve Marcel Bleustein-Blanchet, Roger Stéphane, François Mitterrand ; il y les autres, innombrables, qui appartiennent au monde politique (Georges Pompidou, Jacques Chaban-Delmas, Marie-France Garraud), au barreau (Maître René Floriot, Robert Badinter), à la littérature (André Malraux, Françoise Sagan, Jules Roy), au cinéma (Brigitte Bardot, Jeanne Moreau, Simone Signoret, François Arnoult, Marlène Dietrich, Anatole Litvak), à la chanson (Juliette Gréco, Yves Montand, Line Renaud), à la peinture (Bernard Buffet), à la médecine (les professeurs Binet et Hamburger), au journalisme (Françoise Giroud, Pierre Salinger). Parmi les personnalités étrangères, on se souvient de la venue historique de Maria Callas et d’Aristote Onassis, de Marlon Brandon, d’Henry Kissinger. « On dit que Martin Luther King y séjournait trois jours avant son assassinat. » (p. 232).

« La liste des convives est définie au terme d’un long tête-à-tête entre Hélène et Pierre. Sa magie : un savant mélange des genres où les hommes politiques côtoient les étoiles de cinéma et où des hommes de science conversent avec de grands couturiers (…). Ils seront environ dix mille à se vanter d’y avoir participé, une fois au moins. » (p. 227/228)

Parmi les rares refus, on citera le général de Gaulle qui entretenait des rapports distants avec Pierre Lazareff en dépit du ralliement de ce dernier au fondateur de la Vème République et du soutien affirmé de France-Soir à sa politique.

Le cérémonial

« Les convives, une vingtaine, font d’abord connaissance lors d’un apéritif dans le salon dont les fenêtres donnent sur le parc. Il est meublé d’une table basse, d’un vaste sofa, de fauteuils. Sur les murs, des toiles de maîtres. Ici trône une sculpture de Giacometti. Juste à côté se situe la bibliothèque avec ses nombreux postes de télévision. Ensuite, tout le monde trouve sa place réservée autour de la table ovale recouverte d’une nappe d’organdi brodée. Toutes sortes de zakouskis y sont proposées, la vodka est servie frappée. Hélène et Pierre s’asseyent invariablement face à face pour animer le déjeuner. » (p. 230/231)).

« Pierre distribuait la conversation, la relançait, tapotait de la main sur la table, s’occupait de tout, veillait à ce que chacun puisse s’exprimer » rapporte Robert Soulé (4). « Quand à Hélène, volubile et souriante, elle considère qu’une bonne maîtresse de maison ne doit en aucun cas s’affairer, mais paraître très détendue au contraire afin que ses hôtes le soient également. » (pp 231). « Quand la conversation tombe dans la gravité, Hélène prétexte une migraine épouvantable pour disparaître sous l’œil réprobateur de son mari. » (p. 231).

« Vers 15 heures, on repasse au salon où le café est servi, puis à 17 heures autour d’un thé après une promenade dans le parc pour les uns ou une partie de poker menteur pour les autres.17 heures, c’est aussi le moment où le tailleur et le chapeau de Coco Channel font leur apparition sur la pelouse. Elle n’assiste jamais au repas, préfère déjeuner chez elle rue Cambon. La créatrice vient juste s’entretenir avec Hélène de tout, de rien, des dernières tendances surtout. (…)

« Le feu brûle dans la cheminée, la fin de la journée approche. De retour sur le perron, Pierre dit au revoir à ses amis. Le ballet de voitures et d’hélicoptères reprend.» (p. 231)

Les dernières années tragiques d'Hélène

Après la mort de Pierre Lazareff en avril 1972, l’état de santé d’Hélène, atteinte de la maladie d’Alzheimer, se détériore. « La Grille Royale se délabre, son loyer est exorbitant, son intérieur trop vaste – et tellement triste - pour un femme seule qui n’a plus toute sa tête. Même le point d’eau où flottaient jadis les cygnes s’est transformé en un bassin de boue. La locataire ne sort presque plus de chez elle et reçoit peu de visites. Il y a quelque part à l’étage un gigolo allongé sur son lit, il a gardé ses bottes. Paul C. abuse de la distraction maladive de celle qu’il prétend aimer pour lui soutirer de l’argent sous le regard scandalisé du personnel de maison. » (p. 324/325).

Deux ans après la mort de Pierre, Hélène Gordon Lazareff va quitter Louveciennes pour une propriété au Lavandou, avec vue sur mer. « La Grille Royale est vidée de ses meubles, tableaux, bibelots qui seront dispersés aux enchères publiques. » (p. 330).

Elle meurt le 16 février 1988 et sera enterrée au côté de son mari au cimetière du Père-Lachaise.*


REFERENCES

(1) Les extraits cités appartiennent à l’ouvrage de Sophie Delassein « Les dimanches de Louveciennes chez Hélène et Pierre Lazareff », Grasset - 2009

L’auteur est journaliste au Nouvel Observateur et a par ailleurs publié plusieurs biographies : « Rappelle-toi Barbara » (L’Archipel, 1998), « Aimez vous Sagan » (Fayard 2001), « Gala pour Dali » (Jean-Claude Lattès, 2006).

(2) Yves Courrière

« Pierre Lazareff ou le vagabond de l'actualité »

Paris, Gallimard, NRF biographies - 1995

(3) Extraits d’une lettre confiée par Mag Bodard à Sophie Delassein

(4) Robert Soulé

« Lazareff et ses hommes », Paris, Grasset - 1992



*Sources article : Elle Magazine






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